Konrad Kucz › Vita Contemplativa Litania

Composé et enregistré entre 2005 et 2006, Vita Contemplativa Litania du synthésiste Polonais Konrad Kucz est le tout premier album de l’étiquette Polonaise Generator.pl. Une œuvre ambiante, sombre et émotive qui débute par une étrange messe cosmico-monastérielle où un moine cosmique marmonne une incantation propulsée par de sinueuses ondes éthérées. Cette messe galactique s’arrête net! Mais l’intro se poursuit, enrobée de lourdes strates dont fines oscillations augmentent graduellement l’intensité émotive. Des prières marmonnées, entremêlées de lourdes strates résonnantes meublent Litania / Intro initiant un étonnant voyage galactico-pastoral au cœur de l’ambiant sombre et médiéval avec une fine aura cosmique.
Vita Contemplativa Litania est une lente liturgie qui oscille entre deux univers sur de lentes strates qui se déplacent à la vitesse de la méditation cloîtrée. Il y a peu de mouvements. Seulement de longues ondes synthétisées qui flottent en suspension ou qui se déplacent à grands coups d’ailes sonores parmi des chœurs fugaces qui murmurent et épousent des dialectes à peine audibles dans une lourde atmosphère de cloître sonore où seuls les esprits semblent détenir un droit de passage. Litania I est une succession de boucles atonales qui s’enchevêtrent parmi de placides sonorités et d’élégies ecclésiastiques, alors que les boucles résonnantes de Litania II se déploient comme de lents élytres métallisés. De fins arpèges y glanent avec une délicate insistance, sur un mouvement linéal qui se conclût avec une sombre orgue qui ouvre les voix d’une chorale sidérale aux vocalises syncrétiques.
Mélangeant habilement l’austérité des monastères médiévaux à une inquisition cosmique, Konrad Kucz tisse les toiles d’une étrange incantation au paradoxe liturgique sur une suite de mouvements aux oscillations décousues et aux chants Grégoriens d’un univers fragmenté. Habile, Kucz sait comment mouler ses ambiances en y ajoutant de fines lignes de basses, des strates enveloppantes et fugaces ainsi que des chœurs isolés, augmentant graduellement et continuellement l’intensité de son œuvre pour y atteindre un superbe paroxysme avec une finale très musicale et poétique où tout s’assemble afin de conclure une œuvre à la fois mystique, ténébreuse et constamment intrigante.
Je dois admettre que Vita Contemplativa Litania n’est pas facile. C’est une œuvre déchirée entre deux antipodes ecclésiastiques où la renaissance semble vouloir renaître dans les sphères cosmiques. Il faut écouter attentivement Via Contemplativa Litania pour en apprécier toutes les subtilités de cette œuvre hautement ambiante où les faibles élans et séquences animent parcimonieusement les parties V, VII et VIII. Mais au-delà des rythmes ténus et brefs se cachent une étonnante intensité qui grimpe avec hésitation parmi de superbes strates poétiques (Litania VI et Litania X), dans des univers fractionnés où les atmosphères autant caverneuses que cosmico-tribales sont en perpétuels tiraillements. Une œuvre renversante et étonnante pour amateurs d’ambiant sombre et syncrétique.