Arc › Rise

Suivant un concert présenté dans le cadre du The Gatherings Concert Series à l’église de St. Mary à Philadelphie, Arc présentait un concert intimiste dans le cœur de la nuit du Dimanche 15 Novembre sur les ondes de la radio WXPN, pour les nuits électroniques et ambiantes du Star’s End Radio Show. Entièrement improvisé et joué entre 2 heures et 3 heures de la nuit, Ian Boddy et Mark Shreeve ont exploré les méandres tortueux de l’insomnie sur 3 longs titres où le rêve et l’angoisse sont intimement reliés.
Creep est un long souffle morphique où les sens sont tenus en éveil avec un sombre mouvement atonal grugé par des sonorités corrosives et métalliques. Une lente procession nocturne qui débute par une phase linéaire où s’ajoutent de douces lamentations caustiques qui frayent parmi des gongs chimériques, des pulsations bariolées et un doux mellotron fluté, vestige d’un sommeil qui tarde à venir. L’insomnie persiste et des émanations de métal sur métal parfument cette oblongue agonie d’un sommeil absent, avec une étrange marche funèbre qui converge vers un univers abyssale. Les souffles de flûtes oniriques et des chœurs mystiques s’entremêlent à une érosion mystique qui hésite entre les aléas d’une schizophrénie noctambule ou d’une noire poésie ténébreuse où des cris de créatures d’une dernière nuit sur terre se perdent dans l’intro de Rise, là où le rythme s’éveille comme par enchantement sur un mouvement séquentiel qui débute comme une feuille tombe d’un arbre. Par la suite, Rise prend une cadence séquencée oscillatoire dans une furie de doublons minimalismes. Séquences sur séquences, aux tournures autant inattendues que son tempo fracturé, Rise accentue le rythme sur l’écho de ses frappes séquencées, alors que des percussions feutrées et claquantes permutent la dimension rythmique. Un superbe mouvement qui n’est pas sans rappeler l’approche rythmée de Free System Projekt sur Impulse. Plus Rise progresse, plus il développe une approche séquentielle multidirectionnelle accompagnée d’un synthé qui fuse de bons solos et d’un mellotron aux lourdes vapes moulantes. Un superbe titre de pur Berlin School avant-gardiste avec toute la fureur qu’Arc nous a habitué au fil des ans. Je pense notamment à Corrosion sur Blaze et Friction sur Fracture.
Fade conclût avec une approche fantomatique où un gros orgue couve un souffle prismatique qui s’égare dans les profondeurs d’une nuit déjà troublée par l’infernale Rise. Un monde sonore hétéroclite pousse les limites de Fade dans les sphères d’une ronflante schizo, alors que le mouvement atonal progresse sous d’immenses strates métallisées. Tout doucement, Fade se rebiffe de son intro syncrétique pour embrasser un tendre mellotron qui chante la nuit, qui psalmodie le pacifisme noctambule. Une finale paisible, apaisante avec de légers soubresauts caustiques, un peu comme lorsque l’on embrasse un sommeil qui tarde à se pointer.
Rise est la moins violente des œuvres d’Arc. C’est un album de nuit, brillamment improvisé qui inspire les phases d’une nébulosité agitée par les préceptes musicaux du duo Boddy/Shreeve; une musique sombre, aux reflets méphistophéliques qui éclatent d’une belle fureur séquentielle pour retourner errer dans les limbes et méandres nocturnes qu’un névrosé tente d’apprivoiser pour finalement s’endormir. Du Arc pondéré, dont la pièce titre vaut tout le prix de son téléchargement. On peut en saisir tout l’ampleur avec ce court vidéo disponible sur You Tube; http://www.youtube.com/watch?v=N415OfRXd7Y