Subhumans › EP-LP

A une époque, l'important n'était pas tant de sortir un album que de débuter par un single, voir un second. C'est ainsi que la discographie de certains groupes se limite à une poignées de minis que diverses rééditions cds ont permis de compiler en un seul support. Ce n'est pas le cas des Subhumans mais avant de produire leur premier album, ils s'étaient déjà fait la main avec une belle brochette de Eps, quatre en tout, ici regroupés pour notre plus grand plaisir. L'un des atouts majeurs des Subhumans est leur ouverture musicale avec pour résultat un punk en apparence assez classique mais au final plutôt diversifié dans ses ambiances. Leur premier travail, 'Demolition war' est de ce point de vue plutôt remarquable, les musiciens y mêlent des influences punk rock rapides ('Drugs of youth' et surtout l'excellent 'Parasites', non seulement bien torché dans son riff de base mais qui s'offre le luxe d'un petit solo en plein milieu du titre), une basse quasi psychobilly pour 'Animal' et, plus surprenant, une influence dub sur 'Human error' évoquant une version plus lourde des Clash. 'Reason for existence' me paraît plus homogène, marqué par une production sombre typique de l'anarcho-punk; on notera l'efficace sens de la mélodie ('Cancer'). Avec 'Religious wars', le combo poursuit sur sa lancée en polissant son concept, trompant l'auditeur par certaines intros débouchant sur des breaks inattendus, des accélérations ou à l'inverse, en partant du rapide pour ralentir le tempo ('It's gonna get worse') et repartir de plus belle. On songe forcément à Conflict mais mille et un détails permettent aux Subhumans de conserver leur identité. Le dernier Ep ici compilé sortira juste après la sortie du LP, 'The day the country died' dont il prolonge en quelque sorte le climat. Des morceaux comme le bon 'Germ' achèveront de convaincre les plus sceptiques avant un final évoquant volontiers les tentations rapides de Dead Kennedys. L'impression générale dégagée par cette compilation est celle d'un groupe qui semble n'avoir jamais hésité quant à son style, faisant mouche dès ses premiers essais. La fluidité de ces différentes sorties est telle qu'on pourrait aisément croire que le tout était prévu comme un album...C'est ça le miracle des rééditions cd.