Oxzmá › Rip, rap & rup

Oxzmá a inventé le 'Killembilly' (rassurez-vous, ce n'est pas un courant officiel)...Créé par des étudiants de l'école d'art de Reykjavik en 1980, le groupe ne se mettra à jouer sérieusement qu'en 1982, notamment avec l'arrivée du batteur Kormákur Geirharðsson qui avait joué auparavant avec Q4U et Taugadeilin. Intéressé par la démarche des Cramps et d'autres formations punk rockabilly, Oxzmá, avec un humour typiquement islandais, va arranger les choses à sa sauce en partant d'une base rockabilly tout ce qu'il y a de plus classique dans laquelle il va injecter un feeling décalé, quelques bribes de new wave et surtout des textes salaces truffés d'humour noir. Le résultat est assez inattendu (mais l'île nous a habitué aux formations atypiques), du moins pour le peu que je connais, soit cet unique enregistrement vinyl (le reste de la discographie consistant en deux cassettes probablement introuvables à l'heure qu'il est)...'Kitty' tout d'abord, parfait exemple pour tenter de capter le concept de 'Killembilly'; la structure est rockabilly dans ce qu'il a de plus banal mais le timbre de Hrafnkell 'Keli' Sigurðsson et l'usage des cuivres confère un feeling décalé, entre punk, rockabillly et fanfare mais c'est encore plus flagrant sur 'Rip, rap & rup' qui sonne comme une parodie de rockab' lambda pour fêtes d'étudiants sages...Le jeu d'orgue bien allumé, les brèves expérimentations vocales (probablement à l'origine du titre) rendent le produit final plus toxique qu'on eût pu s'y attendre...Je ne vous le cache pas, il faut quand même une certaine dose d'humour pour goûter à ce genre de musique qui a tout de même l'avantage de rappeler que l'esprit punk originel avait bien des visages et se voulait synonyme de créativité, d'explosion des codes et de ce point de vue, Oxzmá a bien l'attitude requise...Leur démarche comptera d'ailleurs pour beaucoup dans leur succès, lequel prendra vite fin suite au split lorsque deux membres s'en iront à Londres étudier le cinéma, art dans lequel les musiciens s'étaient déjà révélés en tournant deux films de science-fiction petit budget ainsi qu'une comédie hippie baptisée 'Suck me Nina'; le saxophoniste tournera d'ailleurs en 1992 l'une des comédies les plus populaires du cinéma islandais 'Sódóma Reykjavik' (un type doit retrouver la commande de sa TV embarquée par sa punkette de soeur pour que maman puisse regarder la télévision. Ce faisant, il se retrouve pris dans le conflit opposant un trafiquant d'alcool et un proprio de night club qui rêve de devenir le premier maifioso d'Islande...Vous imaginez le tableau ?) mais nous sommes ici sur un site dédié à la musique...