Die Form › Die Puppe

"La vie est automatique, la mort est automatique, l'amour est automatique / La musique automatique, digitale automatique, sur un rythme automatique..." Nous sommes en 1982 et dès les premières lignes, Philippe Fichot donne les clés de l'esthétique que suivra Die Form jusqu'à aujourd'hui. Une base minimal wave (rythme électronique froid et répétitif à la Suicide/Clock DVA, synthétiseurs bidouillés et utilisés de manière dépouillée et rigoureuse, peu ou prou de mélodies), des thématiques récurrentes jusqu'à l'obsession : Eros et Thanatos mais aussi et surtout l'exploration des tabous comme celui du sadomasochisme, de la sexualité infantile et de la nécrophilie. Cinq ans plus tôt, Die Form défrayait déjà la chronique avec son sulfureux premier single "Zoophilic Lolita" clôturant ici l'album sur la réédition de 1989 (Sur une musique presque second degré, on nous narre l'histoire de Lolita que la bienséance m'empêche de vous faire partager). C'est que Philippe Fichot joue des interdits et chante ou gémit avec amusement et détachement, ce qui trouble encore plus le jeu entre ambiance érotique et transgression sonore (et visuelle !), dualité sur laquelle se construira l'identité de Die Form. 'Die Puppe' du haut de ses vingt-huit ans a tout de même pris un petit coup de vieux et reste ancré dans son époque malgré déjà une froideur et une précision dans les constructions systématiques/automatiques qui laisse présager une suite glorieuse. Couplée au cauchemar d'ambiance que sera "Some experiences with shock" deux ans plus tard sans parler de la profusion de side-projects tous plus sordides les uns que les autres de 1977 jusqu'en 1985 (le tout réédité cette année dans un copieux coffret chez Vinyl-on-Demand !), Die Form annonce clairement la couleur - noire - qui le caractérise depuis un moment déjà mais sortant pour la première fois du format K7 dans lequel le groupe avait fait ses premières armes. Il faudra attendre 1994 pour voir s'installer un souffle mélancolique dans cet amas de machines et de cuir, de déshumanisation froide et cynique ; mais en attendant...