Vous êtes ici › Les groupes / artistesHHüsker Dü › Warehouse : Songs and Stories

Hüsker Dü › Warehouse : Songs and Stories

cd • 20 titres • 68:39 min

  • 1These Important Years
  • 2Charity, Chastity, Prudence And Hope
  • 3Standing In The Rain
  • 4Back From Somewhere
  • 5Ice Cold Ice
  • 6You're A Soldier
  • 7Could You Be The One?
  • 8Too Much Spice
  • 9Friend, You've Got To Fall
  • 10Visionary
  • 11She Floated Away
  • 12Bed Of Nails
  • 13Tell You Why Tomorrow
  • 14It's Not Peculiar
  • 15Actual Condition
  • 16No Reservations
  • 17Turn It Around
  • 18She's A Woman (And Now He Is A Man)
  • 19Up In The Air
  • 20You Can Live At Home

informations

Produit par Bob Mould et Grant Hart - Ingé-son : Steven Fjelstad - Masterisé par Howie Weinberg

line up

Grant Hart (batterie, chant), Bob Mould (guitare, chant), Greg Norton (basse, chant)

chronique

Hüsker Dü, sur leur album-testament le plus pop, restaient un groupe extrême. D'abord par leur son aigrelet-maigrelet, à la fois fragile et abrasif, ironiquement pas du tout "HD". Délibérément axé sur ces aigus en aiguilles, ce qui n'empêche pas les détails et subtilités de se bousculer au portillon. Aimé ou détesté, voici un criant spécimen de ce qu'ils nomment là-bas "acquired taste". Il faut rappeler que Bob Mould était le même genre de gars que Steve Austin : un incurable punk, qui pensait émotion et énergie brutes ; pas production, ou confort. Il faut donc, pour pouvoir savourer le Saint Dü, d'abord accepter l'idée d'une absence de gras - pardon, de graves... ce qui ne veut pas dire absence de basse ! Au pire, vous pouvez jouer avec les molettes bass/treble de votre ampli, mais ça ne changera pas fondamentalement la sensation (mot contenant les lettres "s s t") très "hüskerienne", de se faire céruser les tympans par de la laine de fer rose bonbon ou bleu ciel. Quoiqu'il en soit, rappelez-vous : Warehouse, c'est du pop-rock qui s'écoute comme du black-metal. Faut accepter le grésil, le papier-ponce, passer par les ronces. Et vous prendrez alors facilement la mesure de leur fantastique personnalité, de la magie du "truc" de Hüsker Dü, bien plus grand et touchant qu'il n'y paraît à première écoute. Ce "truc", qui fusionne la mélancolie et l'urgence, pour les fourrer dans un friand de rouille et d'étincelles. Warehouse est sûrement moins foutoir-décharge que Zen Arcade, sous ses airs plus légers : ils avaient déjà bien entamé cette popisation avec Candy Apple Grey et Flip Your Wig, je l'entendais déjà même avant, elle se frayait un chemin dans la casse automobile, les débris coupants... Du reste, comme Zen'Arc, cet album fait quand même pas loin de 70 minutes lui aussi. Et elles sont bien remplies, mais de mélodies, surtout. Warehouse en déborde, façon bain moussant tragique. Il se passe énormément de choses dans cet album-testament, et elles ont toutes un rapport étroit avec l'émotion.

