Living Colour › The Chair in the Doorway

Autre comeback improbable, celui de Living Colour, ancienne gloire du début des années quatre-vingt dix, porte drapeau d’un black métal de cœur comme de peau. Après un premier retour manqué en 2003, dix ans après l’excellent "Stain", on croyait que l’accueil particulièrement tiède réservé au plus que navrant "Colleidoscope" avait définitivement tué dans l’œuf toute velléité de revanche. C’était à priori mal connaître Vernon Reid dont l’obstination frise dangereusement la bêtise. Pourtant, l’homme n’est pas à cours de ressources, comme il a pu nous le démontrer à travers ses multiples collaborations et autres projets en solitaire en compagnie, notamment, de l’ensemble Masque qui, en gros, perpétuaient la fusion des genres si chère à Living Colour, sans le chant du charismatique Corey Glover. "The Chair in The Doorway" réunit tous les éléments qui faisaient la singularité du projet Living Colour : un chant puissant et engagé, une rythmique solide qui s’aventure parfois sur des terrains complexes, et une guitare habile, capable de choses tortueuses et lumineuses à la fois. Notre quatuor aligne donc ici une nouvelle collection de chansons qui revisitent rock ("Hard Times", "Out of My Mind"), métal ("The Chair", "Decadance"), funk ("Young Man", "Behind The Sun"), pop (l'excellent "Method") et blues ("Bless Those" ou "Not Tomorrow" qui porte l'empreinte de Doug Wimbish et Little Axe) avec leur touche toute personnelle. Beaucoup de titres remplissage ("That's What You Taught Me", "Asshole") et un mode d’écriture qui semble figé dans le temps sont les talons d’Achille d’un album finalement décent, à défaut de pouvoir rivaliser avec leur gloire passée, mais de toute manière en tous points supérieur à leur effort précédent ...