Guts Of Darkness

Que se passe-t-il lorsqu'un novö à lunettes rétro-futuristes se met en tête d'étudier le Talmud et d'explorer la narration électronique instrumentale pour recréer des récits spirituels ? Un miracle. Suivant son adage d'exploiter au maximum des instruments pourtant chiches en terme de son comme Martin Rev le précise, le but n'est pas tant de créer quelque chose de parfait que d'infuser une vie et une intention honnête à sa propre création. Le résultat est bluffant de dynamisme et de prolixité ; on se projette facilement à l'intérieur de ce recueil d'images sacrées version Tron meets Front 242. Le plus souvent, une boucle comme chez Suicide fait office de trame mais ce sont les instruments électroniques qui remplacent ici Alan Vega, démontrant ainsi que l'électronique peut facilement se substituer à quoi que ce soit. Le sens de la narration est ici parfaitement palpable ; les évènements se suivent et les humeurs se succèdent, du plus tempétueux ('Rodeo') au plus mystérieux ('Metatron') en passant par des instants de douceur ('Whisper'). Bien entendu, il y a cette patte terriblement kitsch qui fait toujours faciller le tout entre grâce et cheap, ce qui ne fait qu'ajouter au charme désuet de cet étonnant recueil qui démontre que ce ne sont pas les meilleurs moyens qui font la meilleure fin. Étonnant et toujours frais.