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Kraftwerk › Computer World

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Karamazov      jeudi 7 mai 2020 - 13:37
Trelkovsky      samedi 19 juillet 2014 - 15:56
MY WAR      mercredi 23 février 2011 - 14:36
spock27      mardi 9 février 2010 - 13:18
Ultimex      mercredi 25 mai 2022 - 10:47
Marco      jeudi 7 mai 2020 - 12:52
tritium_v      lundi 9 février 2015 - 14:25
shinjuku thief      vendredi 6 novembre 2009 - 20:37
Dead26      samedi 6 novembre 2010 - 22:36
Painkiller      jeudi 12 novembre 2009 - 18:46

lp • 7 titres

  • 1Computer World / Computerwelt5:05
  • 2Pocket Calculator / Taschenrechner / Dentaku ("電卓") / Mini Calculateur4:55
  • 3Numbers / Nummern3:19
  • 4Computer World.. 2 / Computerwelt 23:21
  • 5Computer Love / Computerliebe7:15
  • 6Home Computer / Heimcomputer6:17
  • 7It’s More Fun to Compute4:13

informations

1979–1980 au Kling Klang Studio - Kling Klang Produkt 1981 Duesseldorf Germany - Produit par Ralf Hütter et Florian Schneider

line up

Ralf Hütter (voix, vocoder, synthétiseurs, orchestron, synthanorma, sequenceurs, claviers, électronique), Florian Schneider (vocoder, speech, synthèse, synthériseurs, électronique), Karl Bartos (batterie électronique), Wolfgang Flur (software)

chronique

Computer World est le 8ème album de Kraftwerk, et le dernier de leur période “classique”, celle qui révolutionna la musique électronique. Il apparaît en 1981, à une époque où la concurrence commence à faire rage pour le quatuor, depuis le début habitué à évoluer plutôt seul dans son domaine. Difficile de ne pas mentionner Computer World ainsi que sa fameuse concurrence si on veut parler de musique électronique sans ignorer la base. C’est dans ces années là aussi que le japon allait se réveiller, dans une orgie de sons 8 bits que seuls eux pouvaient manier avec ironie et malice (les géniaux YMO, qui décollèrent en 79). Et puis, il y allait surtout y avoir la réaction des musiciens black à ce disque… Impressionnante. Accros au groupe depuis le traumatisme de Trans-Europe Express, ils prirent ce Computer World, attendu depuis 3 ans, en pleine poire. Et en détournèrent la recette pour créer l’Electro-Funk, matrice de la house et de la techno, dont on peut déjà entendre bien des sons ici… Afrika Bambaataa, Mantronix. Ils allaient prendre d’assaut les pistes de danse, chose que n’avait jamais oser faire Kraftwerk. Avec cet album, ils étaient encore dans leur démarche post-moderne de commentaire ironique sur les rapports homme-machine (le titre de leur précédent opus). Le visuel, comme toujours soigné chez nos teutons, était ici plus déshumanisé que jamais : le groupe n’apparaît qu’en mannequins plus vrais que nature sur la pochette, qui évoque avec pas mal d’avance l’ère des ordinateurs personnels. Des morceaux comme Home Computer, qui symbolise la prise de pouvoir de l’informatique sur l’humain à la fin de l’album, ou encore It’s more fun to compute, clin d’œil au « it’s more fun to compete » des flippers, sont symboliques de cette période de transition que dépeignent les teutons, en plus d’être tout simplement l’acte de naissance d’un Electro-Funk ultra-dansant qui s’ignore. Les ordinateurs envahissent la sphère privée, ils ne sont plus l’apanage du groupe et de son studio/usine Kling Klang. Computer Love va encore plus loin en annonçant l’ère des réseaux amoureux à la meetic. Où est-ce avec un ordinateur que le protagoniste s’apprête à avoir une idylle ? C’est en tout cas un slow magnifique, un tour de force d’émotion produite avec des machines, en respectant le dogme hyper-strict du groupe… Bien peu nombreux seront les artistes electroniques à retranscrire si bien la tendresse sans avoir recours à un élément « extérieur ». Le parti pris du groupe est bien entendu de travailler avec un minimum d’éléments, de se concentrer sur une formule bien précise et de l’éprouver de toutes les façons possibles. Le son est donc puissant et riche mais ne bouge pas de tout l’album. Les mélodies sont délivrées avec parcimonie, les voix aussi rares que minimalistes. Seules paroles de la plage éponyme : “interpol and deutsche bank / fbi and scotland yard”. Le sens s’éclipse au profit de l’énumération, de cet inlassable énergie des machines que le groupe se sera évertué à comprendre durant toute sa vie, pour en retirer du sens… La techno et les divers mouvements électroniques qui naîtront de ce disque et de quelques autres influences durant la décennie n’auront pas cette prétention. Ils auront assimilé la technologie comme acquise, faisant partie d’eux-mêmes. Les Kraftwerk, eux, restent des poètes, des contemplatifs, malgré cet album, le plus syncopé et rythmique de leur carrière, sur lequel on peut quasiment smurfer tout du long en ayant l’impression d’écouter un groupe noir (la méprise sera d’ailleurs extrêmement courante aux USA et parmi les DJ’s). Les Kraftwerk ne cherchaient ni l’urgence, ni le sexe, ni la gloire, ni la subversion de la musique populaire par les machines (comme KLF et Art of Noise)… Ils cherchaient… Autre chose. La beauté ? L’humain ? La perfection esthétique, celle qui se joue des modes et du temps ? La seule chose que l’on sait, c’est qu’à chaque fois qu’on posera l’aiguille au début de la face A, un soleil numérique se lèvera sur un monde silencieux de processeurs et de moniteurs qui calculent et clignotent en cadence... éternellement figé, absorbé dans son labeur. Le moment le plus fort du disque est peut-être la reprise du thème de Computer World à la fin de la Face A, juste après ce Numbers funky et primaire. Un thème qui décline lentement sous les décomptes des voix synthétiques, comme si le soleil se couchait, cette fois-ci, et l’œil rouge cyclopéen de Karl, le super ordinateur, de s’éteindre lentement... Après ce disque Kraftwerk allait entrer dans une très longue période de remise en question et de stagnation, constamment prolongée par les innovations incessantes de la technologie, auquel le groupe tient à s’adapter à tout prix. Une période qui, selon certains, n’est toujours pas terminée… Mais comment attendre une perpétuelle envie de regarder vers le futur d’un groupe qui sait déjà qu’il sera à la pointe pendant encore 20 ans rien qu’en étant samplé par tout le monde ?

