Kubusschnitt › Entropy’s Evolution

Que voilà une agréable surprise! Groupe existant depuis 1999, Kubusschnitt semble avoir connu une carrière à l’ombre des grands noms de la MÉ contemporaine. Initialement constitué par Andy Bloyce, Ruud Heij, Tom Coppens et Jens Peschke, Kubusschnitt a connu une carrière en dents de scie, réalisant des albums parcimonieusement au même rythme que le groupe perdait ses membres. Au cours d’une fin de semaine de session d’enregistrement, Tom Coppens et Ruud Heij réalisèrent de nombreux mouvements séquentiels. Mouvements que Ruud Heij amenait à son bon ami Gert Emmens. Fortement inspiré par ses séquences Gert Emmens travaillait ses structures en y ajoutant des lignes de synthés et de basses, ainsi que des solos, du rythme et des arrangements, laissant de la place pour des solos de guitares que Jan Dieterich remplissait, avec quelques bon riffs. Le résultat? Eh bien, Entropy’s Evolution est une extension des œuvres de Gert Emmens, notamment The Nearest Faraway Place, mais avec des structures musicales qui nous entraine dans les couloirs d’un rock cosmique sur 4 longs titres modelés dans les racines d’une Berlin School progressive.
Après une ouverture au débit hésitant, où l’écho des pulsations incertaines épouse des accords de clavier qui tintent parmi un synthé aux inquiétants souffles nocturnes, l’intro d’Uncertainty of Entropy tournoie délicatement dans un manège carillonné où de lourdes strates vaporeuses épousent des bribes de solos perçants. Une brève ouverture à l’approche intrigante avec ses solos qui ululent dans une ménagerie de verre, avant que le tempo morde à pleins accords sur une séquence légèrement galopante et un synthé spectral qui ondoie sinueusement. Uncertainty of Entropy dévie vers un lourd rock cosmique avec de bons solos de guitares qui mordent à plein les riffs sous une séquence qui ourle en cascade et des synthés aux souffles de brume. Lentement, Uncertainty of Entropy baisse sa cadence pour embrasser les arches d’une MÉ plus conventionnelle avec une rythmique un brin incertaine qui s’étouffe dans les brumes d’un synthé vaporeux. Un synthé qui échappe de superbes solos aux torsades bien éthérées sur un mouvement séquentiel nerveux mais contrôlé par les courants synthétisés, amenant Uncertainty of Entropy vers une finale d’éther. L’ouverture de Perpetual Chaos baigne dans une dualité rythmique avec un superbe Mellotron aux cordes mélancoliques qui se chamaille avec un long solo de synthé sur des séquences frétillantes. Les séquences s’isolent et moulent un tempo qui ourle en cascade accompagné de belles nappes mellotronnées. Les percussions déboulent, initiant une structure de plus en plus rock où solos de synthés et de guitares déchirent une lourdeur électronique, avant de succomber à une finale éthérée.
Belles strates d’un Mellotron qui étale sa brume mystique au travers de belles lignes résonnantes, l’intro de Entropy’s Evolution baigne dans le mysticisme total. Une lourde intro vaporeuse, avec des nappes qui ondoient avec une délicatesse qui refoule une approche sombre et ténébreuse. Une séquence apparait et se promène à pas de loup, déjouant les fins arpèges cristallins qui scintillent dans une ambiance devenue plus sereine. Lentement, le mouvement séquentiel s’alourdit et devient plus insistant, zigzagant sur de timides arches sonores avant de tracer un mouvement linéaire sautillant où accords cristallins glanent autour d’un lourd Mellotron aux strates ouatées. La guitare de Jan Dieterich vient ajouter une profondeur mélancolique à un titre tout de même assez ambiant, malgré son rythme lourd et sa ligne séquentielle dont les accords s’entrechoquent légèrement. Un beau titre qui nous ramène en plein dans l’ère du rock cosmique progressif. All Things Lost offre une belle approche séquentielle qui serpente en ascension. Un superbe mouvement qui sert d’assise à un beau synthé aux solos feutrés qui sillonne une structure pleine d’arpèges en suspension, avant que le tempo n’explose avec lourdeur langoureuse où la guitare de Dieterich libère de bons solos.
Entre l’ambiant et le rock cosmique, entre les effluves de Tangerine Dream et de Gert Emmens, Entropy’s Evolution est une belle trouvaille qui trouvera aisément sa place parmi les amateurs de MÉ de style Berlin School et même de Krautrock contemporain. Je ne connais nullement les structures musicales de Kubusschnitt, mais j’ai la vague impression que sur Entropy’s Evolution règne un climat d’improvisation qui se maille et qui fini toujours par trouver sa concordance harmonieuse. Et ça s’explique dans la conception de cet opus, réalisé en 3 temps, et par les collaborations antérieures entre Heij, Dieterich et Emmens qui ajoutent à cet album une touche autant cosmique que progressive, grâce à la mordante guitare de Jan Dieterich. Entropy’s Evolution de Kubusschnitt est une très belle surprise que je recommande fortement aux fans de TD, Space Rok et Gert Emmens.