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Johannes Sibelius (1865-1957) › Lemminkäinen Suite

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Sheer-khan      samedi 2 janvier 2010 - 12:05
Moonloop      lundi 6 août 2012 - 23:01
EyeLovya      jeudi 18 août 2011 - 00:47
Wotzenknecht      mercredi 13 janvier 2010 - 12:12
Arno      samedi 2 janvier 2010 - 16:15

cd • 5 titres • 61:09 min

  • Lemminkäinen Suite, Op. 22|47:03
  • 1Lemminkäinen ja saaren neidot (Lemminkäinen and the maidens of the island)15:16
  • 2Lemminkäinen tuonelassa (Lemminkäinen in tuonela)15:09
  • 3Tuonelan joutsen (The swan of tuonela)9:02
  • 4Lemminkäinen kotiinpaluu (Lemminkäinen's return)6:36
  • Night ride and sunrise, Op. 55
  • 5Night ride and sunrise14:20

informations

Enregistré au Massey Hall, Toronto, Canada, septembre 1998. Ingénieur : Onno Scholtze et John Newton. Produit par Pekka Savijoki. Producteur exécutif : Jari Tielasso.

Si "The Swan of Tuonela" est une des pages les plus connues de Sibélius et a donc fait l'objet de nombreuses interprétations, la suite Lemminkäinen est plus rarement jouée dans son intégralité. Saraste est par ailleurs un chef remarquable qui a fait ses preuves dans l'exportation du magnifique répertoire de sa scandinavie natale. A défaut d'en connaître d'autre, mais aussi par conviction, je recommande cette version du chef Finlandais.

line up

Toronto Symphony Orchestra ; Jukka-Pekka Saraste (direction)

