Le Dédale Des Maudits › Brille au-delà du temps

L'aube s'est levée, un peu fraîche, l'air est calme sur la plaine et l'on s'étonne presque de n'entendre aucun chant d'oiseau percer la brume matinale qui lèche le sol. A bien regarder le ciel, cette journée d'automne s'annonce comme belle; il s'agenouille alors pour passer sa main dans l'herbe humide, laisser le frisson de la rosée glacer un peu son âme et emporter quelques gouttes dans son poing serré...Oui, la journée pourrait être belle et pourtant la terre se met à gronder, un ordre muet qui a percé les gorges et tous se mettent en marche...Là bas au bout de la plaine, les canons sont prêts à rugir, plus le temps de réfléchir, de fuir...Belle, épique, la musique du projet français le Dédale des Maudits, est porteuse d'images; mêlant arrangements néoclassiques, percussions martiales, elle claque sans excès, sans exubérance exagérée, offrant à l'auditeur quelques plages plus calmes ('Le joug du sacrifice', 'Narcose'), presque mystiques, pour laisser la tension lui chatouiller le creux de l'estomac avant que grosses caisses et tambours ne sonnent la charge. L'indus symphonique est un genre ultra saturé, que peut bien apporter de plus le Dédale des Maudits ? De plus, peut-être rien mais 'Brille au-delà des temps' est un disque aux atmosphères porteuses, un savant condensé de roulements et d'instants plus mélancoliques, parfois intimes dans l'émotion ('Duel'), tout est équilibre des forces et équilibre il y a . Et de l'émotion. Il est tentant de recréer un orchestre à renfort de samplers, sequencers et autres miracles technologiques mais bien souvent, le résultat est froid, impersonnel. Le Dédale des Maudits a su contourner l'écueil par une approche délicate, moins guerrière et percussive que souvent chez ce genre de projet, sans pour autant sonner mièvre. De fait, les cinq pièces s'enchaînent de manière fluide, variée, avec un côté cinématographique marqué qui permettra à chacun de laisser son imagination vaquer du côté de Barry Lindon bien plus que du Patriote. La guerre est là, oui, mais pour l'heure, on la devine plus qu'on ne la vit...Et c'est pire.