Tout commence par une pulsation, un flux sanguin, sourd d'abord, comme lointain, des cris en boucle, des bribes de discours, une progression rampante, à ras d'un sol imbibé de sang. Ambiances étouffées, basses écrasantes, saturations contrôlées au millimètre, répétitions nauséeuses... dans le monde cruel de Söldnergeist, rien ou presque n'ose s'aventurer au-dessus de 5000 Hz : tout reste désespérément cloué face contre terre, le nez dans la bourbe, au niveau des cancrelats grouillants que nous sommes. Anti-musique de pure résignation, ce «Spur 2» prend un malin plaisir à glorifier, à grands coups de boucles déchiquetées, la fatalité d'une agonie qu'on devine parfois individuelle («Arsenvergiftung»), parfois collective («Feuertaufe»). Aucune haine ici, juste la froide démonstration, à en glacer le sang, et samples à l'appui, que notre destin s'est paré d'un rictus qui nous sera tôt ou tard fatal. Toute résistance est bien entendu inutile. C'est dans la discipline et le calme que chacun ira à sa perte, en toute conscience peut-être, par passivité certainement. La mort comme délivrance du faix d'être, le coup classique. Et avant cela, l'on s'ingéniera à occire son prochain parce que, égoïsme oblige et ennui faisant, rien ne doit nous survivre... Sorti la même année que les deux premiers volets du «Great Death» de Brighter Death Now, ce «Spur 2», bien moins connu mais tout aussi lourd et oppressant, est tout autant recommandé. La vie est vraiment trop courte pour se priver de ce genre de plaisir. (4,5/6)