chronique

  • musique symphonique - romantique

Tuonela, royaume des morts... terre de ténèbres s'il en est, où Lemminkäinen devra errer avant que l'amour de sa mère ne l'en délivre. Désinvolte, d'abord, la menace et l'inquiétude grondent néanmoins dès le premier mouvement, dans lequel le jeune homme n'est encore qu'un brillant séducteur, exerçant ses talents auprès de jeunes vierges insulaires. Le langage vif et chatoyant qu'emploie le compositeur finlandais durant cette première scène, usant de nombreux timbres et d'effets dynamiques dans une suite contrastée de danses et de romances, est encore généreux et séducteur, bien que les thèmes mélodiques récurrents soient empreints d'une émotion profonde, hautement romantique. Un premier quart d'heure qui raconte l'insouciance d'un héros dont les épreuves à venir semblent déjà guetter, tragiques, effrayantes, dans les tournures majestueuses des cordes, le chant puissant des cuivres. Sibélius semble avoir voulu décrire les folies douces d'un homme que l'inconséquence finira par damner : le déroulement dramatique du premier mouvement dans son ensemble, alternant légèretés des flûtes et hautbois, élans ensoleillés, et résolutions mélodiques menaçantes, conduit bel et bien à Tuonela. Une partie de campagne et de chasse aux cuissots, sous un ciel lourd d'orages. De ciel, il ne sera ensuite quasiment plus question. La "Lemminkäinen suite" est une des pièces les plus noires du maître scandinave. L'errance dans Tuonela, l'évocation du cygne sacré dont le meurtre fut la faute qui condamna le héros aux limbes épouvantables, et jusqu'à son retour, qui est ici conté comme une course constante contre les ténèbres, si proches qu'on sent leur souffle sur la nuque, infatigables poursuivantes qui surgissent de partout sous le coup des trompettes et des cordes violentes : une fin d'histoire dont la danse est plus proche de la transe et où le finlandais déclenche des motifs mélodiques saisissants et sorciers dans une flambloyance orchestrale colorée. Mais, avant de pouvoir s'en échapper dans cet ultime combat de l'énergie contre la malice et l'obscurité, Lemminkäinen va d'abord devoir entrer, et errer dans Tuonela. Sibélius fait face à l'époque à une déprime profonde. Le royaume de Tuonela est le monde idéal pour ses humeurs d'abîmes. Il nous le montre lugubre, silencieux, d'une désolation absolue. Toute la traversée se fait sur une rivière de staccato de cordes, bourdonnements de triples croches dont les premières minutes ne s'éveillent que lentement, depuis les basses les plus noires qui grondent comme le danger, vers des lueurs plus pâles, des violons moins obscurs, mais dont la triste lumière n'éclaire que la misère, le silence et l'effroi de cet immonde pays. La vibration des cordes entretient une tension permanente... le danger est latent, tapi, aux aguets; la mort rôde... mais elle n'attaque pas. Peu à peu, sous l'impulsion des bois, les cordes se distinguent, les pupitres se déploient: violons, altos, violoncelles et contre basses vibrent chacun en leur note, les aigus s'affolent et tournoient comme un envol de chauve souris, tandis que les hautbois et les basses clarinettes insinuent des malaises, mélopées d'outre tombe. Puis c'est une autre grotte, le noir, à nouveau... que l'on dérange, encore. Les ténèbres donc, et d'abord, dans cet immense quart d'heure que dure la traversée de Tuonela, avant que la blancheur immobile et glaciale d'un paysage d'hiver ne s'installe en douceur, toujours sous l'impulsion des violons triple croches. Cette sortie au grand air n'a rien d'un apaisement, elle n'est qu'un court moment dans le parcours de la rivière, une lande plus désolée, encore plus vide de vie que les longues grottes sinistres où nous venons d'errer. Bientôt l'ombre revient et au ciel blanc de glace succède une nouvelle fois les plafonds sans lumière des gouffres de Tuonela. Sibélius signe une page noire, d'une retenue mélodique qu'on lui connaitra peu... il travaille en effets, atmosphères et textures, ombres et tensions, la distinction des timbres et l'affectation des mouvements mélodiques relevant autant de l'expression pure, que du symbolisme. Mais le plus dur est à venir. L'évocation du cygne, "Tuonelan joutsen", est une pièce d'une tristesse magnifique, et difficile; une de ces oeuvres maîtresses qui vous écrasent le coeur. La lumière y est diaphane... des cordes aigus s'élèvent comme la lueur du matin et le hautbois s'éveille, l'alto prend sa suite: la vision de la créature qui s'avance sur les eaux est un spectacle d'un recueillement, d'une candeur et d'une douleur absolus. Malgré le calme et la douceur des timbres, légers comme des nuages, la profonde mélancolie des mélodies nous maintient à distance de l'apaisement, et la beauté irradiante du cygne, blessé, inaccessible, n'en est que plus douloureuse. Des cuivres graves et lointains en des chants solennels nous rappellent parfois aux ténèbres de la mort : le cygne est un fantôme, une terrible nouvelle... il est la toute beauté que l'on a assassinée. Sibélius touche incontestablement au génie durant ces lentes minutes. Dans un quasi silence le cygne erre sur les eaux, il est la seule lumière, il habite les ténèbres de sa blancheur glaciale, de sa beauté figée par la mort; l'étang est fait par le silence, que quelques sourdes rumeurs viennent parfois distinguer : contre basses, tubas, des notes lourdes, rares; l'acoustique fondamentale de la partition étant ces cordes vibrantes, légères et irisées comme des voiles de glace; l'émotion insoutenable et la beauté tragique du cygne est le chant du violon, des flûtes, ou d'un hautbois. Aussi tendre dans son immense beauté que glaçante dans sa mélancolie, la vision du cygne de Tuonela est une apparition que l'on oublie jamais. Le retour, on l'a décrit plus haut, n'a rien d'une partie de plaisir pour Lemminkäinen. Mais il le sera pour nous, de par son énergie et ses multiples couleurs... et surtout la seule manière possible de ne pas se laisser mourir, au spectacle du cygne.

note       Publiée le samedi 2 janvier 2010

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    dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
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    Excellent compagnon de lecture de Moby Dick. Hop, Top Gut 1896.

    Arno Envoyez un message privé àArno

    (J'ai entendu Kullervo en live, avec le plus beau chœur du monde... je peux mourir tranquille...Ils sont grands et ils ont une bonne descente les finlandais)

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Suomi suomalasille !

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    Arno Envoyez un message privé àArno

    Alors là je dis oui... (Dans ses poèmes symphoniques de jeunesse, il faut absolument également écouter "La nymphe des bois")

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