The Nefilim › Zoon

Carl McCoy a toujours été considéré comme une personnalité instable, imprévisible et mystique au delà de toute limite. Quelle est la part de rumeur ou de vérité ? Je n'en sais fichtrement rien ; toujours est-il qu'à la suite de 'Elyzium' notre homme proclama tout soudain la dislocation des Fields of the Nephilim pour ne garder que l'essentiel : The Nefilim... De ce noyau originel, il remodela son univers de manière plus extrême encore, fouillant davantage dans la noirceur de ses visions pour approcher de plus près la Bête ('Zoon'). Apocalyptique et malsain, le nouveau son délaisse globalement (sans totalement y renoncer) le gothic rock dur des Fields of the Nephilim pour s'orienter vers le thrash metal, voir le metal indus à la Ministry ('Pazuzu'). Dès 'Still life', la nouvelle voie sonore éclate aux oreilles de l'auditeur... Ambiance à coups de samples d'hélicoptères, guitares vrombissantes, voix rauque d'outre-monde et soudain le cri, une véritable explosion... Double pédale, chant guttural, guitare ultra puissante dans une production bloc qui frappe comme un coup de massue. À peine le temps de respirer que repart 'Xodus' et ses riffs plus extrêmes encore dans la violence. À ce stade, on pourrait se dire que seul le public metal appréciera... Ce serait vrai s'il n'y avait 'Melt' et son ambiance glacée, dévastée, plus proche de l'univers des Fields of the Nephilim (magnifique basse, claviers obsédants), 'Shine' avec vocaux clairs et ambiances mystiques ou encore la dernière partie de 'Zoon' avec ses belles guitares aériennes. Ces passages 'atmosphériques' sont nécessaires pour supporter la violence étouffante des pièces les plus metal, ciselées qu'elle sont dans la lave la plus brûlante... C'est à une véritable représentation de l'enfer que nous confie 'Zoon', un tableau vivant où McCoy semble affronter en chair et en os ses démons les plus terribles. La principale qualité de ce disque reste son ambiance incroyable, pas question ici de violence gratuite et stérile, nous parlons de mal à l'état brut, de quelque chose de rampant et sauvage à la fois ; l'usage judicieux des samples, des claviers et des restes gothic rock permet d'équilibrer le tout et de conférer à ce disque une patte unique. Hélas, des querelles avec le label, la disparition soudaine (pour la plus grande inquiétude de ses proches) du sieur McCoy à la veille d'une tournée conduiront à la fin du projet après cet unique essai... Peut-être est-ce mieux ainsi ? 'Zoon' restera maître incontesté du genre malgré ses hordes de suiveurs (Saints of Eden, Chaosgod, Lutherion...). 4,5/6