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György Ligeti (1923-2006) › Le grand macabre

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GinSoakedBoy      samedi 4 avril 2015 - 13:34
Warsaw      mercredi 16 octobre 2013 - 00:08
ellington      lundi 11 janvier 2010 - 19:37
Trimalcion      lundi 11 janvier 2010 - 19:12

cd1 • 14 titres • 43:12 min

  • 1Car horn prelude0:57
  • Scène 1
  • 2Dies irae6:22
  • 3Away, you swagpot!2:26
  • 4Shut up!4:13
  • 5Oh...! - amanda! can do no more!0:41
  • 6Ha-ha-ha-ha! hey! give me my requisites3:04
  • 7Melting snow is thy breast2:36
  • second car horn prelude
  • 8second car horn prelude0:41
  • Scène 2
  • 9One! two! three! five!7:54
  • 10Sheply and attractive figure3:19
  • 11Venus! venus!1:33
  • 12Stop! - sh!... quiet, for heaven's sake!3:30
  • 13Who's there? a man? - a man!2:23
  • Finale
  • 14Fire and death I bring3:27

cd2 • 16 titres • 59:15 min

  • Scène trois
  • 1Doorbell prelude0:56
  • 2Arse-licker, arse-kisser!3:35
  • 3Posture exercices2:27
  • 4Tsk... - psssst! - ha; head of my secret service!6:21
  • 5Ahh!... secret cypher!5:36
  • 6Hurray, hurray! my wife is dead2:00
  • 7Nekrotzar's entrance3:18
  • 8Woe! Ooh! - for the day of wrath3:17
  • 9There's no need to fear3:02
  • 10Up! - Drink - Up!1:28
  • 11Galimatias : "hmm! it's delicious4:45
  • 12Where am I? What time is it?5:46
  • interlude
  • 13Interlude1:34
  • Scène 4
  • 14Ghost astradamors, are you dead?3:39
  • 15Miror canon/Nekrotzar's death2:03
  • 16Finale.passacaglia. Ah, it was good5.07

informations

Enregistré live au Théatre du Châtelet, Paris, les 5,7,9,11 et 13 février 1998. Produit par Ulrich Schneider. Ingénieur : Marcus Herzog

Il s'agit du volume 8 de l'édition "György Ligeti edition" entreprise par Sony et suivie par Ligeti lui-même. Je suppose que cette version lui convenait.

line up

Sibylle Ehlert; Laura Claycomb; Charlotte Hellekant, Jard van Nes; Derek Lee Ragin; Graham Clark; Steven Cole; Richard Suart; Willard White; Frode Olsen; Martin Winkler; Marc Campbell-Griffiths; Michael Lessiter ; London Sinfonietta voices; Philarmonia Orchestra: Esa-Pekka Salonen

chronique

Macabracadabrantesque... s'il est un opéra qui mérite bien plus d'être

vu, plutôt que écouté, c'est bien cette folie, cette parodie généralisée signée

Ligeti. Tout y est moqué, traîné dans la boue et la grossièreté;

beuveries, pornographie, mégalomanie, sadisme et masochisme, haine et

politique primaire : "La broche?... ou la baise". Ultime figure du

ridicule, Nekrotzar, le grand macabre lui-même, qui rate finalement sa

destruction du monde après s'être trop pinté la gueule. On y rote, on

y copule, on s'y enfonce des trucs dans le cul, on s'y traite de

"sauce-vulvaire", de "téton fou" ou d'"ultimerde"... ministre blanc

contre ministre noir, et le prince Go Go qui ne pense qu'à se faire

éclater les tripes à coup de bouffe : plus que tout autre chose, le

pouvoir, ici, est fantoche. Co-écrit par le compositeur, le livret est

pour une fois la vraie matière première musicale : rires hystériques,

surprises, onomatopées et chuchotements, l'ivresse, surtout, et

toujours ce flot d'insultes tous azimuts. Majoritairement construite

de cuivres soudains, grotesques, de coups de canon, parsemée de sons

divers et entièrement soumise dans ses lignes vocales à l'expression

affolée, effarée, méchante ou dégueulasse des mots qui sortent des

bouches exhibitionnistes et souillées de chacun des personnages, tous

plus minables les uns que les autres, la musique n'est que mise en

scène, incarnation, vague décor, esclave de l'histoire et de ses absurdes

protagonistes. De fait, on ne peut pas dire que la "musique", soit quelque chose de particulièrement notable dans cet opéra, car d'une certaine manière, on ne l'entend pas. "Le grand macabre", c'est le récit d'une plantade

