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Igor Stravinsky (1882-1971) › Symphonie de psaumes

cd • 7 titres • 52:04 min

  • 1Symphonies d'instruments à vent (1920) 9:16
  • Symphonie de Psaumes (38, 39 et 150) pour choeur et orchestre (rev.1948) | 19:59
  • 2Exaudi orationem meam, domine3:12
  • 3Expectans expectavi dominum6:08
  • 4Alleluia, laudate dominum10:39
  • Symphonie en trois mouvements (1945) | 22:39
  • 5I. noire à 1609:56
  • 6II. andante - interlude (l'istesso tempo)6:37
  • 7III. con moto6:06

informations

Enregistré à la Philharmonie de Berlin en février 1996. Producteur executif : Rober Wright; Producteur : Karl-August Naegler; Ingénieur : Jobst Eberhardt

Sur cette oeuvre, la version de Bernstein est sans doute plus habitée, plus fervente, et ainsi moins énigmatique. Mais j'ai pris mon parti avec ce disque, entre la cohérence de son programme et la clarté de lecture exceptionnelle, propre à Boulez.

line up

Orchestre Philharmonique de Berlin; Choeur de la Radio de Berlin (symphonie de Psaumes); Pierre boulez (direction)

chronique

Balancements, pulsations, recueillement et révélation. Une écriture à la fois tendue, précise et aérée; une page à la fois mystique et atmosphérique, au graphisme staccato et aux glissements rythmiques dignes d'une règle à calculer. Une symphonie de Psaumes, où la louange ressemble bien plus à une contrition craintive, qu'à l'apaisement reposé qu'elle suggère dans ses dernières minutes. Le premier mouvement est en tension permanente; une tension dramatique, amenée dès l'introduction par un arpège ternaire de piano, soutenu par les cordes graves, dont les accents rythmiques décalés démultiplient la sensation de chute chromatique; une tension dynamique, entretenue par la marche de suspense d'un "walking-basson", qui fait entendre sa déraison légère et atonale en arrière-plan du choeur. Graves, solennelles, les voix se recueillent sur ce canevas étrange de bois qui marchent en canard, survolées par une flûte fantomatique, maintenues en pression par une pulsation de tuba. Soudain elles s'éveillent : massives, puissantes et sévères; le retour du piano au rythme accéléré semble emballer l'allure dans un emportement tragique; les voix toutes ensembles te demandent de t'incliner, te forcent à plier sous leur poids et mettre genoux à terre, face à la crainte de Dieu. Un dialogue sous la lune entre hautbois et flûte, et c'est dans la lande désolée de contrepoints ralentis, de balanciers pendulaires de trompette et de cor, de plans de cordes qui se succèdent dans une lenteur à nouveau recueillie, que le deuxième psaume traine sa louange, sa douloureuse humilité. Angevins, célestes, lisses comme des voiles de brume, les choeurs se croisent, se déplacent en alternance, se balancent à leur rythme, cherchant une progression dynamique que la linéarité harmonique fondamentale du mouvement empêche, condamnant l'errance des voix à une neutralité dynamique active... comme si elles n'étaient pas encore dignes de l'élévation... comme si elles n'étaient pas prêtes. Nous sommes en suspension. Bloqués à mi-chemin entre la terre et le ciel, interdits de bien-être, drogués par les vapeurs pâles et mornes des harmonies statiques, comme à demi conscients, allongés sur le vent le visage vers le ciel, et la nuit étoilée. L'atmosphère s'épure peu à peu, les voix s'allègent jusqu'à s'éteindre, ne restent plus qu'une ligne inquiète et un tuba qui s'interroge : c'est là que le choeur se dresse d'un coup et t'envoie toute sa force sur le crâne, pour que tu t'inclines, cette fois encore, allongé en croix à plat ventre dans la poussière, implorant pitié sous les ténèbres vocales écrasantes, et le poids colossal de cuivres liquéfiés... "Alleluia", le troisième psaume peut enfin s'ouvrir sur une effluve de chaleur et d'humanité... "Alleluia", trois ou quatre secondes de sérénité et d'élévation, de plénitude. On est à mi parcours : il faut maintenant faire pénitence, entamer la longue et dernière marche du pécheur, dans le froid, et dans le noir. On est à mi parcours, et il est temps, sans doute, que je vous dise la vérité... en fait, je n'ai jamais compris la portée de cette oeuvre; je n'ai jamais réussi à comprendre la position religieuse de cette partition. Je n'ai jamais réussi à en comprendre le sens, la vision de Dieu qu'elle professe, la posture qu'elle veut affirmer. Sous cet angle, sa structure m'échappe, et contrairement à toutes les autres oeuvres "sacrées" que j'ai pu écoutées, je n'ai jamais pu m'y mettre à la place du croyant. J'ai eu beau éplucher les textes sacrés choisis par le compositeur : rien à faire. Le déroulement pourtant parfaitement régulé du dernier psaume est pour moi une énigme; cette alternance de doux repos et de vagues de ténèbres, ce jeu musical du rythme locomotive et des cuivres pulsés, dont l'énergie positive sert pourtant d'élan à des retours d'effroi; cette sérénité que l'on semble avoir enfin méritée, et qui étale sa chaleur rose, semble fait acquis, avant de sombrer à nouveau dans l'inquiétude; ces courtes secondes de reconnaissances, accordées entre deux négations : "Alleluia". Non, je n'ai jamais vraiment compris cette partition. Et j'y ai renoncé. Je n'y retourne donc que pour sa très grande beauté, musicale et plastique, ces dimensions harmoniques horizontales et fascinantes, propres à Stravinski. Stravinski, l'homme des accords invisibles, des densités linéaires, des pulsations multiples et des secondes arrêtées; celui des vibrations statiques, des lumières muettes... l'homme qui semblait murmurer à l'oreille du temps... et qui avait peur de Dieu.

note       Publiée le jeudi 28 janvier 2010

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    sog Envoyez un message privé àsog

    L'une des plus belles chroniques que j'aie jamais lues sur ce site.

    Note donnée au disque :       
    Arno Envoyez un message privé àArno

    En parlant de ça dariev... J'ai écouté les Noces pour la première fois... Bah c'est pas juste une influence là...

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    c'est marrant, en lisant ta chro, j'ai l'impression qu'elle parle du dernier Magma... pas un hasard je pense...