Television Personalities › I Know Where Syd Barrett Lives

Il semble qu'avec les années 80 soit apparu une nouvelle catégorie d'artistes : les fêlés du bulbe, enregistrant tranquillement chez eux et profitant des petits labels naissant pour diffuser leur musique bizarre et souvent lo-fi. Daniel Johnston en fait partie, de même que Roky Erikson, qui connaîtra une renaissance totale durant ces mêmes années 80... Dan Treacy, le présent songwriter, a toujours plus ou moins flirté avec cette catégorie. Il est une sorte de petit enfant enfermé dans un corps vaguement adulte, perdu dans l'Angleterre tchatcherienne comme un chaton dans un chenil de dogues allemands.. Plus inadapté social que réèl doux dingue, il rend ici hommage au père spirituel de tous les musiciens fous : l'inévitable Syd Barrett. Vous n'êtes pas sans savoir que l'ex-leader de Pink Floyd s'était retiré chez ses parents à Cambridge dans les années 70... Et bien sûr, les spéculations les plus folles allaient quant à son état mental, ses projets, et son lieu exact de résidence, objet de pèlerinage et de harcèlement des fans les plus barges (du genre Julian Cope). Dan Treacy est-il au juste un de ces fans obsessifs, ou un authentique "fool on the hill" parmi ceux évoqués plus haut ? Sans doute un peu des deux. Il raconte ici, avec un fort accent local, comment il va chez Syd Barrett, dans sa maisonnette à la lisière du bois, à Cambridge, puis partage le thé du dimanche et le Sausage & Beans avec lui... "He's very sad" conclut-il, mais ne parle-t-il pas de lui-même ? "Il était très célèbre autrefois, mais aujourd'hui tout le monde s'en fiche, même s'il est vivant"... Et c'est la même chose pour Treacy. Entre vignette mignonne échappée des 60's et tranche de vie glauque des 80's, son cœur balance. Si la version présente ici est une ballade folk primitive sur fond de gazouillis d'oiseaux, plutôt humoristique et guillerette, jusqu'à être une parodie de chanson pour enfants, il existe une version "original demo". Et là, on comprend réellement le génie de Treacy : les gazouillis sont couverts par une guitare surf angoissée, velvetienne et solitaire, et les paroles changent légèrement... le "He's very sad" est rajouté, la tonalité globale change du tout au tout. Une bonne introduction à l'univers extrêmement particulier de ce compositeur, principale force créatrice des Tv Personalities. Arthur The Gardener est une bluette kinksienne chantée faux qui complète ainsi l'un de leurs premiers singles du groupe, 3 ans après leurs débuts et alors qu'il était clair qu'aucune reconnaissance n'arriverait jamais à eux, vu leur décalage absolu avec le monde musical, et même la société qui les entoure.