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Stevie Wonder › Journey Through The Secret Life Of Plants

cd • 20 titres • 88:23 min

  • cd1
  • 1Earth's Creation
  • 2The First Garden
  • 3Voyage To India
  • 4Same Old Story
  • 5Venus' Flytrap And The Bug
  • 6Ai No Sono
  • 7Seasons
  • 8Power Flower
  • 9Send One Your Love (Music)
  • 10Race Babbling
  • cd2
  • 11Send One Your Love
  • 12Outside My Window
  • 13Black Orchid
  • 14Ecclesiastes
  • 15Kesse Ye Lolo De Ye
  • 16Come Back As A Flower
  • 17A Seed's A Star And Tree Medley
  • 18The Secret Life Of Plants
  • 19Tree
  • 20Finale

informations

Enregistré de février à avril 1979 aux 1:A.M. Studios, Irvine, CA; Crystal Recording Studio, Hollywood, CA; Lyon Recording Studio, Newport Beach, CA; Sigma Sound Studios, Philadelphia, PA; Motown Recording Studios, Hollywood, CA; Studio In The Country, Bogalusa, LA

chronique

C'est fou ce que j'ai pu lire comme mauvaises critiques de cette double galette. Le titre lui-même n'a rien de sexy, il faut dire. "La vie secrète des plantes" : la folle odyssée du poireau ? Les tribulations des rhyzomes ? La fantastique poussée de la carotte ? Certes, la décennie qui s'achève aura vu son lot de concept-albums tous plus délirants les uns que les autres, mais tout de même, il y a des limites. Le fait qu'il s'agisse de la bande originale d'un film du même nom ne constitue pas une excuse. Car ce thème, Stevie Wonder le reprend complètement à son compte. Jugez plutôt : "The first garden", "Seasons", "Flower power" (dix ans de retard sur les hippies !), "A seed's a star", etc. Concept fumeux à base de panthéïsme, de Flower Power (donc), de voyage assez clichetonneux à travers les cultures du monde, et de grands sentiments (c'est quand même du Stevie Wonder, hein). Plus encore que sur l'album précédent, Stevie veut recréer un orchestre au complet, et tout un monde, même, avec ses synthétiseurs. Plus que jamais, son langage pop s'inspire des structures de la musique classique : il utilise des intervalles inédits, des leitmotive qui reviennent d'une chanson à l'autre, nous concocte une véritable "ouverture" instrumentale, et même un finale en forme de récapitulation, reprenant tous les thèmes déjà entendus. Une ambition si monumentale, un tel mauvais goût... Emerson, Lake & Palmer ne sont certainement pas loin. Et pourtant, pourtant... ce double album est monstrueux ; et ses ratages sont, dirais-je, tout à son honneur. La solennelle ouverture "Earth's creation", par exemple, a priori abominable tentative de faire du "classique" avec des synthés - et qui finalement préfigure la musique de jeux vidéos type consoles 16 bits - impressionne par ses intervalles répétitifs démoniaques et ses sons parfois distordus ; une parfaite entrée en matière ! Après le chaos résultant du big bang, l'auditeur fait son entrée dans le jardin d'Eden, ce monde d'avant la chute peint à merveille par la douceur des cordes synthétiques (Derrick May, le fondateur de la techno, y recourra aussi avec bonheur, avec ou sans BPM) et par l'harmonica de Stevie, toujours exquis. Il est bien sûr difficile de commenter une BO sans avoir vu le film ; et pourtant celle-ci convoque sans mal ses propres images. La description d'un