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Dälek › Gutter Tactics

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born to gulo      mercredi 31 mai 2023 - 14:03
Klarinetthor      lundi 8 février 2016 - 22:27
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Kobahlt      vendredi 26 mars 2010 - 22:04
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Sigur_Langföl      jeudi 4 février 2010 - 02:19
torquemada      mercredi 3 février 2010 - 17:22
ericbaisons      mercredi 3 février 2010 - 10:55
Fryer      mercredi 3 février 2010 - 01:29
Int      mercredi 18 janvier 2023 - 20:18
taliesin      dimanche 24 janvier 2021 - 17:33
Saïmone      mercredi 3 février 2010 - 14:51
Noohmsul      mercredi 3 février 2010 - 11:03
magnu      jeudi 18 septembre 2014 - 22:09
Møjo      mercredi 3 février 2010 - 08:48

cd • 11 titres • 50:24 min

  • 1Blessed Are They Who Bash Your Children's Heads Against a Rock
  • 2No Question
  • 3Armed with Krylon
  • 4Who Medgar Evers Was...
  • 5Street Diction
  • 6A Collection of Miserable Thoughts Laced with Wit
  • 7Los Macheteros/Spear of a Nation
  • 8We Lost Sight
  • 9Gutter Tactics
  • 102012 (The Pillage)
  • 11Atypical Stereotype

informations

line up

MC Dälek (voix, production), Oktopus (production)

chronique

  • shoegaze / hip-hop > « distorted prose »

Avec leur 4ème album, Gutter Tactics, Oktopus et MC Dälek ont voulu prouver, et peut-être se prouver à eux-mêmes, qu’ils n’avaient pas oublié d’où ils venaient. Le nom de Malcolm X est prononcé dès la première seconde du disque, donnant le ton : Blessed are they who bash your children’s heads against a rock (« they » étant l’Amérique, empruntant ici les bonnes vieilles méthodes néo-nazies) n’est autre qu’un discours du Révérend Wright, le prédicateur enflammé que les plus paranos voyaient comme le mentor d’Obama, et qui ne s’est pas gêné pour dénoncer les innombrables casseroles de son pays au lendemain du 11 Septembre, tel Malcolm X juste après l’assassinat de Kennedy. Le ton est donné : Gutter Tactics est un album politique. Dälek se débat pour affirmer son côté black power au milieu de tous ces blancs, comme en proie au doute terrible d’avoir délaissé leurs convictions. « Ce que je crache, c’est du hip-hop, c’est pas toi qui décide » rappe MC Dälek dès le premier morceau, quand ce n’est pas « A black president don’t ensure the sun shine / a rich president represent his own kind », ou comment garder la tête froide en rappelant une réalité immuable. Who Medgar Evers Was… est encore un titre éloquent, où le MC s’y montre obsédé par l’histoire de son peuple, convaincu que le savoir est l’arme absolue contre les démons qui semblent le hanter. Jusqu’à la caricature de Spear of a Nation, qui tourne à l’énumération et au name-dropping historique pur et simple, comme du Zack De La Rocha qui taperait un texto. Voilà pour la politique. Globalement, si le simple fait de percer à ce point dans le public blanc/pointu/geek/middle-class/dark/musiques lourdes pour un groupe de hip-hop de gros blackos, sans sacrifier une once d’agressivité sur l’autel de la mélodie suffit de faire de Dälek un groupe subversif, on retiendra des lyrics de ces « tactiques du caniveau » un chose : MC Dälek ne c’est pas foulé. De quoi relancer l’éternelle question du hip-hop US : jusqu’où la forme peut supplanter, voire anesthésier le fond ? Tout cela n’est pas vraiment le but avoué du groupe, au final. MC Dälek radote un peu, c’est un fait. Mais ce qui fait l’intérêt de Gutter Tactics, c’est le son. Cette prod impénétrable, farcie de mugissements d’outre-tombe, qui nous jumpe à la face dès que le Révérend Wright termine sa diatribe, à peine a-t-il repris son souffle (et nous avec) qu’Oktopus fout l’contact et démarre le gros bobcat géant, pour les deux premiers titres, les plus durs et blockhaus, les plus difficiles. Et lorsque la tourbe massive se retire à la fin de No Question, laissant apparaître le beat primal et les basses rondes qui le charpentent, on réalise soudain que Dälek s’accroche bel et bien au hip-hop de toutes ses forces, comme pour ne pas céder à une certaine facilité (mais s’exposant ainsi à une autre forme de facilité…), maintenant que le groupe est devenu le chouchou d’un public blanc et relativement néophyte en musiques black. Pas de trêve, s’ensuit Armed With Krylon et ses couinements suraigus sur fond de bulldozers en furie… Qui n’en est pas moins le titre le plus faible du disque, particulièrement lourd et pataud, pauvre en flow et en lyrics, sauvé par l’horrible densité du mur de son d’Oktopus, dans lequel des fantômes semblent avoir été emmurés vivants, figés dans un mouvement de désespoir comme sur une fresque démoniaque. Plus consistant, le monstre Who Medgar Evers Was se conclut sur des claps funèbres et d’une dérision sans pitié… Le titre est organisé de manière symétrique (lyrics et son), articulé autour d’un ralentissement de beat tétanisant comme jamais, parcouru de samples et d’écho suspects… enfin un peu de prise de risque. La suite est plus calme, tapissée d’ambiances un peu shoegaze, voire rêveuses, comme sur le court A collection of miserable thoughts… et sa contrebasse spatiale, ou 2012, à l’instru cyclothymique et superbe. Il faut attendre le morceau titre ou Atypical Stereotype pour retrouver les murs de noise déchiquetés. Au final, un des albums les plus riches et ardus d’accès qu’il m’ait été donné d’écouter, terriblement long en bouche et recelant moult fulgurances de beauté ou de douleur pure, comme l’envolée de papillons métallique de No Question ou les cris éplorés de machine qu’on torture surgissant au début de Street Diction. Abandoned Language dénotait clairement une volonté de fuir la répétition, de ne pas de laisser enfermer dans l’image du « groupe de rap qui faisait du shoegaze/indus » ; mais pour Gutter Tactics les choses sont plus compliquées. C’est un conglomérat de métaux rouillés qui avance, nous écrase et nous enserre, ainsi que le pauvre MC Dälek, souvent étouffé par la noise très, très méchante pourvue par Oktopus sur cet opus… Ça saigne, ça cogne, ça geint, ça crisse… Mais toujours dans un brouhaha sourd et gorgé de sons peu identifiables qui maintiennent une cohérence planante, à la fois shoegaze et doomy, sur tout l’album. Gutter Tactics nous fait aimer la douleur, comme Loveless, et ça c’est la marque des grands. Reste qu'ils sont capables de mieux. On aurait aimé un peu plus de nouveauté, car avec cette recette-là, Dalëk, absolument seul sur son créneau, peut encore continuer longtemps avec succès sans varier d’un poil… 

note       Publiée le mercredi 3 février 2010

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Va direct à Precipice, c'est à peu près le niveau de celui-ci et Abandoned Language, soient les meilleurs.

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SEN Envoyez un message privé àSEN

Raaah c'est fabuleux quand même Dalek, j'ai les précédents mais aucun des suivants... J'espère que ça mérite d'aller plus loin !

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Le plus violemment addictif ? C'est bien lui.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Messire, vous avez bu.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Meilleur qu'Abandoned Language (qui m'a d'ailleurs gonflé à la dernière réécoute), pour moi, avec les années... Donc 6, ouais. Absence-Gutter-Precipice ferait une belle trinité dälekienne; là comme ça, dans ma tête (alouette).

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