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Stevie Wonder › Hotter than july

lp • 10 titres • 45:52 min

  • face a
  • 1Did I Hear You Love Me
  • 2All I Do
  • 3Rocket Love
  • 4I Ain't Gonna Stand For It
  • 5As If You Read My Mind
  • face b
  • 6Master Blaster (Jammin')
  • 7Do Like You
  • 8Cash In Your Face
  • 9Lately
  • 10Happy Birthday

informations

1979-1980 - Enregistré et mixé aux Wonderland Studios, L.A., avec le "record plant record truck". par Gary Olazabal - Enregistrements additionnels aux I.A.M. Studios, Irvine, California et Crystal Sound Studios, Hollywood, california. - Produit et arrangé par Stevie Wonder

line up

Dennis Davis (batterie), Earl DeRouen (percussions), Paul Riser (arrangements de cordes), Stevie Wonder, Nathan Watts (basse, choeurs), Benjamin Bridges (guitare, choeurs), Isaiah Sanders (Fender Rhodes, choeurs, Pianet), Hank Redd (saxophone, claps), Robert Malach (Saxophone), Larry Gittens (trompette), Nolan A. Smith Jr. (trompette), Hank Devito (steel guitar), Rick Zunigar (guitare)

chronique

Bien au-delà des catégorisations, Stevie Wonder était un musicien universel. Mon grand-père l'adorait, ce qui est un argument de poids, croyez-moi. "Hotter than July" est son dernier bon album (je parle de Stevie, pas de mon grand-père), très bon, même, la note moyenne n'étant valable qu'à son échelle. La plupart des titres ici sont des petites bombes pop divinement composées, et interprétées au millimètre. À tel point que, sans s'en apercevoir, Stevie Wonder va rejoindre la perfection sonore des papes de la variété américaine que sont devenus Steely Dan, et que vont devenir Toto (sans "n" au milieu, cette fois) - c'est frappant sur le refrain de "Rocket love" par exemple (titre excellent au demeurant), qui fait très "Georgy Porgy". C'est donc bien là que le bât blesse : le son, si lisse qu'on glisse sur cet album sans s'en apercevoir ; et le format : terminés les grandes envolées lyriques, les instrumentaux démoniaques, les synthétiseurs fous, et les morceaux à rallonge que l'on trouvait sur "Songs in the key of life" et "Journey through the secret life of plants". Stevie va rentrer dans le rang et il n'en sortira plus jamais. Un malheur dont il est difficile de se remettre a posteriori. Bon album malgré tout, disais-je donc : "Rocket love" et ses moëlleux arrangements de cordes, dignes d'un Curtis Mayfield ; les très catchy "Did I hear you say you love me" et "Do like you" ; la chaleur langoureuse de "All I do" ; le groove insolent de "I ain't gonna stand for it" ; "Master blaster (jammin')", hommage pas du tout voilé à Bob Marley (à l'époque, personne, pas plus les Clash que The Police, n'échappe au reggae) ; la ballade "Lately", presque digne des succès passés. Même l'infâme "Happy birthday", qui milite pour que la date anniversaire de Martin Luther King Jr. soit un jour férié aux États-Unis (il obtiendra gain de cause), ne me chiffonne pas plus que ça, malgré son gimmick certes un peu ridicule, et malgré le terrible "effet Bontempi". Une bonne transition vers ce qui suivra. La décennie 1980 laissera place aux "héritiers", dont je frémis à l'idée-même de donner le nom. Et Stevie nous sortira de temps en temps des bouses pop-FM innommables, qui sont hélas aujourd'hui encore les titres les plus connus du grand public. Maître des machines, il laissera, comme beaucoup en cette période, les machines devenir son maître. Reste sa production des seventies, pop d'une audace et d'un génie révolutionnaires, chant d'amour envoyé depuis une autre planète, qui aura illuminé plus d'une vie, dont la mienne. "The many sounds that meet our ears, and sights our eyes behold / Will open up our merging hearts and feed our empty souls..."

