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Luc Ferrari (1929-2005) › Danses organiques
- 1999 • Elica MPO-3340 • 1 CD digipack
cd • 6 titres
- 1Part 16:07
- 2Part 27:59
- 3Part 311:19
- 4Part 47:39
- 5Part 57:21
- 6Part 610:09
informations
"Ce sont les danses organiques, réalisées entre... 1971, ou 1970, je ne sais pas je me souviens plus, et puis terminées en mai 1973. Enfin terminées... ça peut toujours se continuer, on sait jamais.[...] Entièrement réalisées chez moi, sur mes petits appareils."
line up
"Cinéma pour l'oreille de Luc Ferrari."
chronique
- éjaculation féminine
"Parce que moi, quand je travaille, je pense pas." Ha ha ha. Il ose, le bougre, il ose ! Ce n'est pas dans le livret, cette citation, c'est au coeur de l'oeuvre elle-même ! D'ailleurs, dans les "Danses organiques", il ose tout (et c'est à ça qu'on reconnaît... qui donc ?) Racolage actif. Ça vous dit quelque chose ? C'est comme si le mot avait été inventé pour cette pièce. "Je trouve pas ça très bon" avoue encore Ferrari... (Toujours en insert dans la pièce elle-même !) Est-ce suffisant pour se dédouaner ? Tout d'abord, des percussions tribales, le méta-discours du compositeur inséré dans sa propre oeuvre, procédé si typique du Français, mais qui ici fait craindre le pire (et je t'explique ce que j'ai voulu faire, et comment c'est fait...) ; et enfin troisième volet du triptyque : le dialogue entre deux jeunes femmes, sous forme de "confessions" au son clair. Dans cette alternance du début, froide, on n'a aucune peine à déceler un dispositif très facile et très artificiel. Mais ce n'est que le commencement du calvaire. Les "danses" en viennent à se distordre et à être électroniquement de plus en plus foireuses, et de plus en plus longues. "Ya tout qui se déglingue" ; le discours de Ferrari s'efface progressivement ; et tout à coup, les voix sont filtrées différemment, un bourdon continu se fait entendre ; les sons instrumentaux sont réverbérés... D'abord, les deux jeunes femmes évoquent leurs expériences lesbiennes respectives : "avec un type on a toujours l'impression... qu'il attend que la pénetration, quoi" ; puis elles se draguent : "tu es douce, tu es très douce", "comment ça s'enlève ta robe ? J'aime faire l'amour... longtemps, longtemps" ; et se font jouir sous nos oreilles ébaubies, dans une atmosphère psyché-ambient de pacotille, avec choeurs féminins à l'arrière plan, pendant qu'elles se déshabillent mutuellement en poussant des soupirs langoureux et des "tu es belle" ; puis seuls émergent les soupirs haletants. À la fin, les deux poules rigolent ensemble. Tout cela est épouvantable, voire frustrant : un bon coup de b... pour leur apprendre à fermer leur gueule, oui ; et ce son new-age insupportable. En écoutant cette anatomie de la gouinerie et du gougnottage, on a envie de leur crier : "Au rut, ma brute ! Biroute, toute !".
note Publiée le dimanche 24 janvier 2010
chronique
- cyprine électro-acoustique
Dans le champ des images, au sens poétique et littéraire du terme, il y a l'axe vertical, paradigmatique, et l'axe horizontal, syntagmatique. Et dans le champ (chant ?) électro-acoustique, il y a la musique à la verticale, phallique et dominatrice, celle de Pierre Henry, et la musique "à l'horizontale" subtile et féminine, celle de Luc Ferrari. Et d'autant plus à l'horizontale quand les deux jeunes femmes enregistrées couchent ensemble après une séance de séduction et de sous-entendus des plus suggestifs et des plus coquins. "C'est fait avec l'orgue, ou l'organ comme on dit en Anglais". Mais c'est bien d'organes qu'il va s'agir, et d'organes vocaux et sexuels encore... Les danses ? Sèches et prises en "son direct" au début, elles évoluent, elles sont filtrées, les ambiances sonores deviennent floues. De même, on passe du froid commentaire méta-musical à la folie d'une transe irationnelle. La dernière danse et ses instruments tourneboulants, avec l'orgue à l'avant plan, finissent par s'emballer. Une progression captivante dont seul Ferrari a le secret. Mais cela reste par ailleurs un amusement total, "un jeu de main, donc un jeu de vilain", sans doute l'oeuvre la plus ludique du Français ("Mes micros sont vraiment pourris. Je me demande comment j'ai pu travailler avec des trucs pareils" : ha ha ha, il ose, le bougre, il ose ! Ce n'est pas dans le livret, cette citation, c'est au coeur de l'oeuvre elle-même !) Puis les voix sont mixées de plus en plus proches de l'oreille ; elles émergent des flûtes résonnantes. Et à mesure que nos deux Saphos progressent vers l'orgasme, la musique progresse vers le drone... Enfin, c'est l'explosion, à dominante liquide, forcément.
note Publiée le dimanche 24 janvier 2010
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- brighter_paëlla_now › Envoyez un message privé àbrighter_paëlla_now
ffff : télérama approved
- Note donnée au disque :
- floserber › Envoyez un message privé àfloserber
Mouais, je suis pas convaincu, dans ce cas je vois pas en quoi l'image et la musique seraient "ennemies" et le contraire est possible aussi, l'image peut susciter la musique, le cinéma en est un bon exemple avec le travail de certains compositeurs.
- Trimalcion › Envoyez un message privé àTrimalcion
Ha ben c'est la base de l'analyse littéraire, ça, ya des profs qui font toute une année de cours juste là-dessus. Mais j'ai pas spécialement envie que tu m'envoies tes CD promo ha ha. Pour Luc Ferrari, oui, il se trouve qu'on en trouve pas mal dans les bacs des disquaires de Seattle, et c'est marrant parce que ça joue pourtant souvent sur la langue et le signifié (comme quoi la "French Musique Concrète" s'exporte bien, finalement) donc je vais continuer pour essayer d'atteindre la quasi intégrale. Et ya encore du boulot. Quant à l'image... c'est la musique elle-même qui doit la susciter, non ? Ici, je sais pas encore si ça suscite l'Empire des Sens ou Black Emmanuelle en Orient.
- floserber › Envoyez un message privé àfloserber
Pourquoi "l'image ennemie de la musique"? vous pourriez développer? parce que là quand même on est à la limite du voyeurisme auditif... sinon j'en suis à la cinquième partie, je découvre et je trouve ça plutôt léger et agréable.
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
très drôle , j'ai bien ri avec la fin de la première chro, et bien pleuré avec le début de la suivante (ah putain 'axe paradigmatique, axe syntagmatique', un cd promo gratuit à qui parvient à m'expliquer ces concepts !! même appliqués à la zique... c'est à mon programme cette année, entre autre joyeusetés du style "méthode structuro-globale" et autres "reprise anaphorique"). bref, luc ferrari est définitivement un mec à part, non ? en tout cas si j'avais chroniqué "french kiss" de Lil Louis, (je sais pas si c'est bien gutsien, haha), t'aurai pu le mettre en recommandation. une oeuvre intéressante, mais le manque de l'image se fait cruellement ressentir (ben quoi? tant qu'à la faire dans le mode "cowboy"). Remarques, je sais plus qui me disait que l'image était l'ennemie de la musique... ;-)