Wøllo / Wöstheinrich › Arcadia Borealis

Le label Din est reconnu pour offrir une musique contemporaine de grande qualité dont l’accessibilité n’est pas vraiment pour toutes les oreilles. Certes il y a des exceptions, comme Arc et certaines œuvres d’Ian Boddy aux textures sonores d’un style de lourd British School. Sauf que la vaste majorité des œuvres de ce label Anglais sont expérimentales, donc moins accessibles à un large public. Mais il existe un public curieux de sonorités évoluant sur d’hybrides ambiances ou structures rythmiques et c’est là que le label DiN prend tout son sens. Arcadia Borealis du duo Wøllo / Wöstheinrich est la rencontre artistique entre le guitariste Norvégien, à l’approche musicale aussi poétique que mélodieuse, et le magicien des sons à l’imagination aussi complexe que déluré. Un habile mélange où la poésie romanesque de Wøllo parfume des structures musicales teintées d’un audacieux montage sonore qui triture le doux parfum mélodieux planant un peu partout sur cet étonnant album qui se veut un hommage au Grand Nord et ses explorateurs.
Des bruits d’une nature sauvage derrière des souffles ocrés ouvrent The Wayfarers. Un doux synthé romanesque flotte sur des cymbales aux cliquetis discrets dans une faune sonore aviaire, pavant une cadence en forme de tic-tac tempo mordu par les sautillements d’une douce ligne de basse qu’une autre ligne de synthé symphonique plonge dans une délicieuse sphère mélodieuse. The Wayfarers danse sur un rythme lourd, embrasé de strates mélodieuses qui s’effeuillent sur une cadence sèche, ponctué d’un bref arrêt atmosphérique, dans un univers sonore au riche paradoxe poétique. Cette ouverture dessine le canevas d’un album aux teintes harmonieuses sur des passages à la fois ambiants, éthérés et quelquefois animés, sur de belles strates mélodieuses qui embrassent une étonnante approche éclectique. Exploration poursuit avec une intro similaire où un rythme souple façonne une approche balladesque sur un synthé carillonné. En mi parcours l’unité mélodieuse est broyée par un passage aux pulsations arythmiques avant de replonger dans l’approche harmonieuse de son ouverture. Et ainsi défile Arcadia Borealis. Que ce soit avec des pièces musicales douces et tendres, comme Solar Wind qui offre une douce structure jazzy truffée de strates poétiques et enveloppée d’un doux piano solitaire ou encore le suave Terrestrial Magnetism qui respire la solitude boréale nordique ou encore l’ambiant et atmosphérique White Sea, chaque titre baigne d’Arcadia Borealis est nourri de rythmes et ambiances aux milles paradoxes. Un album où Bernhard Wöstheinrich tricote des sonorités et des rythmes cassés (Airship, Mirror Image et The Wayfarers) récupérés par la douceur et la vision poétique des guitares d’Erik Wøllo.
Arcadia Borealis est un bel album, étrange à écouter mais beau. Une belle aventure musicale où le lyrisme mélodieux d’Erik Wøllo affronte la démesure sonore de Bernhard Wöstheinrich, qui prend bien soin de garder intact les émotions poétiques de son compagnon d’un opus. Un opus envoûtant qui respire le paradoxe de la beauté sauvage des contrées nordiques et isolées d’un monde encore inconnu.