monde pré-adamique se prolonge dans les méandres enchanteurs d'un "Voyage to India", toujours exclusivement instrumental, scindé en deux parties. Le "voyage autour du monde" se poursuivra avec le Japon et l'Afrique. "Same old story", la première chanson, arrive enfin - elle est tout à fait digne des plus grands moments lyriques du passé (de même que "Send one your love") ; et, comme un clin d'oeil, l'accompagnement est entièrement acoustique cette fois. Il paraît que le film montre que les plantes peuvent servir de détecteurs de mensonges, que les plantes ont une mémoire... preuves scientifiques à l'appui. Mais on s'en fout. Pour Stevie, c'est toujours la même bonne vieille histoire. Les bruits ambiants de cours d'eau, d'animaux, de pépiements d'oiseaux et de guêpes, les conversations charmantes, que l'on entend entre chaque titre, ne changent rien à l'affaire. "Venus flytrap" reprend ce qui sera le thème de "Secret life of plants" (le morceau), comme pour l'annoncer. Les moments kitsch du disque (et il y en a quelques-uns) sont dans leur ensemble si naïfs qu'ils en deviennent délicieux. Un amateur du Yellow Magic Orchestra se régalera sûrement. Ou d'Ennio Morricone. "Flower power" est une ballade psychédélique chantée en falsetto, qui convertirait le plus endurci des amateurs de black metal au pacifisme et à se foutre des fleurs dans les cheveux en embrassant son voisin : le Rhodes, l'harmonica, la mélodie qui répand ses senteurs d'amour enivrantes, les choeurs, les roulements de toms, le sussurement de l'antienne "Flower power, power of love"... tout cela fait de ce titre un de ces moments divins, avec un Stevie Wonder au sommet de son génie (le premier qui me cite Laurent Voulzy reçoit mon poing dans la gueule). "Black Orchid", ballade éternelle, est dans la même veine. "Race babbling", long de près de neuf minutes, a pu être perçu comme un mauvais gimmick disco, genre qui faisait fureur à l'époque. Avec ses beats isochrones, ses voix vocodées, et ses échantillons sonores minimalistes, j'y entends davantage l'influence de Kraftwerk ; et je trouve que ce fantastique titre annonce également très bien le travail des pères de la techno, qui viendra, comme c'est étrange, de Detroit, la région de naissance de Stevie. "Outside my window" se retrouve complètement dans la veine fraîche et enchanteresse de "Music of my mind" - et s'avère complétement génial et irrésistible. Et "Come back as a flower" ! Ce titre m'a pour ainsi dire replongé dans l'univers de "Love is all" (l'album) de Roger Glover, dans ses aspects lyriques et forestiers, avec ce chant féminin éthéré. "The secret life of plants' (plus sérieux, voire douloureux), et "Tree", véritables éveils au monde, sont eux aussi dignes de Innervisions. Mais le moment le plus purement jouissif (et bel et bien capté en live, semble-t-il, fait suffisamment rare pour être signalé) reste "A seed's a star", un putain de funk avec basse slappée et choeurs euphoriques, qui explose tout. L'effet produit par le puissant thème de "Tree", intercalé, et par une transition à la guitare acoustique et au synthé, est totalement saisissant. Un coup de génie qui vaut à lui seul l'achat de l'album. "It's not magic, it's not madness / Just the elements I style".

