Signal › Robotron

Froid, motorique, intense. La cadence est lourde et la mesure est lente, et en arrière plan soufle un air sec qui pourrait aussi bien être le drone d'un réfrigérateur qu'un tunnel d'aération. Et le rythme ne s'arrêtera pas un seul instant : tel le coeur d'un androïde de haute technologie, le kick bat invariablement de titre en titre tandis que la pression augmente lentement tout autour de nous. D'une techno solide et aseptisée à la Pan Sonic, on passe à un gouffre d'infrabasses asphyxiantes presque réminiscentes de Hive Mind ('Malimo', 'Wismut') au dessus duquel les battements continuent invariablement leur traversée ionisante. Les crépitements tels des colloïdes sans cesse perturbés par les tremblements intempestifs sont là tout ce qui fait la vie et le foisonnement au delà et autour de la machinerie ; il sont signe du temps qui passe, éternel nemesis du mouvement cyclique. Alors les machines s'enrayent et grincent ; parfois glissent ou se reforment différemment. Robotron est un grand disque de glitch techno, acéré et tranchant comme une lame de rasoir, et qui se paie même le luxe d'une mélodie liminale sous forme d'une petite basse au milieu des cliquetis sur 'Sporett'. À écouter fort.