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Stevie Wonder › Fulfillingness' First Finale

cd • 10 titres • 42:33 min

  • 1Smile Please03:27
  • 2Heaven Is 10 Zillion Light Years Away05:01
  • 3Too Shy To Say03:28
  • 4Boogie On Reggae Woman04:55
  • 5Creepin'04:19
  • 6You Haven't Done Nothin'03:20
  • 7It Ain't No Use03:57
  • 8They Won't Go When I Go05:54
  • 9Bird Of Beauty03:45
  • 10Please Don't Go04:04

informations

Enregistré aux Record Plant Studios, L.A., Media Sound, N.Y., Westalke Audio, L.A., Electric Lady, N.Y. par Joan De Cola et Gary Ozalabal - Produit par Stevie Wonder, Malcolm Cecil et Robert Margouleff - Ingés-son, programmateurs électronique : Malcolm Cecil , Robert Margouleff

Artwork par Bob Gleason

line up

James Jamerson (basse acoustique sur Too Shy To Say), Peter « Sneaky Pete » Kleinow (guitare pedal steel sur Too Shy to Say), Stevie Wonder, Stevie Wonder, Paul Anka (choeurs sur la 2), Jackson 5 (chœurs sur You Haven't Done Nothin'), Reggie McBride ( basse sur Smile Please, You Haven't Done Nothin') The Persuasions(chœurs sur Please Don't Go), Minnie Riperton (chœurs sur Creepin', It Ain't No Use), Michael Sembello (guitare sur Smile Please, Please Don't Go), Malcolm Cecil & Robert Margouleff (électronique), Syreeta Wright (chœurs sur Heaven Is 10 Zillion Light Years Away), + choristes divers...

chronique

Juste après la sortie du fabuleux "Innervisions", Stevie Wonder est victime d'un grave accident de voiture. Plongé dans le coma, ses médecins le donnent pour mort. Il paraît que c'est son manager Ira Tucker qui l'a réveillé en lui chantant "Higher ground" dans l'oreille, lui donnant une seconde vie. Grâces lui soient rendues. Dans un élan d'inspiration ininterrompu depuis 1971, Stevie n'attend pas d'être complètement rétabli pour produire à nouveau un grand disque, le dernier en compagnie du duo Cecil / Margouleff (mais certainement pas son dernier grand disque). Un peu comme les Beatles durant la période 1965/1969, il bénéficia lui aussi d'une sorte de période de grâce inouïe dans l'histoire de la pop musique, absolument tout ce qu'il touchait se transformant en or. Quincy Jones disait d'ailleurs que la décennie 1970 lui avait appartenu, comme la décennie précédente avait appartenu au quatuor de Liverpool. En outre, on peut bien sûr choisir de rattacher Stevie en priorité à ses racines soul/funk et à son engagement politique en faveur de la cause afro-américaine, mais les artistes qui eurent la plus grande influence sur son développement musical restent indubitablement les Fab Four : Stevie est un messie de la pop avant tout, et la portée universelle de sa musique fait que, en ce qui me concerne, je ne pourrai jamais lui coller l'étiquette de "black music", réductrice voire insultante se rattachant à son univers musical. Univers qui se déploie plus que jamais sur cet album au titre impossible : rythmes latinos (midtempo vaguement rhumba de "Smile please", samba funky de "Bird of beauty") ; reggae ("Boogie on...") ; funk (mordant sur "You haven't done nothin'", cool sur "Please don't go") ; soul/swing ("Heaven is...") ; ballades ("Too shy to say", "Creepin", "It ain't no use") ; gospel ("They won't go when I go"). Un grand disque, mais tout simplement un "bon" disque à l'échelle Wonder : moins énergique, moins cohérent, moins parfait et génialement inspiré et interprété que "Innervisions" ; moins pur et désarmant que "Music of my mind". J'ai quand même envie d'y distinguer quelques grands moments : les choeurs langoureux du refrain de "Smile please" ou de "It ain't no use" ; la charge contre Nixon dans "You haven't done nothin'" ; et surtout, surtout, le désespoir sublime de "They won't go when I go" et son choeur gospel (merci les Persuasions) qui rattache la souffrance plaintive de cette chanson à un répertoire quasi-religieux. "Heaven is..." est excellente aussi, bien sûr (même si elle reste un petit peu trop mellow) ; "Bird of beauty" et "Please don't go" possèdent la même propension au bonheur ; mais il y manque je ne sais quelle flamme. Qu'on se rassure, elle n'est pas éteinte pour autant.

