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John Lennon › Plastic ono band

lp • 11 titres • 39:45 min

  • 1Mother
  • 2Hold On
  • 3I Found Out
  • 4Working Class Hero
  • 5Isolation
  • 6Remember
  • 7Love
  • 8Well Well Well
  • 9Look At Me
  • 10God
  • 11My Mummy's Dead

informations

Enregistré du 26 Septembre au 23 Octobre 1970, Abbey Road Studios & Ascot Sound Studios - Produit par Phil Spector

line up

Mal Evans ("tea and sympathy"), John Lennon (chant, guitares acoustiques et électriques, piano, claviers, production), Billy Preston (piano sur God), Phil Spector (piano sur Love, production), Ringo Starr (batterie), Klaus Voorman (basse), Yoko Ono (production)

chronique

  • sa maman est morte

Je vous vois venir d’ici : Après les Beatles, John Lennon, et bientôt le McCartney ? Vous avez tort. D’une part, Macca est déjà sur ce site, il suffit de bien le chercher. Ensuite, ce premier véritable album solo de Lennon est un cri. Un grand vomi vert et trouble comme sa pochette… Si cet album n’est pas gutsien, alors rien ne l’est. John Lennon, en 70, va mal. Il vient de plaquer les Beatles et d’enregistrer une suite de disques expérimentaux avec son omniprésent double féminin. Tous conçus à l’aide de sa nouvelle méthode fétiche : Instant Karma, du nom de la chanson… En gros, la même que celle de Merzbow : écrire, enregistrer et sortir des disques en un seul jet, si possible dans la même journée. Lennon, roi de la pop incontesté à cette époque, n’a nullement besoin de structures indépendantes pour le faire. J’aurai pu vous parler en premier de l’un de ces albums expérimentaux, mais ce Plastic Ono Band est de loin l’œuvre solo la plus touchante, accomplie, jusqu’au boutiste du lot, et même de toute la carrière solo de Lennon. Une musique parfaite pour les gens qui haïssent les Beatles… Il s’agit quand même du disque où John Lennon, excédé et à bout de nerfs, finit par lâcher "Je ne crois pas aux BEATLES !!" après une longue liste de "Je ne crois pas en…" qui le voyait régler ses comptes avec les figures paternelles (craignant comme la peste d’en devenir une à son tour… ça n’a pas loupé)… "So get off my case" aurait-il pu ajouter… Qu’est ce qu’il en avait à battre, lui qui se débattait alors entre une addiction à l’heroïne et un gros nid de névroses qui remontent à la surface ? La thérapie du cri primal qu’il a entrepris au printemps s’inscrit dans cette démarche : gratter là ou ça fait mal, et tout vomir le plus vite possible. Une thérapie "plus importantes que les Beatles" dans sa vie dixit l’interessé. Le résultat est là. Plastic Ono Band pue le malaise, la rancune contre le monde entier, la haine et les larmes. C’est bancal, dépouillé, parfois mielleux comme sait le faire ce grand sentimental, obsédé par lui-même, et parfois… ça fait mouche. Working Class Hero résume le programme destiné à un individu moyen né dans la seconde moitié du 20ème siècle. Certaines phrases peuvent sembler étrangement familières, même pour qui n’a jamais entendu la chanson. Comme c’est étrange. Love ? ça se passe de mots, et ça s’écoute religieusement, physiquement et pas autrement… Well Well Well ? Que voulez vous que je vous dise, si musique existait avant le langage, c’est à ça que ça devait ressembler. Faut-il en passer par là pour expulser sa douleur, et crier comme un goret qu’on égorge en dépit de tout et du bon sens ? Car rappelons à toute fin utile que l’acte de crier sur un disque était en 70 encore passible d’un bon gros foutage de gueule (c’est valable aussi pour Iggy Pop, que beaucoup méprisaient à l’époque, mais ayons aussi une pensée pour le label ESP), ce dont ne se privait pas Lennon depuis sa rencontre avec Yoko Ono, experte en la matière. Elle sort d’ailleurs un album jumeau de celui-ci, vicieusement emballé sous une pochette quasiment identique (et qui commence abruptement par un cri bien strident, histoire de faire saigner des oreilles le fan des Beatles en manque de Yesterday… quelle poilade)… Mais à cette douleur physique bête et méchante, on préfèrera la douleur mentale et tendue de l’album de John. Un album froid et tranchant comme un couperet, qu’on n’écoutera pas en boucle malgré que la plupart des chansons soient des classiques : il y a quand même un truc comme Remember, histoire de rappeler que Lennon, humain avant tout, pouvait très bien commencer une face B par une ritournelle parfaitement dénuée d’inspiration. Reste quelques anecdotes pas si inutiles que ça : Look at me a été écrit en inde en 68, tout comme Julia et Dear Prudence, et ça s’entend. Quant à ce Mother terminal, quasiment insupportable lors de la première écoute (encore faut-il ressentir de l’empathie pour une personnalité, après tout, plutôt détestable), il ressurgira sous une toute autre forme, qui transposera l’énergie du désespoir en espoir : la série des "Mother", jeux vidéo apparue chez Nintendo à la fin des années 80 ! Shigesato Itoi, créateur du jeu, aura été inspiré par ce disque, sorti sous le titre éloquent de "John no kon" (l’ame de john) au pays du soleil levant. Il faut toujours laisser sortir sa douleur, ça peut toujours servir aux autres…

note       Publiée le mercredi 28 octobre 2009

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Aussi poétique et toxique que le Lennon est direct et dru, comme un kick dans le bide.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Sympa, le hippie.

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Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

Je viens de me refaire le suivant, il a mine de rien sa dose d’acidité, moins anorexique et sec, mais toujours bien acide.

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Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

Flippant

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Cette magnifique chronique tape juste et m'a incité à franchir le pas. Je l'ai acheté. Pas joyeux en effet, assez rêche et direct; un brin trop de piano à mon goût mais une oeuvre intrigante et prenante.

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Même commentaire que pour le Jun Togawa. Aucun rapport pourtant avec l'autre Jap hystéro (yoko), qu'on entend pas ici. C'est juste que ça vaut 6, comment j'ai pu foutre 5...