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Cheikha Rimitti › Sidi Mansour

cd • 8 titres • 65:47 min

  • 1Ngahni Ki Ma Nabghi6:32
  • 2Sidi Mansour7:42
  • 3Ha Raï Ha Raï7:45
  • 4Rah Jey8:03
  • 5Rouked El Achra11:47
  • 6Maheyni Maheyni6:06
  • 7Rah Yabki12:00
  • 8Serrer À Droite Et Stationner5:42

informations

Voix et percussions enregistrées au Studio de la Bastille et au Studio de la Madeleine, Paris, par Stéphane CAISSON. Percussions enregistrées par Pierre ( ?) au Terroire (France). Basses, guitares, batteries, cuivres et violons enregistrés par Geza X à City Lab, Los Angeles. Saxophones et pistes MIDI enregistréés par Houari TALBI et JVB au studio Silences. Mixé au studio Davout par Christophe DUPUY. Assistant Hubert SALOU. Mastering par Frederic MARIN à Translab, Paris.

line up

East Bay Ray (guitares), Flea (basse), Bruce Fowler (trombone), Robert Fripp (guitare, Frippertronics), Geza X Gedeon (guitare rythmique), Cheikha Rimitti (voix, gallal), Houari Talbi (saxophones, séquenceurs, claviers, sampling), Hamid Ahssant (darbouka), Aziz (bendir, tahreja, karkabou, gallal), Abdelillah Benzin (bendir, tahreja), Walter Fowler (trompette, flugelhorn), Sonia (tambourin), Joseph Berardi (batterie), David Kendrick (batterie), Bill Rhea (violons), Dan Fornero (trompette haute), Meki (gasba), JBV (ordinateurs, sons, effets)

chronique

  • west coast club international raï

Ç'aurait pu être une histoire de plus, post-coloniale, Ordre Nouveau, tout juste ; une rencontre inutile, indésirable ; une tintinabulade : Cheikha aux Amériques ; pire que tout : une fausse bonne idée ! Parce qu'à lire, comme ça, la liste des sommités conviées, des prestiges disparates, on imaginerait aisément des amalgames bizarres, incongrus, même malvenus. De l'incompatible, du dilué, du compromis. Du délité. Qu'on tente d'y songer, la prospective s'y perdrait à moins : une basse élastique habituée aux portés de fonte (Flea des Red Hot Chili Peppers) ; la guitare vicieuse, écarlate et mercurielle d'un certain Monsieur Fripp (bien-sur, celui-là même...) ; celle plus droite, plus innocemment agressive d'un punk poussé sous un soleil à l'éclat de chrome (East Bay Ray des Dead Kennedys) ; un frappeur en tungstène qui naguère portait d'étranges couvres-chefs pour scander de très curieuses harangues (batteur chez DEVO, c'est dire)... Et puis des cuivres entendus chez Zappa. Et d'autres Arabes (dont certains ne le sont pas, d'ailleurs) qui syncopent en experts sur des peaux aux noms exogènes, anciens, claquent des paumes tout comme au bled, en savant étourdissement, font gémir des violons sinueux, étrangers à ceux d'Hollywood...

On pourrait douter. Légitimement, s'intriguer. Se demander, tout simplement, si au milieu de tous ceux-là - de tous ces échanges de bandes, ces manipulations d'un studio, d'un continent, d'une ville à l'autre - elle saurait trôner, pourrait s'épandre, couler forte et libre, la voix de la Vieille ! Porter si haut ses mots malpolis, de ceux qui font rougir le front des filles à peine pubères et - d'un plaisir moins ignorant - enflamment, d'une même inflexion, l'épiderme aguerri d'autres vivants alentours. Mais ces questions, toujours, ne sont que théorie ! Et tout de suite il les emporte et il nous prend : cet organe de roc aux ivresses d'hydromel. Il nous attrape, corps acquis. Il détruit, aussi, le soupçon -finalement si peu excitant, car les publicitaires, à nous le vendre ainsi à l'époque, manquèrent de fantaisie autant que de pragmatique à-propos - d'un album "d'indie raï", d'un maquis de synthèse aux ronces plaqués de modernes brillants. Non...

