Scamall › A World Behind the Silence

A World Behind the Silence est une autre aventure sonore provenant de Pologne. Après Brunette Models le label Generator.pl présente un autre artiste, Scamall, avec une vision assez particulière de la MÉ. Contraste et paradoxe d’un monde pourtant mélancolique, mais hautement abstrait, A World Behind the Silence est une véritable exploration d’un monde qui n’a rien de silencieux. Un complexe univers sonore où Scamall fusionne à merveille les triturations d’alliage métallique et de sonorités hétéroclites moulées par des échantillonnages sonores à une musique ambiante avec un doux filet de mélancolie.
Offline débute cette aventure sonore avec des bruits statiques absorbés par une entité métallisée qui s’entremêlent sur un mouvement linéaire, sans vraiment dessiner une structure musicale cohérente. Une intro présentant un album qui mélange des sonorités ébréchées et érodées par d’étroits passages écorchés, un peu comme si nous étions coupés du reste de l’univers par un brouillage des ondes, à de longs et lents passages ambiants et sinueux coulés dans des sphères industrialisées. Anti-musique ou art abstrait? Jakub Kmiec s’est inspiré d’endroits délaissés et désolants de la Suède et de l’Irlande pour créer cette homélie sonore au silence. Mais un silence constamment fracturé de sons caustiques qui doucement versent vers de tendres passages où la mélancolie perce cet opaque mur des sons triturés. Comme sur Warts and All où une belle ligne méditative cerne une intro aussi tapageuse qu’Offline. Linéaire, le mouvement ressemble à des pulsations cardiaques sur une ligne hachurée où bruits difformes et sonorités incongrues parsèment cet horizon sonore qui échappe de fines notes de piano. Difficile de décrire A World behind the Silence. L’album est constamment tiraillé entre une étrange synergie de crissements et grésillements métalliques qui court-circuitent d’étranges douceurs mélancoliques comme sur Screaming Trees et la procession spectrale de Wrapped. Vanishing Haze est une lente pièce méditative traversée par d’innombrables souffles d’une froideur métallique, où de fines bribes musicales forcent afin de tisser un canevas mélodieux. Idem pour Bright qui est par contre plus chaleureux, alors que Before the Silence Falls nous amène dans un surréaliste univers paranoïaque où la douce folie occulte des fines douceurs d’une accablante tristesse humaine sur de courtes périodes animées d’un tempo hésitant.
A World behind the Silence est un curieux exercice des styles. Jakub Kmiec visite des territoires abstraits qui feront les délices des amateurs de Tetsu Inoue et de certains titres du catalogue de FAX. Quand à moi, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’ai bien aimé ce mélange des bruits concassés, broyés et déchiquetés par des mâchoires aux dents de barbelés sur de longs moments ambiants et morphiques. Mais des fois juste de la musique, sans les bruits, aurait été superbement délicieux. Pour aventuriers sonores…