note       Publiée le mardi 25 janvier 2011

chronique

Pourquoi publier toutes les chroniques de Stevie Wonder aujourd’hui ? Parce qu’il y a 10 jours c’était Martin Luther King’s Day, un jour férié à la mémoire du leader des droits civiques… Jour férié que Wonder aura largement contribué à instaurer… Happy Birthday, chanson d’anniversaire débile bien connue de la bande FM, est en réalité une chanson politique : Wonder y exige l’ajout d’un jour férié le troisième lundi de Janvier, près de la date de naissance de King (le 15). Dans l’insert du LP, on peut trouver un assemblages de photos d’émeutes et de manifestations pour les droits civiques, ainsi qu’un texte de Wonder sous une photo de King, adjoignant ses fans à pratiquer ce jour férié le 15 Janvier 81. Cela fait 30 ans… Le jour férié à été voté en 83. Mais ce n’est pas pour cette raison que nous avons choisi de chroniquer Hotter than july. C’est surtout car ce disque, assez sous-estimé, n’a pas à rougir à la comparaison avec les précédents. En fait, il est même structuré un peu comme Talking Book, avec la même qualité inégale : chansons d’amour sur la face A, puis face B débutant par un très gros hit, suivie d’une chanson ouvertement très politisée. Ici, je ne parle pas d’Happy Birthday mais bien de Cash in your face, dénonciation du racisme institutionnalisé très insidieux que doivent affronter les noirs nantis aux USA, alors qu’on leur avait promis qu’avec l’argent tout s’achetait en ce pays-là… Le message est direct. Dernier point commun avec Talking Book, l’invité d’honneur : il y avait Jeff Beck, la rumeur a longtemps fait croire à la présence de Bob Marley sur Master Blaster. Et effectivement, Stevie Wonder s’est fortement inspiré du jamaïcain, pour en digérer le style et créer un groove hybride, pas vraiment reggae ni pop. C’est facilement le meilleur morceau du disque avec Rocket Love, samplé par un certain GZA (du Wu-Tang) sur Cold World. Le temps de couplets nocturnes et d’un refrain emprunt de solitude, aux cordes dramatiques, Wonder retrouve son inspiration mélodique des anneés 70-76, pour une chanson qui justifie à elle seule l’écoute de cet album... Ou du moins de sa face A, dans laquelle il est parfaitement intégré, après une montée d’intensité exemplaire. Il s’agit d’une suite de chansons d’amour, comme dit plus haut, enchaînée en fondu façon Abbey Road, mais dans un style encore plus luxueux, débordant forcément parfois sur la variété (Did I hear you say you love me, I ain’t gonna stand for it) mais faisant mouche par ailleurs, le temps d’un All I Do instantanément mémorisable. Il faut aussi évoquer Do Like You, qui semble parler de tous les petits émules de Michael Jackson qui allaient fleurir au cours des années 80… Encore un titre à priori anecdotique et un peu dévoyé par des mélodies simplistes, qui se révèle étonnamment riche une fois la ligne de chant des couplets analysée… C’est souvent par le chant que Wonder aura transcendé son art, par cette voix à la fois très large dans son spectre et instantanément reconnaissable. L’age d’or de la Soul, tout comme le sien, s’arrête ici. Wonder l’aura fait durer plus que la Motown n’aurait jamais pu le faire, mais reste irrémédiablement associé aux années 70… Cette-année-là, un minuscule et tout jeune type tout frêle et à la moustache improbable sort son troisième album…

note       Publiée le mardi 25 janvier 2011

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Le groove de Master Blaster c'est quelquechose !

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Je suis en train de lire les mémoires de Gil Scott Heron dans laquelle il livre son admiration pour Stevie Wonder, musicalement et philosophiquement. Je n'apprécie toujours pas spécialement la musique de Stevie mais ces chroniques et de tels propose m'ont montré que j'avais clairement sous-estimé l'importance de Stevie...Comme quoi, on n'arrête jamais de s'instruire...

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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c'est un morceau viral, fait pour être entendu à tous les annivs de la terre sans que personne se rappelle que c'est un hommage à MLK. Mais bon, ça n'enlève rien au fait que c'est insupportable, oui ;)

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ben oui, c'est sûr, mais... C'est le seul morceau vraiment moche de l'album. Et dans les autres, il y en a de vraiment bons. (J'avoue que j'aime toujours assez Master Blaster, même, alors que bon, dans le genre qu'on a entendu des centaines de fois...).

fonfongre Envoyez un message privé àfonfongre

Insupportable Happy Birthday auquel on a tous droit régulièrement dans mon Buffalo Grill de proximité