Ce qui sonne, ici, ce qui nous aspire et nous habite, c'est un monde en travail, certes, mais bien plus vaste qu'une simple expérience, vivace et imparfait comme une plante pollinisée par les hasards du vent. Si parfois - certes - on sent que s'étire quelque peu son drôle d'espace, qu'il persiste à ses textures quelque grain moins essentiel, ces flottements même finissent par faire Charme. C'est qu'une fois encore, la dame est souveraine. Que la musique tout entière semble jaillir de ses exhortations. C'est que toujours sa gorge exhale roses et agrumes amers, sèves irritantes et souffle long, narcotiques et stimulants. Et si la fête semble si jeune ça n'est guère, à tout prendre, pour l'inédite compagnie. C'est qu'elle, toujours, semble railler le temps ! cette fée de lave et d'eau vive aux mains comme gravées de henné en lacis. Pour toujours multiple, inextinguible en son vouloir : qui toise l'obstacle et qui veut l'engloutir... Ce timbre à l'autorité sans réplique, qui allume le ventre et fait déborder, en flots soudains, la lumière qui fascine et libère d'un seul rai.

Alors... qu'importent les genres éclatés, les arrangement ça et là tissés : basses ondulantes ou bondissantes, reggae à la douceur de brises mélancoliques ; accords simples et ferrugineux, voûtes et volutes ambiantes aux profondeurs chantournées. La sophistication des ensembles assemblés ne fige, n'étouffe rien de cette déferlante. À peine, par moment, diffère-t-elle l'emportement là où d'autres bandes - celles-ci nullement hybrides : poreuses, plus simplement comme l'est cet art-ci de toute éternité - peuvent nous cueillir d'un bout à l'autre sans jamais nous lâcher. Rimitti aux Amériques... Mais alors on se déchausse pour entrer aux buildings. On y sillonne, en rondes, des sables moins foulés : ceux d'un erg Oranais qui sourd où crochent les pointes aux fibres synthétiques.

note       Publiée le mercredi 3 mars 2010

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Je réécoute ce disque en ce moment, pas tout à fait (concernant les musiques "world" et la façon dont elles articulent des trucs à priori étrangers les uns aux autres) voire pas tellement (concernant l'humeur générale, ma vie blabla etc.) dans le même état d'esprit qu'à l'époque de cette chro... Bon, je ne renie pas le côté "ça marche" de l'album, le côté "ça ne sonne pas plaqué", au contraire, j'aurais tendance à l'aimer davantage aujourd'hui ! ... Mais je lui entend un côté presque S.F., plus qu'à ce moment là - une espèce de projection raï-à-L.A. avec design futuro/cyberpunk qui me frappe encore beaucoup plus maintenant (même si en me relisant, je me dis que j'avais dû penser vaguement un truc comme ça, CF la conclusion de mon pavé)... J'ajoute une reco qui va bien dans cet esprit là, tiens, aussi, vu que je n'y avais pas pensé avant !

Message édité le 08-07-2022 à 16:39 par dioneo

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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(le toc de l'extrait compulsif casse les pieds, mais pour ceux que ça risque de parasiter aussi celle-ci est sur la radio rebeu : http://www.hibamusic.com/lillette-el-ouihda-cheikha-rimitti-1806.html)

Raven Envoyez un message privé àRaven
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Le morceau que Proggy avait mis dans sa radio spéciale Fripp (Lillette El Ouihda) est une tuerie oui... pour le coup ici, l'apport des deux occidentaux (Fripp donc, et Flea) venait pas désacraliser la mama...

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Bah c'est une chanson écrite par Jijigé donc oui... C'est non ! (Et franchement non même en dehors même de cette raison pas tout à fait inattaquable, en effet, hein).

(Bon, ça m'a donné envie d'aller repêcher "Derna Lamour fi Baraka etc", tout ça, toujours !

C'est malin).

Note donnée au disque :       
Jean Rhume Envoyez un message privé àJean Rhume

On va pas trop digresser dans les comm de cet album (que je ne connais d'ailleurs pas) mais c'est vrai que le tournant "made in France" a été une cata. Quand j'ai entendu "Aïcha" qui est quand même une chanson vraiment merdique, j'ai été quasi époustouflé qu'il accepte de chanter ça (mais bon, on va pas cracher sur une petite entrée d'argent). Il y a des hybridations qui fonctionnent mais ça, c'était vraiment affreux... et surtout le début d'une série qui en a mis quelques-uns dans le vent, la variétisation du raï (duraille).