Deine Lakaien › April skies

J'ai pris mon temps pour chroniquer celui-ci, dernier album studio en date du duo allemand (il faut dire qu'ils ont probablement été fort occupés depuis avec les célébrations de leurs vingt ans de carrière). A en juger par 'Over and done' dont les beats electro étouffés, les nappes et l'intro electro-orientale bidouillée ont vite fait de rappeler à l'auditeur qui il est en train d'écouter, on se dit qu'on va adorer l'album. Et quand Alexander Veljanov se met à chanter, là, on se souvient que Deine Lakaien, c'est vraiment quelque chose. La suite va confirmer. Le style du groupe a posé ses bases, surprend moins mais a toujours quelques chemins de traverse où nous emmener et cette galette ne fait pas exception. 'April skies' poursuit sur la lancée de 'White lies' avec peut-être un brin de rondeur organique en plus. Le duo ne perd pourtant jamais totalement son sens de la révolte; c'est ainsi qu'après quatre chansons de dark wave mélancolique, 'Midnight sun' tranche soudain par son alternance de tension et de riffs de guitare appuyés, avec vers la fin quelques glissés de violon pour brouiller les pistes et apporter une touche d'espoir dans la noirceur. Deine Lakaien, c'est ça aussi. Et ça repart vers la pop triste avec 'Satellite', sorte de trip hop accéléré, avant un 'Take a chance' rythmé et dansant, plus obscur aussi. Manque de cohérence. Pas du tout, les amateurs savent que cet aspect patchwork, unifié par le chant réellement superbe de Veljanov, est justement la marque de fabrique du groupe. Petite curiosité, 'Vivre' chanté en français. On sourit mais le morceau reste crédible, l'homme s'en sort bien (très peu d'accent en fait), les arrangements sont réussis (magnifique violon). N'y allons pas par quatre chemins, oui, les sons commencent à être connus, 'April skies' est un disque typique de Deine Lakaien, la surprise n'est plus de mise...Juste le plaisir; le plaisir d'entendre des titres de qualité, une pop qui reste malgré tout imaginative et s'autorise quelques notes expérimentales (les bidouillages de 'When you lose'), écouter une musique tissant un pont entre new wave 80's et dark wave contemporaine...Le plaisir enfin de se laisser bercer par cette mélancolie chaude, ponctuée de touches de passion. Qu'en sera-t-il de la suite ? Je l'ignore. Une chose est sûre, si le duo se séparait maintenant, leur discographie constituerait un sans-faute. Deine Lakaien aussi importants que Depeche Mode ? Et pourquoi pas ? 4,5/6