Sharks Keep Moving › Desert Strings and Drifters

Un groupe qui n'aura pas fait long feu, c'est Sharks Keep Moving. Deux EP's et, entre les deux, un album à peine plus long que les deux autres. Rattachés à la cause math rock par défaut en raison de leurs (gentilles) digressions instrumentales, le chant assuré par Jack Snider les rapproche en réalité plus d'une forme de rock indé, tel que pratiqué par Minus The Bear par exemple, groupe autrement plus célèbre et qui s'extraira d'ailleurs de la cuisse des Sharks Keep Moving. Au mieux, les comparera-t-on aux Slint ou à June of 44 : ce chant détaché, nonchalant, paresseux, tourmenté, qui traîne avec lui sa peine et peut-être plus encore le vide abyssal qu'il éprouve. Les guitares érigent patiemment leurs colonnades de notes en spirale jusqu'à laisser tourner les mélodies dans une posture contemplative, trait partagé avec toute la scène post rock. Sur ce premier mini album, la nervosité du groupe est palpable. Sa beauté réside justement dans cette force de caractère qui leur permet de ne jamais se laisser déborder par la colère, créant ainsi une tension interminable comme exemplifié sur les dix dernières minutes de "Arizona" qui répète inlassablement la même syncope rythmique sur les mêmes trois notes jouées au violoncelle. Inévitablement, les avis seront divisés entre ceux qui trouvent le procédé contestable voire limite, et ceux qui trouvent l'idée intéressante voire bandante. En ce qui me concerne, j'en aurais très certainement dit le plus grand bien si seulement le résultat était à la hauteur de la prétention affichée.