Kernel › Kernel#2 (second version)

Même partition, mêmes protagonistes. Deux ans après la sortie de 'Kernel#2' et bien des concerts plus tard, Kernel fait son propre bilan et réenregistre son premier disque afin de révéler de la manière la plus limpide qui soit ce que l'interprétation peut (ou non) apporter à une composition immuable. On retrouve dans l'absolu les mêmes évènements sonores que sur la première version, et pourtant, elle n'a plus grand chose à voir : les attaques se font plus vives, les nappes grondent beaucoup plus intensément et les phénomènes discrets se font bien plus ressentir – c'est que 'The Deep' est passé par là, si précis dans son contraste entre minuscule et gigantesque – et cette fois, on peut tranquillement perdre son latin et se laisser simplement porter dans cette masse météorologique grondante et absorbante ; on la saisit comme ce lit vrombissant offert par les réacteurs lorsque l'on tente de dormir dans un vol interminable, les jambes coincées et la tempe collée au plastique souple de l'avion. On abandonne corps et âme, balayés de gauche à droite par des ondées impétueuses, avant de se faire lentement saisir par un drone instable lui-même en orbite autour de micro-interventions ne laissant jamais à l'auditeur le loisir de se dissiper. Cette lenteur dont il est question devient cette fois-ci un élément constitutif essentiel puisque contrastant avec les variations abruptes mais jamais soudaines, jusqu'à un menaçant final venteux agrémenté d'une pointe de vitesse et d'agressivité. On en ressort secoué, tout en se demandant ce que l'on vient de vivre. 'Kernel#2' se montre ici dans tout son potentiel, sous la forme d'un voyage ardu et exigeant aux confins du vide et de l'abstraction sensorielle... (4,5/6)