Guts Of Darkness

Avant d'écrire la chronique de ce disque, je savais relativement peu de choses de Toniutti, sinon qu'il a étudié la musique électronique dans un conservatoire quelconque au début des années 80, et que son champ d'intérêt ne se limite pas à la musique, mais également à la toponymie, l'ethnographie, et les mathématiques (plus particulièrement les théories de René Thom). Ne connaissant pas plus que ça notre homme, j'ai voulu en apprendre d'avantage à travers les interviews qu'il a pu accorder ici et là; mal m'en a pris! J'ai rarement vu un compositeur se réfugier derrière autant de théories bavardes et prétentieuses pour expliquer son travail. Ah oui, lorsqu'on est un artiste d'un certain calibre, on ne parle plus de musique, mais de «travail», voire d'art du son. Il explique par exemple que son processus de création s'articule autour de macrostructures et de mésostructures, que son point de départ est timbral, que son vecteur reste une certaine spontanéité, et que son intention... en fait, je n'ai rien compris à son intention! Et lorsqu'il se croit bon d'ajouter qu'il pourrait écrire des livres entiers sur le sujet, on reste sans voix devant tant de velléité crânement exhibée! Au fond ce type n'a rien à dire, il préfère se regarder faire l'artiste et masquer son absence de talent derrière tout un fatras de théories. On ne retiendra donc rien de ces deux soporifiques pièces, narcissiques au possible. Elles n'apportent rien de plus que ce qui a été défriché par les pionniers des années 60 et 70, et restent bien en deça de ce qu'a pu produire vers la même époque son compatriote Maurizio Bianchi. Un album très décevant pour qui apprécie comme moi la férocité jouissive des productions Broken Flag. A oublier très vite.