Syndromeda › Von Haulshoven meets Syndromeda

Les univers musicaux de Von Haulshoven et Syndromeda s’entrecroisent sans pour autant se ressembler. Si l’un fait du Berlin School progressif aux effluves de Tangerine Dream, l’autre affectionne autant le Berlin School mais avec une touche plus personnelle et audacieuse. La fusion de ses deux univers, à la fois si près et si éloignés, ne pouvait que donner un résultat à l’image des deux caractères qui sont à l’opposés au niveau des structures musicales, soit une musique hybride où les styles qui ont influencés les deux musiciens s’entremêlent dans cette rencontre musicale qui en laissera plus d’un perplexe.
Entre les ondes poétiques de Klaus Schulze, les errances ténébreuses des synthés flûtés de Tangerine Dream et les soufflés métallisées de Pink Floyd (Wish You Where Here), la lente intro morphique de 21th Century Oscillator Suite est une pure merveille sonore d’un monde cosmique, ambiant et psychédélique. Une oblongue intro qui empile les couches de synthé onirique à celles un peu plus caustiques et cosmiques, dont les sinueux solos aux souffles de vielles orgues baroques se frayent un passage parmi des chœurs chtoniens. Une mise en scène sonore qui survit à un rythme dégradé qui se pointe un peu avant 12ième minute. Un rythme délicat qui se dessine sur une fine ligne de basse ondulante et une séquence qui hoquète à l’ombre de solos un peu plus stridents. Des percussions tombent et habillent le rythme d’une mesure soutenue dans un univers synthétisé ocré où les solos de synthé moulent de douces mélodies vaporeuses, avant de renifler la douceur morphique de son intro. La 1ière portion de Vibrations démontre l’intérêt d’Eppie E. Hulshof et Danny Budts pour l’approche psychédélique post Berlin School. Des ondes caustiques louvoient dans un cosmos tétanisé de sonorités métallisées où d’étranges voix interpellent la brève quiétude de son introduction. Vibrations démarre en trombe avec un mouvement séquentiel cahoteux, ceinturé de lourdes résonnances, alors que les synthés fusent des lignes autant mélodieuses qu’hurlantes dans une sphère sonore hétéroclite où tout est confusion, où les lourds titubements séquencés avancent à tâtons parmi un synthé aux multiples strates bouclées. La 2ième portion revêt une approche nettement plus mélodieuse avec de belles séquences entrecroisées qui mordent une hésitante ligne de basse sous les charmes d’un synthé plus musical. Une dualité des rythmes et des structures qui démontre les antipodes musicales qui nourrissent la hardiesse des deux compères d’un album.
Answers without Questions évolue comme un beau Berlin School aux attraits angéliques. Un beau synthé flûté émerge de son marasme introductif pour tracer une superbe ligne mélodieuse qu’un mouvement séquentiel épouse à merveille. Une superbe fusion synthé/séquenceur qui coule doucement, comme les beaux moments encore incomplets du Dream des années 70, période Encore et Green Desert. Vers la 12ième minute, le duo plonge dans les irrésistibles vapes cosmiques d’un monde sonore parallèle où une brève approche psychédélique ré initie une rythmique engrangée de séquences chaotiques et imparfaites qui allument un synthé aux stridences spectrales très ponctuées. Une finale qui reflète les caractères artistiques très ambigus de deux artistes qui sont si près, tout en étant si loin.