And Also The Trees › (Listen for) the rag and bone man

Si la mélancolie paresseuse de l'opus précédent suggérait l'aurore, la naissance de la lumière, celle de '(Listen for) the rag and bone man' dégage des parfums assurément nocturnes. C'est que l'on n' entre pas si facilement dans cette ambiance, non qu'elle effraie mais plutôt qu'elle demande du temps. Les pièces vivent et s'écoulent au rythme des pulsions de la nature, de cette obscurité qui tombe et tant pis pour le citoyen pressé avide de consommation rapide; il passera à côté de quelque chose, trouvera l'enregistrement 'sympa', sans plus. '(Listen for) the rag and bone man' n'est rien de cela, c'est un travail délicat, subtil, pas réellement novateur dans le son de And also the trees mais bouleversant de sincérité. Tout démarre avec 'Domed', répétitif et hypnotique, tout en retenue rythmique qui ne laisse ses guitares se lâcher et sa batterie claquer de manière plus sèche qu'après près de cinq minutes seulement. Après deux albums urbains ('Angelfish' et 'Silver soul'), nos Anglais confirment que le retour à la nature n'était pas une petite passade. Peut-être fallait-il exorciser ces démons pour revenir à elle plus apaisé, débarrassé de la colère des jeunes années ? Si elle joue toujours le miroir des émotions, elle a accordé une forme de pardon permettant au groupe de s'immerger dans son obscurité sans combat. Mais il ne fallait pas tricher, c'est pourquoi And also the trees ont enregistré ces titres de manière quasi live dans un vieux manoir, se concentrant sur l'essence, sans fioriture...Beaucoup de sonorités nocturne (contrebasse, basse), un brin de piano et d'orgue, une batterie subtile pour une frappe quasi jazzy en perpétuel mouvement sans la moindre violence, et la guitare, seul élément un peu clair qui sonne comme une brume se glissant sous les pas de porte la nuit venue...Et le chant...Un chant intense dans sa retenue qui n'éclate que rarement ('Domed', 'Legend of Mucklow', 'A man with a drum') mais suggère tellement au travers d'une poésie unique digne héritière des Romantiques anglais. And also the trees restent à part après plus de vingt ans de carrière et si les mêmes paroles sont utilisées pour décrire leurs compositions, je me dis que c'est un signe.