Très bon
      
Publiée le mardi 25 janvier 2011

chronique

  • new age / bo de film / pop

En 79, Stevie Wonder semble un peu perdu, incapable de retrouver le niveau d’inspiration de Songs in the key of life (le contraire aurait relevé de la sorcellerie), et n’ayant jamais voulu se répéter, il décide de se lancer dans un projet un peu étrange, plutôt que de refaire le même album en moins bon… Il se met en tête de faire connaître les idées d’un certain savant hindu, entre science et spiritualité, exposées dans un livre et un film intitulé The Secret Life of Plants. En gros, l’idée que les plantes seraient douées d’une conscience et de sentiments, preuves scientifiques à l’appui. Ceux qui ont toujours épinglé Wonder pour ses textes désarmants de naïveté ne vont pas le louper, mais ils passent comme d’habitude à des kilomètres de l’essentiel… On sent qu'il a de plus en plus envie de dépasser sa condition d’aveugle : le titre est écrit en braille sur la pochette, à l’intérieur il apparaît pour la deuxième fois sans lunettes (après Talking Book), et mime même la chanson titre dans un clip tiré des images du film, les yeux ouverts face à la caméra. Il va surtout composer l'intégralité de "Secret Life..." à partir de descriptions précises qu’on lui a fait du film éponyme, le but étant d’en faire une B.O. La motown sautera sur l’occasion et en fera le nouvel album de l’artiste, ce qui ne semble pas le gêner puisqu’il le considère comme une de ses plus grandes réussites… Pourtant ‘Secret Life’ est un album dispersé, répétitif et beaucoup plus "relâché" niveau qualité que les précédents… Lui qui a tant su tirer le meilleur des sons électroniques analogiques durant les 70’s, il est en 79 le premier artiste à utiliser la technologie numérique sur un album de pop, après Ry Cooder trois mois plus tôt. C’est également le premier à utiliser un synthétiseur numérique, le Computer Music Melodian, sur tous les morceaux du disque… Le résultat est facile à deviner : un son plus clair, mieux dessiné, mais moins chaleureux. Et si aujourd’hui, en terme de définition, on fait largement mieux que Secret Life, on n’a pas encore trouvé mieux que les disques précédents en terme de chaleur… Nous avons donc là un excellent album simple qui s’ignore, c’est même le syndrome ‘double album’ tant décrié dans toute sa splendeur. Et le pire c’est que ‘Secret Life…’ souffre d’un deuxième travers : celui des BO de films dispersées et complaisantes. On a le droit au désormais classique medley final en guise de remplissage (Finale), reprenant tous les thèmes de l’album, à croire que Wonder tenait vraiment à ne pas revenir au format simple après l’ultra-rempli Songs in the key of life. Plus grave : les nombreux instrumentaux, stériles et sans surprise. Si dans le cadre du documentaire (très zen et post-hippie pour l’époque) ils peuvent fonctionner ; en dehors, la question de leur utilité se pose irrémédiablement. La plupart de l’album arbore une instrumentation légère, homogène et minimaliste. Si pour les chansons, cela permet plus de subtilité et une certaine mélancolie, pour les instrumentaux, c’est le mièvre qui prime. La flamboyance et l’envie folle d’explorer toute la palette musicale des albums précédent est absente ici, faisant perdre du lustre à ce Secret Life, excepté pour les expérimentations Venus & the flytrap et Race Babbling, morceaux proto-electro totalement avant gardistes où le style Wonder est méconnaissable, surtout Race Babbling, qui aurait pu sortir récemment et passer pour une perle de post-wave disco esthétisante. Quoi qu’il en soit, l’ambition a été revue à la baisse (musicalement, car les textes se veulent novateurs), et les sons synthétiques ont beaucoup plus vieilli que sur les œuvres précédentes. ‘Secret Life’, comme bien des albums de Wonder, souffre du défaut ne pas être Innervisions ou Songs in the Key of Life, tout simplement. Bref, enlevez tous les instrumentaux, et vous avez un excellent album d’expérimentations minimalistes et synthétiques (et une perle isolée venue d'on ne sait quel monde parallèle : Power Flower, entre Syd Barrett et Michael Jackson !), en contrepoint idéal à la générosité irraisonnée de la période 70’s.

Moyen
      
Publiée le mardi 25 janvier 2011

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

1e écoute, j'en suis à la moitié... Aucun déclic. Vraiment bizarre pour du Stevie Wonder.

22goingon23 Envoyez un message privé à22goingon23

Une fort belle serre suspendue où il fait bon déambuler passés les premiers étonnements du novice.

La palette sonore est lumineuse, transparente et d'un réalisme étonnant. Les saisons, les continents sont mis en partition sous la baguette retenue et symphonique du chef Stevie.

Adios l'ambitieux lyrisme soul et le barocco mystique gospel des Clefs de la Vie ; bienvenue la chaleureuse inspiration du pollen à visions. De surprenantes sorties et entrées sont à envisager (monologue d'un amoureux transi, messe solaire poussée au mellotron). Des harmonies folk exfoliant leur fol appétit de croissance lumineuse.

Note donnée au disque :       
nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

Race Babbling en boucle. Ma copine : "c'est quoi, autechre ?" Pas grand chose à voire avec Autechre mais ce truc est plus proto-techno que kraftwerk et moroder réunis, impressionnant.

Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

Moi, et bizarrement, pour le coup, je comprends très bien.

boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

je crache sur personne, ni dans le ti punch, diantre non ! je dis juste "je comprends pas".