D'abord rééditée sur vinyl, la discographie complète de 13th Chime est désormais disponible en cd. Mais d'où sortaient ces types qui sur scène utilisaient deux cercueils adaptés en hauts-parleurs et parsemaient l'espace d'os, de masques tribaux et autres symboles macabres ? De Haverhill, petite cité du Suffolk, qui bien vite vit sa population doubler voir tripler lorsque nombres de familles vinrent y bâtir pour échapper à Londres au cours des 70's. Comme pas mal d'autres formations avant eux, c'est dans le punk, avec The Anticx, que les jeunes gens vont affuter leurs premières armes. Un funeste destin avait pourtant décidé que ce genre ne serait pas pour eux. Avant même leurs débuts en public, leur batteur sera poignardé alors qu'il se trouvait une nuit à Cambridge et s'en sortira de justesse. Steven Woodgate, le bassiste, n'aura pas cette chance. Alors qu'il assiste à un gig de Dead Kennedys avec ses potes, il est pris d'une crise d'asthme qui lui sera fatale. Son ombre marquera à jamais le groupe. Le groupe justement est en train de changer de philosophie; leur goût du surnaturel, le malheur ayant frappé leurs amis, les poussent de plus en plus du côté obscur de la musique, en parallèle de tous ces combos issus du punk jouant une musique de plus en plus glauque, délaissant la politique pour des paroles plus orientées vers le spirituel, l'existentialisme. Le guitariste, Gary O'Connor, est particulièrement intéressé par ce qui touche à l'occulte et consulte une voyante, laquelle a deux fils avec lesquels il se lie d'amitié. L'un d'entre eux justement fabrique des cercueils et Gary a l'idée d'en adapter deux en hauts-parleurs pour la scène. Tout s'enchaîne alors: de nombreux concerts (notamment avec les Dead Kennedys, The Adicts, Spear of Destiny), trois singles, un intérêt marqué de Miles Copeland (frère du batteur de Police, responsable à IRS Records) qui offrira à 13th Chime une semaine de studio...Hélas, le contrat ne sera finalement pas signé. Ce sera la fin, la motivation déclinant, le groupe se dissoudra peu à peu. Restent ces singles, ainsi que quelques autres morceaux réédités sous le nom de 'Lost album' en 2009. Sans surprise, le groupe joue un post punk goth sombre où la rythmique a un rôle prépondérant, rappelant par petites touches certains essais de Bauhaus ('Cuts of love', 'Sally Ditch') ou des miettes de Southern Death Cult ('Sarah's got a chainsaw'). Progressivement, leur son écorché prendra de l'assurance, se fera plus clair, pour se teinter d'une forme personnelle de délire macabre déclinée au travers de plein de petits détails, ainsi la dualité vocale sous forme de dialogue de l'excellent 'Sally Ditch' (personnalisant des structures marquées par 'Kick in the eye'), les ricanements de sorcière de 'Radio Man', les percussions bizarres en arrière-fond de 'Sarah's got a chainsaw' (le titre en dit beaucoup déjà), sans oublier 'Pigs', ambient expérimental tel qu'on aurait pu le trouver chez Premature Ejaculation (visiblement une improvisation vocale sous l'effet des drogues en studio). De quoi faire saliver les fans de goth old school. 13th Chime n'avaient rien de précurseurs et se rangent dans la catégorie des seconds couteaux mais parmi les bons. La sincérité, ça paie.