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Jacques Brel › Les marquises

  • 1997 • Barclay 810 537-2 • 1 CD digipack

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Int      lundi 16 janvier 2023 - 17:24
No background      jeudi 5 septembre 2019 - 22:51
Jeff 242      mercredi 28 novembre 2018 - 22:24
TIASMA      mercredi 19 septembre 2018 - 11:36
DukeOfPrunes      mercredi 8 mars 2017 - 13:34
Brainback      mardi 20 octobre 2015 - 11:26
Crime      mardi 8 janvier 2013 - 00:31
Canicheslayer      vendredi 27 août 2010 - 02:44
Etibamecus      vendredi 28 mai 2010 - 14:15
ewins      jeudi 25 mars 2010 - 21:26
Shelleyan      dimanche 7 février 2010 - 21:05
Raven      dimanche 7 février 2010 - 09:25
floserber      dimanche 7 février 2010 - 08:07
fc      dimanche 26 octobre 2014 - 08:11
JefDeSedijaf      samedi 24 mai 2014 - 21:16
zugal21      vendredi 31 mai 2013 - 20:57
SEN      lundi 5 décembre 2011 - 19:39
Guy Liguili      dimanche 23 mai 2010 - 02:45
taliesin      jeudi 11 février 2010 - 12:34
Charles Pasqua      lundi 8 février 2010 - 22:41

cd • 12 titres • 48:06 min

  • 1Jaurès3:37
  • 2La ville s'endormait4:36
  • 3Vieillir3:42
  • 4Le Bon Dieu4:44
  • 5Les F...3:27
  • 6Orly4:20
  • 7Les remparts de Varsovie4:06
  • 8Voir un ami pleurer3:53
  • 9Knokke-le-Zoute tango5:10
  • 10Jojo3:11
  • 11Le Lion3:27
  • 12Les Marquises3:53

informations

Studio Hoche, Paris, France, en septembre et octobre 1977.

On appelle souvent cet album "Les marquises" (et il apparaît ainsi dans certains catalogues) bien que son titre original soit "Brel".

line up

Jacques Brel (voix), François Rauber (direction d'orchestre), Gérard Jouannest (piano), Marcel Azzola (accordéon).

chronique

"Mourir, cela n'est rien, mourir, la belle affaire..." Ce disque-testament est, tout entier, un exorcisme, une dernière chasse aux démons, avant la victoire de la Faucheuse qu'on sait toute proche. Il serait vain de s'appesantir, aux vues de la masse de documentation disponible sur Jacques Brel, sur les circonstances dans lesquelles il fut enregistré. Pourtant, elles sont si éloquentes... Déjà opéré d'un cancer, Brel se retire en Polynésie pour y jouer l'avion-taxi. Il veut mourir là-bas, mais refait un saut à Paris pour y enregistrer le disque qu'on nomme communément "Les Marquises", son chant du cygne avant de retourner dare-dare dans l'hémisphère sud finir ses jours. "Brel", c'est donc l'ultime danse. Celle où l'on donne tout ce qu'il reste en nous. Le sexe et la mort en constituent d'ailleurs la thématique principale ; cet album est donc, et dans tous les sens du terme, essentiel. C'est le plus extrême de Brel, et, sans doute, le plus sombre. Mais venons-en aux faits. Le sexe, d'abord : c'est le génial "Knokke-le-Zoute Tango" où Brel étale phantasmes et misères sexuelles, tour à tour suprêmement arrogant et terriblement pathétique ; et ce sont ces mêmes obsessions qui traversent tous les titres. La mort, ensuite. Omniprésente dans ce disque... elle est l'occasion des chansons les plus tragiques, les plus terribles de Brel : les ouvriers qui "rampent jusqu'à la vieillesse" dans "Jaurès", où la voix de l'artiste est presque nue, accompagnée seulement par un accordéon triste ; "La ville s'endormait... et mon cheval boueux et mon corps fatigué...", fulgurance d'images de lassitude, sans syntaxe, déroulée sur des cordes mélancoliques et monotones ; "Vieillir" : un bras d'honneur à la Camarde qui approche, chanson magnifique en forme d'auto-suggestion, comme pour se persuader des bienfaits d'une mort prochaine ("mourir baiseur intègre entre les seins d'une grosse..." dans un autre contexte, on pourrait presque en faire une apologie du suicide) ; "Orly" et l'adieu des amants : "la vie ne fait pas de cadeaux..." : il s'adresse à nous, à lui-même, en rendant l'anecdote universelle. Ce dernier album est aussi celui où Brel règle tous ses comptes, sans aucune pudeur, comme pour se délivrer enfin... "Mais les femmes toujours ne ressemblent qu'aux femmes, et d'entre elles les connes ne ressemblent qu'aux connes" (La ville s'endormait) ; il balance sa haine et ses insultes, sans vergogne, aux nationalistes flamands qui d'après lui pourrissent sa région natale ("Les F...") Et puis il y a de ces chansons à coeur ouvert, d'amour et d'amitié, que Brel chante les tripes à l'air en nous emmenant avec lui, comme personne d'autre ne peut le faire, sans jamais tomber dans la mièvrerie (et il aura ainsi séduit tant d'artistes qu'on croirait aux antipodes) : "Le bon Dieu", "Voir un ami pleurer", "Jojo", qui ne voit plus d'ami pleurer mais qui pleure un ami. Seuls deux morceaux réellement légers (quoique très plaisants, bien sûr) viennent rompre l'atmosphère dominante : "Les remparts de Varsovie" et "Le lion", mais ça n'est que broutilles. "Les marquises", qui clôture l'album, est étrangement détachée du reste, en apesanteur, comme si, effectivement, en sachant qu'il allait retourner à l'autre bout du monde pour ses derniers mois de vie, Brel avait déjà dépassé la mort, se prélassait dans un au-delà aux contours flous et attrayants... Je me souviens de conversations au lycée, sur les mérites respectifs du chant dans le rock et dans la musique classique. Nous en étions venus à la conclusion que le plus important, ce n'est pas de chanter juste, ni bien, c'est d'y mettre son âme, ses tripes, tout son être... En ce sens, et nous étions trop jeunes pour le savoir, Jacques Brel, qui ne faisait pourtant ni rock ni musique classique, était un des plus grands chanteurs de tous les temps.

note       Publiée le dimanche 7 février 2010

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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ouiiiii

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Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Faudra vraiment que je chro l’homme de la mancha un jour.

Raven Envoyez un message privé àRaven
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"La ville s'endormait", ça calme bien quand même. J'en suis toujours pas revenu, de ce crépuscule.

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No background Envoyez un message privé àNo background

Les cinq titres posthumes issus des mêmes sessions sont tout aussi indispensables : Sans exigences, Avec élégance, Mai 40, L'amour est mort, La cathédrale (ainsi l'album se termine sur "Ne vous réveillez pas").

Note donnée au disque :       
Lau Envoyez un message privé àLau

Oh tient, Brel sur Guts ! Comme d'autres, il m'a fallu du temps pour découvrir Brel, que j'écoute beaucoup en ce moment. Je ne suis pas déçue de le découvrir que maintenant, il faut avoir vécu quelques douleurs pour pouvoir être ému par son éloquence particulière, sa manière à lui d'être si parfaitement pathétique. Un bien bel album pour flinguer le moral d'une trop belle journée.