note       Publiée le jeudi 5 novembre 2009

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Note moyenne        10 votes

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Kronh Envoyez un message privé àKronh

"Objectivement, ce n'est certainement pas leur meilleur... mais bon, je ne sais pas, il m'apaise vraiment. Difficile à expliquer." Il y a toujours une part de subjectif dans la musique, lié à notre expérience personnelle peu être, mais c'est difficile de le distinguer du côté objectif pour donner sa note objective. Souvent quand on a l'impression qu'un album a été fait pour nous, on hésite à le faire partager aux autres car l'attachement qu'on lui voue à quelque chose de trop intime. C'est peut être cette dimension subjective, trop intime et émotionnelle que tu trouve difficile à expliquer MY WAR. Cette notion de subjectivité/objectivité me laisse pensif... Je vais mettre 4 boules. Je préfère "Trans Europe Express" difficile d'expliquer pourquoi :)

MY WAR Envoyez un message privé àMY WAR

Aaaaaaaaaah "Computer World", ce que je peux l'aimer cet album !!! Objectivement, ce n'est certainement pas leur meilleur... mais bon, je ne sais pas, il m'apaise vraiment. Difficile à expliquer.

Sinon, concernant YMO, même si je peux comprendre qu'on soit tenter de dresser un parallèle entre les deux, je trouve ça beaucoup plus "cheap" et surtout moins profond que KRAFTWERK.

Note donnée au disque :       
etiennefroes Envoyez un message privé àetiennefroes

Bien sûr qu'il en existe

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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oui je sais, j'avais lu quelque part que le mot pouvait aussi être interprété comme "homme au travail" mais je ne retrouve plus la source... du coup je vais changer ça. Et en effet pour Metropolis c'est dans la droite lignée... ça me fait penser que j'aimerai bien savoir si une version bootleg de "techno pop" existe...

Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Une bonne chronique, mais quelques précisions : Kraftwerk signifie centrale électrique (Werk = usine, industrie) ; quant à ce qu'ils recherchaient... sans doute as-tu raison en parlant de leur ironie, on pourrait même dire inquiétude face à cette nouvelle symbiose, la même qui parcourait Metropolis en 1929 pour l'âge technologique précédent...