Drama Of The Spheres › Drama of the spheres

Quelle riche idée que cette compilation de l'intégralité des travaux des géniaux Drama of the Spheres ! Non seulement, on y retrouve les deux premiers albums pas toujours faciles à dénicher suivant où l'on habite mais surtout le fameux troisième mini, 'Escaped from the mouthless children island', produit dans des conditions chaotiques et lui, presque carrément impossible à dégotter; comme si cela ne suffisait pas, on nous offre encore un album écrit en 2000 mais resté inédit, 'Dancing bones'. Je ne m'attarderai pas trop sur l'étrange agencement de ces enregistrements qui se refusent à suivre la logique temporelle pour tenter de vous résumer ce qui attend vos oreilles frémissantes sur ce double cd. L'album 'Usual things', comme j'ai eu l'occasion de le mentionner dans ma chronique' oeuvre dans un mélange de deathrock personnel et d'esprit batcave épicé de la folie des Virgin Prunes. Les compositions sont incroyablement maîtrisées, efficaces, les ambiances folles...'Unable to dream' poursuit dans la même optique en radicalisant le propos, soit moins de mélodies évidentes mais plus de folie, plus d'ambiance, plus d'expérimentation. Logiquement, 'Escaped from the mouthless children island' va encore plus loin dans la voie en se rapprochant également de Nine Inch Nails, sans perdre les racines batcave...Toujours plus rampante, claustrophobe ('Epilog' rappelle les moments les plus dingues de Virgin Prunes avec Dave-Id au chant), malgré quelques éclats de rage, la musique semble témoigner du repli de son géniteur sur lui-même ou du moins dans un univers qui lui est propre. Ceux qui n'avaient pas aimé le glissement des Tétines Noires vers Lt-No pourraient goûter davantage aux tentatives de Drama of the Spheres qui me paraissent plus réussies dans leurs flirts avec l'indus. Visiblement, l'ultime enregistrement est le fait du seul Jérôme AD rebaptisé Sir Jad et se rapproche légèrement de son nouveau projet Helloz. Moins claustrophobe mais toujours aussi barré, il témoigne d'un goût toujours plus prononcé pour la création d'atmosphère, un peu comme une sorte de 'New form of beauty' moins punk et plus contemporaine. Moins intense (les Virgin Prunes restent indétrônables), cet enregistrement conserve le potentiel de la surprise, ainsi 'Dust to dust' débutant sur de la guitare sèche après avoir quitté un 'It's time' grinçant et strident. Quoi qu'il en soit, du début à la fin, le groupe n'aura cessé de développer son originalité tout en évoluant, évitant selon moi le piège de l'expérimentation stérile, restant fidèle à une forme d'univers personnel mais aux frontières malléables...Serait-ce une métaphore de la folie ?