Irrumatorium › Also Sprach my Ass

Oui, le titre. Oui, la pochette. Et encore, il vaut voir le CD avec son orifice central bien placé. Irrumatorium se situe lui-même dans les sphères de la pensée artistique moderne, de Duchamp à Palahniuk. Un brin situationniste ('On Kawara is dead', si seulement) et pas né de la dernière pluie puisqu'en remontant sa trace (brune), on le retrouve en invité sur les compilations cultes et très underground de l'Ensemble Vide. Musicalement, on saisit tout de suite l'esprit libre et décomplexé du mouvement minimal wave/expérimental qui cartonnait à la fin des annés 80 par échange de cassettes : synthés croches et grésillants, boîte à rythme lancinante, effets bruitistes et psychédéliques improvisés sur le tas. Et cela fonctionne encore ! En témoigne le très bon 'To All Vintage Synths' qui semble multiplier les effets cosmico-sci-fi dans une pluie d'échos que l'on trouverait habituellement plutôt chez des allumés japonais. Au fil des titres, on se prend au jeu de la claustrophobie, enfermés dans ces sonorités aussi palpables qu'abstraites et surtout ne se laissant pas facilement cataloguer dans un univers ou un autre. L'expérience est tout à tour radicale, anxiogène, étrange et se termine sur une piste bien plus sage et planante comme pour nous laisser sortir de son anus avec douceur et tendresse. Reste un disque très court et à la production très (trop ?) précise jusqu'à la stridence (beaucoup d'aiguës, volontaires ou non) ; mais pour ceux qui ne sont pas rebutés par des ovnis tels que De Fabriek ou P16d4 : soyez les bienvenus dans son... (3,5/6)