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Vagn Holmboe (1909-1996) › Sonates pour violon et piano n°1 et 2

  • 2009 • DACAPO 8.226063 • 1 CD digipack

cd • 14 titres • 56:42 min

  • Sonata for violin and piano n°2, Op.16 (1939)
  • 1I Allegro moderato5:52
  • 2II Andante tranquillo5:46
  • 3III Allegro non troppo ma con brio5:03
  • Sonata for violin and piano n°3, Op.89 (1965)
  • 4I Moderato4:26
  • 5II Allegro molto2:32
  • 6III Adagio ma non troppo4:44
  • 7IV Allegro con forza4:23
  • Sonata for violin and piano n°1 (1935)
  • 8I Allegro4:45
  • 9II Andante4:03
  • 10III Allegro molto3:41
  • Oeuvres diverses pour violon et piano
  • 11Reminiscences for violin solo (1990)1:42
  • 12Violin solo (1929)- Molto allegro scherzando1:47
  • 13Bagatelle n°1, 'Arabesque' (1928) - Lento - ma non slentando2:43
  • 14Haiduc op. 193 (1993)-Moderato5:11

informations

A l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai ce disque, et ne connais donc ces oeuvres, que depuis deux mois. Je ne pense pas posséder suffisamment la sonate n°3 pour la chroniquer maintenant : les trente années qui la séparent de ses deux soeurs et une différence d'écriture notable justifiant par ailleurs une chronique séparée. Quant aux 4 petites pièces qui terminent ce disque, bien qu'elles proviennent des deux extrémités chronologiques de la carrière du compositeur, ce sont tout simplement les plus fines et les plus belles du recueil, comme si Holmboe, hors des contraintes de durée d'une sonate, trouvait dans cette liberté les raisons de se montrer plus précis et essentiel. Il aurait fallut qu'il les regroupe sous l'appellation "sonatine pot-pourri" et ça aurait donné la plus belle oeuvre du recueil, avec un 6 bien mérité. Je ne connais pas d'autres interprétations, s'il en existe. Le violoniste y est remarquable, une grande profondeur dans les nuances de pression de l'archet et une virtuosité purement technique dont la fluidité force le respect. Il est malheureusement desservi par un son (ou un instrument) un peu pauvre. On voudrait plus de chaleur, plus de bois, de profondeur. Au piano, c'est typiquement le genre de musique ou l'on rêverait d'entendre le miraculeux Sebok; malheureusement, il est mort depuis quelques années déjà. Si sa précision rythmique est irréprochable, Christina Bjorkoe est un peu neutre dans ses timbres, peu généreuse dans ses harmoniques, proposant ainsi une lecture assez blanche de ce qui me semble être une partition où les couleurs et les nuances se cachent notamment dans les silences d'un déroulement parfois haché. Beau disque néanmoins, incontestablement, dans le fond comme dans la forme (si ce n'est cette idée totalement incongrue de ne pas avoir mis les trois sonates dans l'ordre, rompant ainsi la continuité des deux premières en les séparant par la n°3).

line up

Johannes Soe Hansen (violon); Christina Bjorkoe (piano)

