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Barbara › Ma plus belle histoire d'amour... c'est vous

  • 1992 • Philips 510 898-2 • 1 CD

cd • 18 titres

  • 1Attendez que ma joie revienne2:45
  • 2Moi, je me balance2:36
  • 3La dame brune3:57
  • 4Parce que (je t'aime)3:56
  • 5Au bois de Saint-Amand1:54
  • 6Marienbad4:42
  • 7Si la photo est bonne2:49
  • 8Sid'amour à mort3:43
  • 9Le soleil noir4:00
  • 10Pierre3:00
  • 11Ma plus belle histoire d'amour6:42
  • 12Göttingen2:40
  • 13L'aigle noir4:54
  • 14Nantes4:07
  • 15Dis, quand reviendras-tu ?2:54
  • 16L'île aux mimosas3:38
  • 17Perlimpinpin5:25
  • 18Vol de nuit3:32

informations

chronique

La "dame en noir" méritait certainement une place en ces colonnes. Mais je pensais sincèrement être, jusqu'à il y a peu, la dernière personne à pouvoir la lui donner, tant le timbre de la voix de Barbara, sombre et fêlé, sa diction très "hautaine", son chevrotement parfois, ses liaisons anticipées, ses passages intempestifs de voix de poitrine en voix de tête, bref : sa manière de chanter vraiment TRÈS particulière, m'horripilaient. Et puis la musique... le peu que j'en connaissais me paraissait bien plat. Et ces paroles... "L'aigle noir", non mais qu'est-ce que c'est naze, ce truc. Oui, mais voilà... on ne réduit pas ainsi une telle artiste. Pour elle, comme pour d'autres, alors que vous pensiez y être insensible, tout à coup, par le hasard le plus complet d'une diffusion radio, une émotion inattendue vous étreint, vous bouleverse. Barbara est toujours la même, chante toujours de la même manière, mais c'est vous qui avez changé. Vous êtes devenu plus fragile. Vous êtes soudainement touché au coeur. "Nantes", par exemple, vous la connaissez ? Il s'y déroule quelque chose de très particulier. L'artiste est appelée d'urgence au chevet d'un mourant, à Nantes. Il s'agit de quelqu'un qu'elle n'a pas revu depuis de nombreuses années. Quand elle arrive à destination, il est trop tard : la personne vient de mourir. Jusque-là, l'atmosphère de cette chanson était déjà terriblement belle, prenante, légèrement angoissante ; puis, au moment où l'accompagnement musical s'arrête un instant, où l'on bascule dans une autre tonalité, plus grave, où Barbara chante sur un filet de voix : "Mon père, mon père" (l'identité du mort), on est purement et simplement projeté dans un autre monde, l'espace de quelques secondes, et le dernier refrain ne résonne plus du tout comme avant. Des instants magiques comme cette brusque métamorphose, il y en a d'autres exemples dans ce disque. De véritables "opérations à coeur ouvert sur ses auditeurs", pour reprendre l'expression d'un illustre collègue. Et en ce qui concerne "Nantes", elle subit une nouvelle métamorphose en nous lorsqu'on apprend, en se renseignant sur les mémoires posthumes de la dame, que le père en question lui a fait subir une relation incestueuse durant son enfance. Il en va de même pour "L'aigle noir", dont les contours brumeux deviennent sombres, sinistres. D'une manière générale d'ailleurs, toutes ces chansons sont retorses, travaillées par d'inquiétants fantômes. Ce disque débute tout doucement. Les deux premiers titres, très connus pourtant, sont assez anodins. Je n'aime pas le duo avec Moustaki sur "La dame brune", le seul moment mièvre de ce disque. "Parce que (je t'aime)", mi-parlée mi chantée, avec cette voix déjà si émouvante, commence à nous faire basculer. J'ai d'amers regrets de chroniquer une compilation... Barbara mérite infiniment mieux. Heureusement, une large part est faite ici aux enregistrements publics. Et le frisson est toujours là. Dès le titre "Au bois de Saint-Amant", datant des années 80, où la voix de Barbara s'était déjà brisée définitivement, tous nos poils se dressent au garde-à-vous, et ce n'est que le début. "Sid'amour à mort", également captée en public, avec cet organe vocal écorché, où la chanteuse s'accompagne seule au piano, fait le même effet. Ainsi que "Pierre" : piano au compte-goutte, miracle d'une émotion brute qui vous envahit avec cette voix, qui chante pourtant des paroles aussi graves que "Ô mon Dieu que c'est joli, la pluie." Et puis il y a ces arrangements étranges et sombres au synthétiseur, vraiment uniques en fait ( "Ma plus belle histoire d'amour" ; les trois derniers titres) pour accompagner une voix dévastée ; "Gottingen", "Quand reviendras-tu", au classicisme magnifique. Les trois titres conclusifs, captés en public eux aussi pour notre plus grand bonheur, sont une apothéose - le chant, la musique, la voix, brisée à l'image de l'âme, tout cela coupe le souffle. Écoutez-moi cette version live de "Vol de nuit" ; je ne m'en suis pas encore relevé. Une des plus belles chansons jamais écrites, et, plus encore, interprétées. Je ne mets pas la note maximale car il s'agit d'une compilation mais je vais de ce pas me précipiter sur les live de la dame datant des années 1980. Quelques bas... mais des hauts qui subliment tout.

note       Publiée le mercredi 10 mars 2010

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Très éloigné musicalement bien sûr, mais la même émotion provoquée par une voix qui dévoile ses fêlures.

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    Harry Dickson Envoyez un message privé àHarry Dickson

    Oui, écouter Barbara, c'est avoir souvent la gorge nouée. Et avec "Nantes" alors là... Issue de l'album de 1964 "Dis, quand reviendras-tu ?"

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan  Shelleyan est en ligne !
    avatar

    Tu m'étonnes...

    Note donnée au disque :       
    stankey Envoyez un message privé àstankey

    Ré-entendu depuis si longtemps 'Le mal de Vivre', extrait du concert au Châtelet, l'autre jour sur France Inter ( dans une spéciale ), en faisant de la route...Pétage de cable, la gorge nouée dans le paysage enneigé.......

    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Pas de note pour celui-ci qui n'est qu'une compilation des plus sommaires. Mais Barbara à partir des années 80 c'est effectivement cette invraisemblable voix d'écorchée vive qui vous déchire le coeur. Les 2 doubles live au Châtelet et celui de Mogador sont absolument bouleversants. N'avoir jamais vu la longue dame brune en concert restera un de mes plus grands regrets...