notoire, la grande messe du risible, le requiem des vanités. Donc,

oui : il faut le voir. Il faut le voir pour le croire; le voir, pour

le savoir. Parce que c'est sur le visage des personnages que ça se passe... dans leurs bouches grandes ouvertes quand ils rient comme des demeurés, dans leurs grimaces, de douleur ou bêtise. Parce que c'est dans le déroulement à la fois absurde et cohérent des scènes et des situations : les excès du jeu, des corps, des regards. Ca commence la nuit, dans un cimetière... c'est dire si le décor, les lumières, les silhouettes font tout. Il faut voir l'arrivée lointaine de Piet qui s'amène au milieu

des tombes, qui titube en entamant un requiem, c'est lugubre, amusant

et inquiétant à la fois. Il faut le voir se casser la gueule, ses

grands yeux ronds noyés d'alcool, souriant; il faut voir la beauté

angevine d'Amanda et Amando qui s'aiment sous les étoiles, lumineux

comme des spectres au milieu des morts, agités des spasmes

incontrôlables de l'envie de baiser. Parce qu'au milieu de ce

foutraque funéraire, ponctué de rots de poivrots et d'entre jambes qui

se frottent comme des chiens se reniflent le trou, il faut voir

Nekrotzar se lever de la mort de ses propres yeux pour pouvoir en

avoir peur : ce corps osseux qui se dresse debout dans la nuit, impose sa venue; lui, qui vient tous les tuer. Parce que si on se concentre sur le ridicule de tout cela... ça tombe à plat. Il y a cet excès, oui, cette bouffonnerie, mais il faut pouvoir lire l'effroi sur le visage d'Astradamors

l'astrologue, lorsque sa femme, après l'avoir fouetté et mis au bord

de la mort avec une broche, s'approche de son corps gisant pour lui

mettre une araignée devant la bouche, en guise d'ultime torture.

Comment se rendre compte à quel point c'est la névrose de partout, la

haine abrutie et primaire, si on n'a pas cette araignée devant soi, son

horreur, ignoble, velue, malade, et la lueur du diable dans les yeux

de Mescalina? Si tu ne vois pas le visage du prince, ahuri et stupide, son

attitude, sa démarche, son sourire de débile et son bide de viandard,

et si tu n'assistes pas aux coulisses des guerres d'insultes puantes entre les deux

ministres "CUL VEREUX ! - PROSTIPUTE! - BOLCHEVIK!", qui se foutent

bien de la gueule du prince et du peuple avec leurs regards en coin,

leur complicité secrète que seuls leurs clins d'oeil respectifs te

révèleront, comment saurais-tu, justement, que le prince n'est qu'un

jouet? Et tout ça se lit surtout sur les visages, dans les mains crispées des acteurs, leurs mimiques difficiles, comme toujours en souffrance, comme défigurés par la laideur de leurs pulsions, la toxicité de leur pensée, de leurs envies. Et comment supporter cette musique totalement dissonante,

à la fois éparse et omniprésente, lâchée par à-coups comme des mottes de merde qu'on

t'envoie à la gueule, si tu ne comprends pas justement que ça, tout ça, est une gigantesque farce, une pantalonnade, une

sodomie en règle? Parce que sinon, moi, Ligeti en requiem glacial ça

me va. Mais cette espèce de musique contemporaine caricaturale, où

on a l'impression que le compositeur à rien d'autre à foutre que de

chercher les notes les plus moches possibles, bing? bong! Pouet!

aaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!! et de les lâcher n'importe où, de manière

complètement aléatoire pour faire genre : ouaaahhh, modeeerne!!! Pas

trop client, voyez? Musique douteuse : alors au moins que du point de

vue visuel, je m'en prenne plein les yeux, et surtout, pourvu que l'histoire m'en mette plein de cerveau. Parce que le récit est pour le coup totalement délirant et excessif, la splendeur de l'ignoble et du délire, une caricature à l'extrême, si déformée qu'il est horrible de s'y voir... de "nous" voir. Un récit

traversé de décors lugubres fascinants, de foules silencieuses, mais

qu'on aperçoit, prêtes à tout, cachées dans les ténèbres du fond;

certains décors sont désertiques mais superbes : juste du noir

profond, avec une lueur glauque qui semble vaguement s'y promener...

on n'en est même pas sûr. La voute céleste au dessus du cimetière de

la scène 1, le corps bandant d'Amanda, et comment cette salope se

trémousse de désir, moi j'ai BESOIN de le voir. Comment saurais-tu que

Gepopo, chef de la police secrète, est déguisé en immense araignée aux

détails répugnants si tu ne fais que l'écouter, cet opéra, avec ses

lignes de chants qui n'en sont pas, jamais, mais juste l'exagération

de la parole, et cet orchestre qui n'en est pas un, et qui joue une

musique qui n'en est pas une? Et que Gepopo soit terrifiant, c'est indispensable à la jouissance malsaine de cet opéra, comme toutes les autres puanteurs qu'il dégage. Tout le monde se déteste, se méprise ou se moque. Alors oui, pour dissonner ça dissonne, pour rendre fou, ça rend fou; Ligeti parle laideur, c'est tout, rien

