M.B. › Mectpyo Bakterium

On observe son propre regard dans le miroir, intensément, inlassablement, jusqu'à épuisement, jusqu'à ne plus s'y reconnaître, jusqu'à y voir un autre. On se détache progressivement de soi. L'autre paraît tellement grotesque, comme vide. On ne sait plus si l'on voudrait le briser, ou l'ignorer. On regarde marcher des êtres depuis sa fenêtre, durant un temps qu'on ne saurait mesurer, sans même avoir l'envie d'imaginer leurs histoires. L'envie, il y a longtemps qu'elle nous a quitté déjà. On n'est ni triste, ni heureux. Ce n'est pas un équilibre, mais une absence que l'on vit. La vacuité de l'être soudain révélée. On est indifférent à l'illusion du monde, on ne cherche plus à saisir la vérité aporétique du factice et du réel. On est à la recherche de la seule chose qui nous importe, de la seule chose qui nous reste: notre propre volonté. C'est par leur inexorable répétitivité que s'accomplissent les deux pièces de ce Mectpyo Bakterium. Donnant à entendre une mélodie morne et étirée pour « Fetish Pinksha », un rythme vain pour « Stérile Règles », elles établissent les axiomes d'une vie sans espoir, annihilent par conséquent tout sentiment de peur, et nous recentrent finalement sur un feu solipsiste dont les braises n'attendent que notre volonté pour être ravivées... à écouter en relisant Ladislav Klima.