Igorrr › Nostril

2010 fut un bon millésime pour la grande Faucheuse, nombre de musiciens ayant décidé de mourir en même temps. Mors certa, hora incerta. On peut s'en lamenter comme on peut s'en réjouir, en arguant qu'ils vivent à traveurs leurs oeuvres. Et puis, place aux vivants, aussi. D'ailleurs le breakcore aussi était un peu mort, annihilé par le ras-de-marée dubstep qu'aucun artiste ou label opportuniste n'aura manqué de surfer. Et puis nous revient Gautier et sa joie de vivre, ses titres débiles et sa musique rajeunissante. Qui a besoin de Nivea quand on peut se tartiner la figure de narines, d'ongles fondants et de demi-poneys ? La musique d'Igorrr c'est comme les gens moches : ca fait rire mais il en faut nécessairement ; c'est aussi indispensable qu'une levrette chez le marquis en compagnie des animaux. C'est baroque, donc, parce que tout le monde le dit et parce que ca l'est dans le surplus graisseux – c'est rococo, surtout, et ca vomit du tout et du n'importe quoi (surtout du n'importe quoi) par pelletées soit Whourkriennes ('Cruciform Dashhund') soit par bouffées de violes -country-black metal-gabberchansonfrançaise parce que c'est tout naturel quand on est français justement (Lingouf ça vient d'où Jeannot ? HEIN ?!). J'ai entendu dire dans mon pays d'exilé que les français n'avaient pas d'humour : disons plutôt que l'humour francais n'a pas d'humour tant il s'enfonce dans ses propres abysses d'absurdité salvatrice. Ce sont des gouffres inatteignables pour qui n'est pas, pour le meilleur et pour le pire, français. C'est n'importe quoi et c'est splendidement chic, en tout cas cent fois plus classe que qu'essayer d'être sérieux, parce qu'on est français donc c'est perdu d'avance. Alors on avance le vit insécable en main avec la grâce de Louis XIV dans le palais des miroirs déformants et des trônes à prouts, emporté dans des valses tragicomiques uchroniques où Immortal danse avec Lully, tandis que ce dernier reprend ses menuets de précieux et les enfourne dans la massicoteuse Carnival in Snares. C'est le requiem de tout le catalogue Ad Noiseam qui signe sa meilleure sortie depuis... longtemps ; c'est tout à la fois en cent fois mieux : c'est la Danse des Moches au Banquet des Louis. Le Pierre Perret du breakcore dans le plus magnifique des Palais, avec des rideaux en soie pour y coller discrètement ses crottes de nez avant de s'incliner pour la valse gabber hollywoodienne. LE true album 2010 pour ma part, et en plus il parait que le mec est encore vivant à la différence de tous ces flemmards qu'ont préféré décéder.