note       Publiée le mardi 25 janvier 2011

chronique

  • solfège d’une nuit d’été

Une théorie dit que lorsqu’un individu perd l’un des 5 sens, cela peut amener l’un des 4 restants à s’hypertrophier, et à devenir de plus en plus précis et développé, au delà d’une personne normale. En 73, l’histoire se répète. Trois jours après la sortie de son album, un évènement majeur de la vie du songwriter survient. Un évènement encore une fois étrangement annoncé par le disque qui vient de paraître (je cite ‘Higher Ground’ : ‘I’m so darn glad He let me try it again, cause in my own past life I lived a whole world of sin’) : Stevie Wonder pert le sens de l’odorat dans un accident de voiture qui le laissera pour un temps dans le coma, avec une contusion (tiens tiens) cérébrale. C’est peut-être la raison d’un album si songeur, laid-back. Icare a trouvé son paradis : il est spirituel et charnel à la fois. Comme des touches de piano. Comme pour Innervisions et Songs in the key, la pochette décrit à merveille le contenu. La dominante est le rouge, dans toutes ses déclinaisons… Imaginez que vous ayez atteint le Highest Ground, le dernier étage de ce paradis suspendu, où un gros jukebox écarlate vous tend les bras. Vous claquez des doigts et celui-ci se met à jouer Smile Please… Puis le gospel spatial de Heaven is 10 Zillion Light Years Away : la liesse des anges nous entoure, fait monter la température imperceptiblement. Ensuite, un clavier vient caresser vos sens (Too shy to say) avant une séance de lapdance avec Venus en personne (Boogie on reggae woman), puis Creepin’… Aaah, Creepin’. Peut-on faire musique plus ultime ? Une flânerie érotique de l’autre côté du miroir, en négatif, où le ciel est de cuivre et la plage de cristal. Un peu comme le moment de croquer la pomme, mais ralenti 10 fois, et cette mélodie qui ne délivrera pas son secret… Probablement l’un des plus grands sommets de notre homme, ici seulement accompagné par Minnie Riperton aux chœurs (on a fait plus vilaine compagnie, croyez moi). Une friandise suprême, à déconseiller toutefois aux âmes sensibles peuplant ces pages, pour qui il est de plaisir honteux, quelle idée farfelue. Après ce slow presque mystique, You Haven’t Done Nothin’ est un exercice désormais habituel pour l’artiste : le commentaire social énervé sur une tournerie funk. Wonder faisait du disco avec un message politique avant que le disco soit inventé. Dès It’s No Use, les chœurs angéliques reviennent, toujours doublés par ces synthés automnaux et soyeux... Pendant qu’une basse synthétique déploie en fond des motifs cubiques qu’on retrouvera dans les années 80. Derrière un refrain très classique et une mélodie à première vue sirupeuse comme du McCartney, c’est une perle de plus à écouter au casque pour planer… Après les "Bye Bye" du refrain, les lumières s’éteignent, et c’est un Wonder introspectif qui se retrouve seul au piano pour une chanson assez obscure sur la mort (They won’t go when I go)… Qui cite People Get Ready de Curtis Mayfield, l’un des morceaux les plus importants de la musique noire. Bird of Beauty, qui suit, est un autre sommet d’inspiration pour Wonder. Ce dernier, emporté par son enthousiasme, se met à chanter en brésilien, tandis que les chœurs féminins font leur office bienfaisant sur notre âme... Après cette apothéose, on se retire (se réveille ?) du paradis, tandis que des voix nous supplient de rester, et achèvent la chanson en une communion sonore typique du style Wonder. Aucun titre n’est anecdotique ici. Fulfillingness est clairement le mal-aimé de la discographie de Wonder, pourtant, il a bien failli être son dernier… Le nom n’est pas du au hasard : son contrat avec la Motown se terminant, Wonder hésite à re-signer (bien qu’à se stade tout le monde est prêt à continuer à lui donner un contrôle artistique total, chose que Prince aura plus de mal à obtenir dans les années 80), et envisage de tout arrêter pour se lancer dans l’humanitaire au Ghana. C’est la musique qui aura bien sûr le dessus. Sorti entre 2 énormes chef d’œuvres, Fulfillingness est moins évident, moins prodigue dans son génie mélodique, mais pas moins brillant pour qui sait tamiser les lumières et apprécier ainsi son reflet rubis, ambré, et légèrement mélancolique. Au diable l'avarice, c'est la foire aux six !

note       Publiée le mardi 25 janvier 2011

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Je découvre cet album dont je n'avais jamais entendu parler. Il m'endort un peu : laid-back (je cite la chro). Le morceau qui s'élèvent au-dessus des autres, pour moi est They won't go when I go.

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nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

plus posé et un poil moins génial que le suivant et le précédent mais c'est vraiment trop bon, content de m'être enfin arraché de ces deux albums.. ces chroniques de stevie sont superbes, je les relis souvent en écoutant les albums/// edit: non 6 boules aussi, mais l'album est assez triste en fait, il a l'air fatigué moralement le stevie en 74

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Peut être en dessous des deux qui l'entourent, mais cela reste du Stevie Wonder de la grande époque, c'est à dire du caviar.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Marrant cette réputation d'album "de ligue 2" que je n'ai jamais comprise. C'est peut etre juste parce que c'est un album de Hamac, cohérent vu que l'homme alternait les albums uptempo avec les albums laidbacks depuis Music of my mind. Il en met certes moins plein la vue que Innervisions ou Songs in the key, mais au final c'est une explosion d'harmonies tout autant.

zappymax Envoyez un message privé àzappymax

Album acheté sur les bons conseils de Guts : merci Guts ! L'ensemble sonne comme un brouillon, un carnet d'esquisses plus ou moins abouties, de croquis préparatoires au chef-d'oeuvre à suivre, le ... euh ... "Songs in the key of life" : c'est ça ! Mais les esquisses de S.Wonder, c'est quand même du collier de joaillier, qui enfile sur le même rang perlouzes, or fin et argent massif, pas toujours avec adresse, mais bon ... (il faut s'appeler Stevie W. pour avoir Minnie Ripperton en choriste de luxe le temps d'une chanson, et les Jacksons 5 en featuring de 3 minutes et une dizaine de "doo doo wap" !). Un album de 2nde division (de Ligue 2, pardon), peut-être, MAIS UN PUTAIN D'ALBUM, MESSIEURS-DAMES !