Mould signe ici quelques-unes de ses plus belles chansons, au milieu de riffs furtifs aux effets insoupçonnés : d'abord la magique "Ice Cold Ice", avec son refrain qui évoque l'intro de "New Day Rising" en version college rock, et qui reste peut-être celle qui me touche le plus. Ou "Could you be the one", armée d'imparables rythmiques et mélodies, et d'un solo n'ayant rien à envier aux morceaux les plus épiques de formations comme Udeux... La poguesienne "She Floated Away", une de ces sea shanties de mecs qui ne quitteront jamais le port, et qui se constelle de sons cristallins - une des merveilles absolues du groupe, aux percussions d'améthystes et à l'émotion brute de chez pure à travers la paille de fer... Et puis au sommet du Dü, c'doudou : "Bed of Nails" la sublime, ce vent-boomerang l'ouvrant, cette voix complètement perchée, digne des morceaux les plus émouvants de Marillion époque Fish (pourquoi pas après tout ?) Que dire ? Quelle émotion, exactement, passe ici ? Dans cette fougue brûlante, unique, en sarments électriques, si propre à Hüsker Dü. Qui sonne ici comme de la musique de campus, mais dans la chambre d'un adolescent qu aurait décidé de se faire la malle, de tracer road-movie, fugue en mode Minnesota. Mais sans jamais pouvoir sortir de cet état proche de l'Iowa. Toujours prisonnier du quotidien, de sa griseur et des choses trop lourdes qui l'entourent, dans les architectures à la va-vite, dans la tête des bas-du-front. Échapper au monde, à son corps, et ses obligations de carrière, au Nord qui ronge l'humeur, au vert aussi monotone que le gris... Hüsker Dü patauge dans le lo-fi mais aspire à l'élévation. Son chétif, les guitares toujours de paille, la batterie aussi percutante qu'un cheveu. Mais quelques-uns des tous meilleurs morceaux de leur carrière, c'est ce que les réécoutes m'ont raconté. Hüsker Dü est sur le point de mourir ; mais c'est peut-être bien sur cet album qu'il est le plus vivant. Plus j'ai parcouru Warehouse, plus j'ai réalisé qu'il contenait à peu près que des chansons au minimum belles, comme des fleurs poussant dans un amas de fils de fer emberlificotés. Ne s'agit-il pas de leur album le plus touchant ? Si bien attifé de couleurs acidulées, dans cette pochette dont une partie des années 80 est comme restée prisonnière. L'Amérique des cœurs en charpie, loin du rêve et près des briques, racontée par des punks hypersensibles.

Très bon
      
Publiée le mardi 24 septembre 2024

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Warehouse : Songs and Stories" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Warehouse : Songs and Stories".

notes

Note moyenne        5 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Warehouse : Songs and Stories".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Warehouse : Songs and Stories".

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
avatar

put*n de double album, ça , encore. Et ouais, "Bed Of Nails", direct dans le foie, comateux-passif-aggressif, je ne sais pas quelle émotion non plus, mais ça a voir avec la TRISTESE. Et "Could You Be The One?" etc etc... ça devrait être ça le punk. et ça devrait être ça le rock. Incompréhensible que ce groupe n'ait pas plus été imité (je veux dire vraiment, avec cette prod impossible).

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

L'histoire colle assez avec ce que tu dis dans la chro, de toute manière, et oui, décidément ça marche pour un paquet de groupes de l'époque (dont beaucoup de bons)... Des gens qui dès le début ou à un moment de leur truc ont eu envie de faire de la pop mais avec une approche, une éthique, des "valeurs de production" indécrottablement punk ! L'inverse symétrique étant aussi parfaitement vraie vue que les punks en question s'étaient pour la plupart gavés toute leur enfance/prime jeunesse de musiques populaires pleines de mélodies. (cf les mêmes Hüsker Dü reprenant les Byrds bien avant le disque ici chroniqué, les Pixies et leur légendaire annonce "cherche bassiste qui aime Hüsker Dü {bah tiens} et Peter, Paul & Mary"... Et puis bon, tous les trucs lo-fi à la Pavement, Sebadoh, Sentridoh...).

Message édité le 25-09-2024 à 14:31 par dioneo

Raven Envoyez un message privé àRaven
avatar

Sinon concernant REM-Nirvana, je renvoie à Fables et la chro... Il y a du Nirvana brut d'alambic dessus, sans exagérer.

Message édité le 25-09-2024 à 14:22 par Raven

Note donnée au disque :       
Raven Envoyez un message privé àRaven
avatar

Oui il y a du REM aussi, dans ce HD. Enfin plus celui de Murmur, que je me suis tâté à mettre en reco (ou des deux suivants). On disait ça des Replacements sortis à cette époque aussi, mais le style Mould est beaucoup plus corrodé, moins Springsteen, que chez leurs "collègues" de Minneapolis.

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Globalement, tous les articles qui rapportent cette citation disent à peu près ça :

"Nirvana frontman Kurt Cobain sought out Albini because he had produced two of Cobain’s favorite albums, Surfer Rosa (1988) by the Pixies and Pod (1990) by The Breeders. Albini was not a big fan of Nirvana’s music, later stating that he had considered them to be “R.E.M. with a fuzzbox”, but agreed to work with them since he felt that they had been exploited by their label and management."

Il aurait donc bien dit ça, se serait rappelé avoir pensé ça du groupe à posteriori, après la sortie d'In Utero... Mais quand exactement, ça reste assez flou ! (Pas trouvé la source pour le moment, l'article, interview ou quoi où il aurait dit ça).

Message édité le 25-09-2024 à 14:18 par dioneo