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The Residents › Mark of the mole

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klaark      jeudi 22 février 2024 - 13:52
Le Gnomonique      mardi 30 mai 2023 - 19:30
luhje      mercredi 12 août 2015 - 23:29
tritium_v      lundi 9 février 2015 - 14:27
rockerfinitquimangedesbannannesaubarbitu      jeudi 21 juillet 2011 - 06:52
Nathrakh      jeudi 2 juin 2011 - 11:40
Cockrellus Wumbus      mardi 5 octobre 2010 - 22:03
Reflection      samedi 25 septembre 2010 - 12:00
ericbaisons      samedi 25 septembre 2010 - 10:42
le_grisha      dimanche 22 août 2010 - 22:20
Procrastin      dimanche 29 mai 2011 - 02:16
HiM      jeudi 20 janvier 2011 - 16:12
Raven      lundi 23 août 2010 - 00:16

lp • 23 titres • 00:00 min

  • Face A : Hole-Workers At The Mercies Of Nature
  • Voices Of The Air
  • 1Voices Of The Air
  • The Ultimate Disaster
  • 2Won't You Keep Us Working?
  • 3First Warning
  • 4Back To Normality?
  • 5The Sky Falls!
  • 6Why Are We Crying?
  • 7The Tunnels Are Filling
  • 8It Never Stops
  • Migration
  • 9March To The Sea
  • 10The Observer
  • 11Hole-Workers' New Hymn
  • Face B : Hole-Workers Vs Man And Machine
  • Another Land
  • 12Rumors
  • 13Arrival
  • 14Deployment
  • 15Saturation
  • The New Machine
  • 16Idea
  • 17Construction
  • 18Failure/Reconstruction
  • 19Success
  • Final Confrontation
  • 20Driving The Moles Away
  • 21Don't Tread On Me
  • 22The Short War
  • 23Resolution?

