Eider Stellaire › S/t

Obscure formation hexagonale emmenée par Michel Lebars, ancien batteur de Offering, Eider Stellaire pratique, comme on aurait pu s'y attendre, une musique ambitieuse à rapprocher de cette mouvance unique que toute la planète nous envie, à savoir la zeuhl. "Onde" possède en effet cette énergie propre aux longues montées progressives et entêtantes menées tambour battant par la section rythmique, basse et batterie se tournant autour comme deux animaux cherchant à s'accoupler pour finalement ne faire plus qu'un. Claviers et guitares se relayent et s'emballent toujours bien assez tôt pour apporter cette note virevoltante et lyrique qui nous font ressentir toute l'implication passionnée des instrumentistes. "Arctis de Ephemeride" joue sur plusieurs tableaux à la fois ; démarrant en trombe dans un style jazz fusion plutôt musclé, le titre prend peu à peu un aspect de moins en moins joyeux pour finir sa course dans une mise en suspension des plus tendues. Quand l'aiguille quitte le sillon de cette première face, on garde encore en nous la trace de ce voyage nébuleux, clairsemé de voix fantômatiques. Mais toujours pas de traces de cuivres, malgré la présence du bien nommé Michel Moindre. Il interviendra plus tard. "Légende" reprend sa course, sympathique sans être transcendant, puis on aborde la dernière ligne droite avec "Tétra" puis "Nihil" qui, là encore, mettent davantage en exergue les talents de la section rythmique. Alors, on ne peut pas le contester ; le premier album de Eider Stellaire véhicule bel et bien par endroits ces mêmes vibrations qui ont fait la renommée de l'illustre Magma mais, sans pour autant tomber dans la triste platitude du projet Weidorje, le groupe de Michel Lebars n'a pas de quoi rivaliser avec sa source d'inspiration première, sans doute trop focalisé sur l'exécution de sa musique et trop peu sur l'expressivité qu'ils auraient pu apporter à celle-ci. Cela reste néanmoins leur meilleur sortie, une belle curiosité zeuhl qui ravira à ne point en douter les amateurs.