'Whispers', 'shadow', 'laudanum'...Tout semble inciter au flou, aux rêveries décadentes, aux délires gris oscillant entre réalité distordue et imagination maladive...On a souvent décrit les Autrichiens de Whispers in the shadow, à leurs débuts du moins, comme un groupe fortement inspiré par les Cure, ce qui est en partie vrai mais si tel est le cas, ce premier opus incarne l'aspect le plus noir et le plus désenchanté de la bande à Robert Smith... Mélodies grises et funèbres portées par des guitares à la fois aériennes et glauques, rythmes pesants ('No colours', 'The night turns', 'Found', 'Cold song'), chant lointain et désincarné...Il est vrai que l'on songe volontiers aux climats de 'Faith' ('Found'), voir de 'Pornography', mais à cette époque, Ashley Dayour, tête pensante du projet, jouait aussi avec Sanguis et Cinis et baignait donc dans des influences gothiques, ce qui se ressent sur certaines chansons plus torturées et violentes (l'excellent 'Face', 'Rain', 'Cold water') où les guitares louchent nettement vers le deathrock ou le rock gothique ('Cyring eyes'). Cette alternance de grisaille et de rage torturée que l'on pourrait saisir comme un manque de cohérence me semble propre justement à conférer une vraie identité à ce disque, une sorte d'oeuvre de jeunesse fougueuse et tourmentée, réceptacle d'interrogations urgentes et personnelles, sans réel faux-semblant mais avec une certaine retenue. 4,5/6