d'autre... alors, on peut aimer ça, oui, mais bon... par contre, y assister, c'est avoir droit au décor sublime au

dessus de la tête d'Astradamors, justement, quand il se fait empalé

par sa femme. Un décor d'étoiles, de lumières tranquilles, la nuit,

ces astres qu'Astradamors contemple, encore, alors qu'il git sur le

sol dans son sang et sa merde. C'est la beauté dans la fange qui fait le macabre grand. Et puisque Le Grand Macabre, en fait,

est une grande tige lugubre et qui se la pète, avec sa grosse voix grave, il n'est pas bien flippant... sauf quand tu le vois se jeter sur Mescalina et lui

bouffer le cou pour la tuer, parce que ça, cette vision là : oui,

c'est horrible. D'accord c'est une farce, une extrême parodie de tout,

une vision répugnée de la nature humaine, entièrement dirigée et menée

à la baguette par l'envie, le goût du pouvoir, le cul, la bouffe, la

bite, la jouissance de la méchanceté, mais le sujet impose la peur,

surtout si c'est pour finalement s'en moquer. Gepopo, au nom

évocateur, c'est tout de même l'horreur absolue quand tu le vois : une

énorme araignée (réellement indescriptible) suivie par une bande de

spectres nauséabonds, vicieux, pervers, terrifiants... et même si

l'opéra se termine, donc, sur la débandade ridicule de Nekrotzar, venu

anéantir toute vie mais ne réussissant que sa gueule de bois, et qui

finit même par se suicider de "minabilisme", "Le Grand Macabre" ne

saurait être vécu que comme une simple parodie, car ça ne suffit pas à

justifier une heure trois quarts de musique déconstruite et

portnaouak, cuivres dissonants, percussions bizarroïdes et tout le

tintouin du modernisme. Il faut plus "ça", plus que cette "bande son".

Il faut plus que les descentes chromatiques, que les POUET! super

forts et agressifs, parce que s'il n'y avait que ça, je n'aurai pas pu aimer cet opéra avec la même intensité. Il faut avoir eu peur, vraiment. Il

faut avoir vu tous ces gens complètement fous, leurs assemblées

épouvantables, leur complot silencieux, il faut avoir vu leurs trous

du cul exposés de tes yeux pour te rendre compte à quel point le truc

est pornographique au sens large du terme, violent, malade. Sans tous

ces changements de lumières, le voile de brume blafard qui couvre le

sol du cimetière, la montagne de bouffe dans le palais du prince, la

horde de spectres qui suit Gepopo et dont la vision est, pour le coup,

totalement cauchemardesque, sans la neige qui tombe à la toute fin de

l'histoire et recouvre tout dans un linceul de grâce, comme le matin

lave un mauvais rêve, sans tout ça : tu t'emmerdes grave. Mais à voir, il faut le reconnaitre : dans le genre c'est le truc le

plus dingue, laid, répugnant et beau que t'as jamais vu. En ce qui me

concerne, moi qui suis pourtant assez réfractaire au langage

contemporain, à chaque fois que je regarde cet opéra, je le trouve rigoureusement sublime,

malgré la musique. J'espère franchement

qu'un jour je trouverai le temps d'aller enfin le voir mis

en scène, dans un théâtre ou à l'opéra, parce-que pour l'instant j'écoute le disque mais

je n'y suis encore jamais allé... et c'est, je vous le dis comme je l'ai vu, hallucinant.

note       Publiée le lundi 11 janvier 2010

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    HiM Envoyez un message privé àHiM

    Super nouvelle, merci, j'avais vu des extraits sur youtube de cette version de la Fura dels Baus, ça peut être très très classe (cf leurs précédentes réalisation, le Ring, Licht, les Troyens, etc.)

    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    À priori, cette version du Grand Macabre: http://youtu.be/ImguPCJnJuY devrait voir le jour en septembre, en dvd...

    http://www.prestoclassical.co.uk/r/Arthaus%2BMusik/101643

    HiM Envoyez un message privé àHiM

    Je recherche une captation vidéo de ce chef d'œuvre, si quelqu'un en connaît une je suis totalement preneur. Je crois que la version 97 au Châtelet était mise en scène par Sellars, j'ai vu quelques extraits et ça m'a l'air d'avoir bien vieilli (Amando et Amanda casquette à l'envers style hip-hop 80's, mouais). En revanche je suis tombé sur cette version de la Fura del Baus qui a l'air énorme!

    http://vimeo.com/4825478

    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    Pas de chance au grattage, peut-etre une au tirage bientot? Premier essai non concluant. Ca ferait passer Wagner pour un joyeux drille rapide en besogne.

    bubble Envoyez un message privé àbubble

    c'est bien ce que j'avais compris ! putain je deviens bon !!! ;-)