Le Syndicat Electronique › Nouvelles Pièces Dissidentes

Avec la parution de cet album sur un sous-label de Membrum Debile Propaganda (label industriel allemand, bien connu à l'époque pour avoir publié entre autres The Grey Wolves, Con-Dom, Slogun, ou encore Inade), Le Syndicat Electronique tend à sortir de son cadre électro underground habituel, pour explorer quelques aspects plus industriels. Le groupe connaît alors une certaine notoriété au sein de la scène electro/minimal wave, ce qui lui permet d'accéder à diverses tribunes d'expression (presse spécialisée, forums, etc). Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ses propos radicaux, intolérants, narcissiques, hautains, ambigus voire douteux, ne passent pas inaperçus. Le groupe s'attirera tout logiquement les foudres de certains journalistes plus ou moins bien intentionnés, qui iront jusqu'à taxer le groupe de raciste. On est en droit de s'interroger : que cherche précisément le groupe? Provocation ou jusqu'au-boutime dogmatique? La question reste toujours entière ; pour ma part, je penche pour une stratégie de communication, en ligne directe avec la posture que purent adopter certains groupes industriels des années 80. Et la musique, alors? Eh bien, disons qu'elle colle parfaitement à l'image du groupe. Ainsi, les rythmes se sont-ils durcis, les quelques mélodies quant à elles soulignées par une habile manipulation des formes d'ondes, des modulations et des filtres (amis de la synthèse soustractive, bonjour !), et la voix devenue méconnaissable, trafiquée à mort derrière le vocoder (« Kampfzeit, wir sind wieder da »). Le ton général est donc glacial, rugueux, imprécateur, distant, sans compromis. Seul le morceau-hommage « 70 », plus enjoué, vient nous rappeller que L.S.E. puise historiquement son inspiration dans la pop électronique de Kraftwerk. Un album radical fortement recommandé.