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chronique

J’ai beau retourner l’objet dans tous les sens, il semble que Mark of the mole ait été comme taillé pour trôner en bonne place sur ce site. On a souvent parlé de « galeries » creusées inlassablement dans la bibliothèque souterraine qu’est guts of darkness ; c’est donc très logiquement que j’en viens à cet album des Residents, pas forcément leur plus connu (la notion étant relative), ni leur plus accessible, mais ayant pour sujet principal la vie d’un peuple de taupes humanoïdes, vivant à 6 pieds sous terre ! Il s’agit surtout, vous allez vite le comprendre, d’un chef d’œuvre de musique sombre et expérimentale au sens premier et « primal » du terme. Sombre, non seulement par l’histoire qu’il raconte, mais surtout par la musique, indescriptible comme toujours avec les Residents. Ovni Inclassable avant tout, Mark of the Mole est une sorte de rencontre entre Indus atmosphérique, électronique extrêmement lo-fi, comme produite par des machines défectueuses, et musique tribale d’une peuplade créée de toute pièces par le groupe. Ils refont ici le coup d’Eskimo, avec le projet de réaliser « un désastre »… En fait, Mark of the Mole fait partie de la « Mole Trilogy », le projet le plus ambitieux jamais créé par les Residents en 81, à ce jour inachevée. Une sorte de métaphore distordue et au parfum de conte pour adultes sur les travailleurs immigrés, et sur le choc entre deux cultures : les Chubs, gros bidenbums bleus vivant de loisirs dans des villes à l’ouest, et les Mohelmots, dits « Moles », créatures anguleuses et durs travailleurs, vivant dans des grottes dans le désert de l’est, et ne supportant pas la lumière. La face A raconte comment leur monde fut détruit par une tempête, les obligeant à s’exiler vers la mer pour chercher un asile… Une face A d’un incroyable pouvoir évocateur, où le mot « étrangeté » ne peut que faire office de pâle euphémisme… Voilà une musique qui semble avoir été découverte par un spéléologue au fond du gouffre de la Pierre-Saint-Martin, inchangée depuis les millions d’années où elle était enfermée là. Une musique pure, primaire et reposant toujours sur des tempos lents et cycliques. Vous voulez un point de référence ? L’ambiance globale du disque rappelle les 2 premiers WarioLand (en noir et blanc), avec leurs mondes souterrains et leur musique 8-bits rocailleuse. Débrouillez-vous avec ça, car Mark of the Mole ne ressemble à rien de connu. Mais vraiment. Voices of the Air, l’introduction au titre James Joycien, est la seule connexion avec notre monde : des extraits de bulletin météo captés sur ondes radio annonçant le cataclysme à venir, dans une région à priori hostile et inhabitée, entrecoupés de voix insolites. Puis c’est la plongée dans les grottes des Mohelmots, leur premier hymne résonnant sous la voûte minérale… On a l’impression d’épier un monde inconnu par une petite lorgnette, d’apercevoir cette fourmilière en plein travail dans de rares flashs de lumière, le tout avec un son bien entendu caverneux et unique. Les claviers analogiques sonnent torturés, les rares mélodies ne font que deux ou trois notes, le reste étant composé de rythmes et de bruits. Il y a bien une guitare, mais elle semble jouée par un cyclope manchot et angoissé. Les voix sont déformées, difficiles à dénombrer… Les Moles ne s’expriment que collectivement. Quelques interludes noisy décrivent l’inondation du monde souterrain, entraînée par la tempête et les éboulements rocheux. Désespoir, puis résignation à l’exil. Il y a déjà dans cette toute première partie assez de matière pour un 6/6, assez de bizarrerie pour l’année, et assez de trouvailles pour toute une carrière d’un groupe plus fainéant. Marching to the sea, l’hymne temporaire des Moles, est une extraordinaire évocation de cet espoir timide et lourd d’attentes qui hante les réfugiés d’une catastrophe. Les paroles sont d’une poésie décharnée, et l’on commence forcément à s’attacher au devenir de ces Moles en perdition. Car la suite n’est que désillusions et difficultés : les Moles sont désormais des étrangers, et la fin de la face A nous fait comprendre qu’il se passe quelque chose d’anormal. Quelque chose d’anormal dans un monde étrange. Les Moles ont un nouvel hymne, qu’on pourrait appliquer à tant de migrants actuels, passés et à venir : “We have left our lives, we have left our land, We have left behind all we understand, Now we must cry out, yes we must demand, Let our children live in a holy land”. La Face B, moins râpeuse et assurément moins violemment “autre” que la première face, raconte donc l’arrivée des Moles en territoire Chub, leur exploitation comme travailleurs sous-payés, puis la brillante idée d’un scientifique Chub, retranché dans l’électronique minimale de son labo (on pourrait parler de minimal-wave, si les rythmes n’étaient pas si lents, les rares fois où il existent). Un scientifique qui invente donc une machine pour délivrer les pauvres Moles de leur dur labeur. Résultat facile à deviner : chômage forcé, rejet des Moles par la société Chub, conflit. Et « Resolution ? », avec un point d’interrogation : La fin est en suspension, l’anxiété suppurant de tout l’album n’ayant pas redescendu d’une goutte. Entre temps, de maigres aperçus nous sont donnés de la culture Chub, que le groupe développera dans la 2ème partie de la trilogie (Tune of Two Cities). On entend surtout les cris d’une manifestation anti-mole aux slogans d’un racisme physique tourné en dérision. Ne croyez pas pour autant que l'on rigole, ce monde totalement inconnu ne peut que stupéfier par sa bizarrerie de chaque instant. Intéressant de noter que le court interlude Ugly Rumors, présent sur le site du groupe, n’est pas mentionné sur la pochette, comme par pudeur envers ces voix comme captées dans un bar redneck, où des clients se plaignent des Moles qui mentent et piquent leurs filles… Tout est fait pour donner l’impression d’écouter un field recording des réactions, pensées et émotions de ces personnages. Après quelques interludes bruitistes, l’album se finit, nous laissant pour ainsi dire sur notre faim… C’est sans compter sur la myriade de détails à redécouvrir à la réécoute. Sombre. Expérimental. Narratif. Mark of the Mole est un monument spéléologique érigé à la gloire de l’imagination de ses créateurs.

note       Publiée le dimanche 22 août 2010

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    Le Gnomonique Envoyez un message privé àLe Gnomonique

    Dans le taupe 3 de leur discographie.

    Note donnée au disque :       
    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Les Rois Barges. De spéléologie, c'est bien de cela qu'il est question, comme le dit la chro. Inquiétude en musique.

    Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
    avatar

    I need to try that one again. I need to try that one again. I need to try that one again. I need to try that one again! I need to try that one again. I need to try that one again. I need to try that one again. I need to try that one again! (bis)

    Le Gnomonique Envoyez un message privé àLe Gnomonique

    J'envisage de racheter tous leurs CD, du premier jusqu'à ce Mark of The Mole, car mes LP commencent à fatiguer. Une édition particulière à me conseiller ? (neufs ou occasions). Merci.

    Message édité le 04-07-2023 à 17:52 par Le gnomonique

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    wow ! merci ! c'est dingue qu'un mec ait eu la meme impression que moi mais en 81... Comme quoi quand on a une intuition, même débile, elle a forcément du sens....