chronique

  • musique de chambre/romantique-xxième siè

J'aurai peut-être du commencer par une de ses symphonies, d'autant que je les pratique depuis plus longtemps que ces délicieuses et présentes petites partitions, mais l'occasion d'une chronique des sonates du Padre Nielsen a fait le larron. Vagn Holmboe fut la plus grande carrure musicale danoise depuis Nielsen, avant que le génie Norgard ne vienne tout exploser. Malgré l'aspect foncièrement scandinaviste de sa musique, il ne fut pas aussi tardif qu'un Langgaard (il est aussi plus jeune), ou que l'obscur Kayser; sa musique est d'un romantisme personnel et moderne, pictural et nostalgique, ombrageux, nourri d'une certaine liberté rythmique et tonale, tout autant que d'une culture impressionniste lorgnant parfois vers les dérives jazz. C'est en effet autant dans les accords bleu-vert du premier XXème siècle que dans des tournures mélodiques folkloriques ou romantiques, que Holmboe trouve ses paysages et ses couleurs, dans une alliance de plastique, de mélodisme, et ici de rusticité. Dès les premières mesures de la première sonate, le ton est donné : les accords sont en nuance transparente entre l'impressionnisme, des lueurs de jazz nocturne et un certain classicisme; le rythme est présent, syncopé; les mélodies un peu surannées du violon serpentent et zigzaguent, sur la structure un peu rustre des accords plaqués. Le langage se révèle pourtant, et rapidement, d'une grande cohérence. C'est un univers à la fois rural et raffiné, poétique, introspectif, dont les images alternent la beauté de paysages d'étangs un peu sauvages et le décor d'une maison de campagne, un piano dans le salon. Les entrelacs virtuoses et parfois anguleux des deux instruments rendent la vue de l'horizon plus difficile, comme on regarde la berge à travers les roseaux. Si la première sonate laisse apparaître dans son premier mouvement quelques gaucheries, la deuxième est de ce point de vue une merveilleuse réussite, où le bellicisme schumannien des tourments rythmiques, la clarté de lecture des accords et la sincérité tour à tour naïve ou subtile des mélodies se conjuguent en un après midi de campagne au crépuscule de l'été, aux pensées turbulentes, à l'ennui salvateur et aux rêveries soupirs. Les deux andantes sont deux vrais bijoux de mélancolie vagabonde, où la joliesse des mélodies trouve au delà la beauté dans leur expressivité à la fois très authentique et picturale, où le dépouillement sert d'écrin à des tournures éloquentes, où la rareté permet aux accords impressionnistes de développer leurs fragrances modernes, et rustiques à la fois. Si le premier essai montre un pianiste un peu rude et accompagnateur, la sonate n°2 est un merveilleux jeu de dialogues et de cache-cache, de complémentarité coloriste et de liberté individuelle. Mais Holmboe est aussi un emporté; les allegros sont des lieux de ruptures et de confrontations, d'expressions colériques. Le compositeur y déclenche des danses d'intimidation sur le rythme pressant du piano, où le violon s'envole dans des lignes d'évasion à la fois virtuoses et fougueuses, indociles, et dont les souplesses mélodiques semblent dans leurs élans de nostalgie profonde, révéler le désespoir d'une course éperdue à la liberté. C'est par des rythmes suggestifs que le danois raconte une histoire, nous menant dans une chronologie capricieuse, mais toujours haletante. Le piano locomotive est en alerte permanente, toujours à l'initiative de l'action, qui reprend sans cesse... après une courte pause du côté de l'eau et des regrets. Holmboe possédait une sensibilité harmonique et mélodique subtile et particulière, qui transforme ici ses systèmes sauvages en rêveries, merveilleuses et emportées, traversées de longues minutes contemplatives et émouvantes, où la brise porte à votre nez toutes les senteurs des herbes humides et de la terre des bords de lac, et où le temps s'écoule comme à une autre époque. Alternant les harmonies exigeantes et les atmosphères les plus romantiques, dans une cohérence émotionnelle à la fois belle et tourmentée, le danois se fait peintre, autant qu'il rend hommage à la musique et au son; le violon s'élance de fait dans une histoire dont le discours d'émotions peut parfaitement permuter au niveau de l'expression acoustique pure, en fonction de l'état d'esprit dans lequel on se trouve. Si les mélodies vont chercher des écarts harmoniques suggestifs, fabriquer des rencontres de timbres colorées avec les accords ou les cascades d'eau froide du piano, leur déroulement et leur dessin sont autant des louanges aux beautés acoustiques de l'instrument, que des mélodies d'émotions. On entend la culture folklorique des danses populaires se disputer d'énergie avec les emportements d'orages, on y voit passer des vols de cigognes, on y entend du piano et du violon. Vagn Holmboe était un beau musicien, attachant et subtil, à l'univers à la fois accessible et personnel, superbement sauvage. Ses deux premières sonates pour violon et piano sont à son image; la jeunesse de leur auteur leur ajoutant une fragilité, qui participe à une alchimie rare, et particulièrement intime.

note       Publiée le lundi 25 janvier 2010

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