Compilation Groove › Groove E-Day 2009

Les Pays-Bas sont devenus le berceau de la MÉ moderne. Avec des musiciens aussi chevronnés que Ron Boots, Gert Emmens, Nattefrost et autres, les Netherlands ont repris le flambeau Allemand en ce qui a trait à la MÉ aux doux effluves de la Berlin School qui caressent une modernité cadencée et orchestrale moins minimalisme et plus progressive. Ce qu’on appelle le New Berlin School devrait plutôt se nommer le Dutch School. Depuis 2006, le label Groove organise deux festivals annuels, le E-Day au printemps et le E-Live à l’automne, dans la ville d’Oirschot, plus spécifiquement à l’Enck Theater. Le 11 Avril 2009, cette fiesta de MÉ fêtait aussi le 25ième anniversaire de la parution du 1ier album de Wavestar; Mind Journey. Lors de ce festival, tout comme celui d’E-Live tenu plus tard dans l’année, Groove imprime en version limitée un cd-r incluant des titres originaux et uniques des artistes qui participent aux festivals. En attendant le prochain festival de 2010, qui se tiendra le 22 Mai 2010, voici le cd-r du dernier E-Day.
À tout Seigneur tout honneur, c’est à John Dyson, de Wavestar, qu’incombe l’ouverture de ce 1ier CD-R C’est la toute première fois que mes oreilles croisent la musique de John Dyson et je dois admettre que je suis perplexe. Je m’attendais à de solides pièces du genre Berlin School, mais ce sont plutôt de douces mélodies très accrochantes que Dyson propose. Comme Posevalue où un synthé flûté moule une approche médiévale. Le rythme est entraînant et repose sur de bonnes percussions aux directions hybrides sur une structure qui effleure un bref passage ambiant. Signals est une douce mélodie éthérée dont les premiers accords de guitare acoustique se perdent dans de tendres orchestrations synthétisées. Le synthé multiplie les couches émouvantes et harmonieuses qui valsent parmi des accords coulant avec une limpidité attachante. Dyson manie son synthé avec dextérité, moulant des sonorités symphoniques qui parfument une douceur oisive sur des accords égarés de guitares et d’harpes célestes. Une structure qui s’apparente à Outpost, quoique plus dramatique avec ses accords graves qui entourent une tranquille avalanche d’accords aux sonorités acoustiques. L’intensité monte d’un cran avec de très belles strates d’une é-guitare qui foncent vers une batterie aux brefs roulements intempestifs qui se perdent dans de denses orchestrations synthétisées où une pléiade d’accords volatiles voltige avec nonchalance avant de succomber aux frappes d’une batterie lourde qui dessine une rythmique lente et mordante. Comme un blues électronique.
Mascarade de Gert Emmens est dans la plus pure tradition de ses œuvres; intro vaporeuse et cosmique, séquences ondulantes et vallonnées dans une ambiance mi cosmique mi irréelle unique à Emmens. Les solos de synthés fusent sur cette structure hybride où le rythme reste latent, croulant sous de sublimes solos d’un synthé très harmonieux qui échappe ses souffrances ciselées et ses chœurs monastiques sous ses séquences montueuses, avant de sombrer dans un passage sombre et atonal. Subtilement, Emmens remoule le rythme avec des percussions claquantes dont l’écho perce l’opacité nébuleuse avant d’embrasser les suaves et hybrides lignes de synthés aux solos entrecroisés, joignant ainsi la constante dualité cadencée de l’univers sonore de Gert Emmens. Du grand Emmens et parfois, je me demande d’où lui vient toute cette créativité, parce que ça lui sort par les oreilles. Polarstern de F.D. Project louvoie sous une sombre séquence ondulante et des souffles d’un synthé angoissant. Une autre séquence, plus limpide, subdivise le tempo qui devient plus hachuré et qui hoquète sous de bonnes percussions et une ligne séquentielle aussi envoûtante qu’hypnotique. De beaux solos bouclés traversent cette rythmique aux entrecroisements mélodieux, avant que les solos de guitares mordants et éthérés finalisent la progression rythmique de Polarstern. Un titre qui plaira certes aux fans de F.D. Human Metrodome est inconnu pour moi et offre un long titre ambiant aux effluves très Roach avec Cosmic Hweeldi, où les sombres ondes cosmiques soufflent parmi les sinuosités des stalactites de grottes galactiques. Séquences hésitantes, moulant un tempo imprécis, Out of the Box de Stephan Whitlan avance à tâtons dans un univers musical exploratoire où des effluves de Tangerine Dream peuvent ressortir. Principalement à cause de la fusion des strates de synthé et é-guitares qui flottent en boucles sur un mouvement séquentiel hésitant, tapissé de percussions au feutrage métallisé. Autre groupe méconnu qui fait dans l’ambiant très profond, Tetragammon offre en Divine Bliss un voyage cosmique très limpide où tout nous semble à portée de rêves.
Divisé par 3 approches musicales très variées, E-Day 2009 est une belle façon de découvrir l’univers musical de Groove, ainsi que de nouveaux noms et des noms moins connu des amateurs de MÉ (je pense notamment à Dyson, Whitlan, Human Metrodome et Tetragammon) qui gravitent dans cet univers musical aux frontières illimitées qu’est la MÉ. Le prochain E-Day se tiendra le 22 Mai et présentera des artistes forts intéressants en David Wright, Callisto, Free System Project, Erik Seifert et E.R.G. Pour plus d’info, visitez le site de Groove; http://e-day.groove.nl/