Vous êtes ici › Les groupes / artistesAAu Bordel › Souvenirs de Paris

Au Bordel › Souvenirs de Paris

cd • 20 titres • 65:18 min

  • 1Au Bordel Sound ambience3:37
  • 2Der Wind hat mir ein Lied erzählt5:00
  • 3Ah Les Femmes !4:16
  • 4Pigalle en Mai3:27
  • 5Tu Me Plais3:30
  • 6Siméon3:09
  • 7Elle Me Dit4:19
  • 8Falling in Love Again (Can’t Help It)4:29
  • 9Elle faisait du Strip-Tease3:20
  • 10L’Amour des Hommes2:43
  • 11Obsession D’Amour2:53
  • 12À l’Alcazar3:28
  • 13Assez4 25
  • 14Mon Homme3:18
  • 15Fleur de Joie2:39
  • 16Le Mépris3:52
  • Sound ambience
  • 17Valse de Mélody1:50
  • 18Au Toilette Sound ambience0:23
  • 19Valse du Printemps1:19
  • 20Encore Eut Il Fallut Qui Je Le Susse3:10

informations

Enregistré Au Bordel (aux Instants Chavirés, Montreuil), du 20 au 22 août 1998. Mixage, montage, mastering aux Bauer Studios Ludswigsburg, Allemagne du 18 au 20 novembre 1998. Ingénieur du son : Adrian VON RIPKA

« Girls Au Bordel : Fovea [striptease], Sonia, Lydie, Géraldine, Naï a.o. ». Photos : John B. ROOT. Les titres ici listés de 17 à 20 constituent en fait une seule plage, séparée en quatre sections (17-1, 17-2...), avec quatre titres différents, mais éditée d'un seul tirant.

line up

Noël Akchoté (guitare, balais, voix), Lol Coxhill (voix, saxophone), Dom Farkas (voix), Sasha Andres (voix), Erico Vanzetta (voix), Charlie O (voix, piano, orgue), Christophe « Disco » Minck (basse acoustique, harpe), Stian Carstensen (accordéon, banjo), Ernest Reijseger (violoncelle), François Monnier (voix sur 6), Erick Borelva & Jean Lemou (chœurs sur 4), Stefania Verita (violoncelle sur 16)

chronique

  • confusion des genres

Et puis parfois, aussi, la chair n’a pas besoin d’excuse, transcendance ou contrition. Et la ville est ouverte, et feutrée, et doucement bruissante. Ses judas sont des yeux, qui se repaissent sans traîtrise ; et les parfums sont sans distance ; et les dents mordent pour jouer… Alors tout commence par cette prise ambiante, son d’un lieu où l’on vit, où l’on se saoule, où l’on convole, où l'on se drague. Au Bordel, un jour il y a dix ans et plus, Noël Akchoté, guitare à peine apportée en prétexte, réunit pour quelques soirs -en public, entre acteurs-, musiciens de cabaret, de rock, de club déluré ; Travestis de Pigalle, en plumes et au micro ; filles du X à la barre, de ces étoiles éphémères qui n’ont en seuls dons qu’un prénom factice et joli, un grain de peau qui accroche les spots, une plastique chaude et souple ; une vie, de la soie, quelques lèvres à montrer... Tous amènent ici, avec leurs corps, leurs instruments, leurs histoires à conter, des charges combles de répertoires. L’amour des arts mineurs et mêlés, de ce qui fraye, s’emboîte et coulisse : jazz impur, libre, libéré, libertaire ; populaire, populace ; chansons de putes, littéralement, pleines de cette emphase ‘réaliste’, horrifique ou goualante pris aux années quarante (celles, aujourd’hui, d’un autre siècle) ; complaintes et comptines d’alcôves ; ritournelles à deux sous, vraiment : Bourvil, cabaret, Wall-Berg (d'un orchestre en son temps snobé par Boris Vian...) ; Ange Bleu, George Delerue, Melody Nelson. Et puis d’autres auteurs, aux finesses oubliées (il faudra bien qu’on cesse un jour d'ignorer Henri Calet...). Et puis des créations, pleines de ces mêmes fluides, de ces sécrétions, lestée d’un même poids de viandes vives, grevée de poésie légère, facile, écervelée -idiote parfois, fadaise !- ; lardée de mots crus, d’allusions frontales, déclarations directes, invites sans appel à pénétrer céans. Du premier chant exalté, éploré, jeté dans un allemand sensuel et rocailleux (magnifique Sahsa Andres, ici très loin de son Héliogabale de groupe), jusqu’au dernier poème sale -titre vulgairement explicite, hilare, jaculation de Grand-Guignol-, rien, jamais, ne fait obstacle. Ni le parler, l’idiome, les frontières du dehors (il y a là des Locaux, du Scandinave, du Batave, de l’Anglais – mais qui peut croire à ça quand le pouls s’accélère !) ; ni l’âge, les écoles, la vêture, la coiffe ; ni surtout le Bon Goût, cet Ennemi Fripé, parjuré des Jouissances ! D’une plage à l’autre, de complainte en racole, circulent, rejaillissent, s’épandent, éclaboussent ces éclats de dialogues volés, mêlés, saisis sur le vif ; ces chocs des verres qui s’offrent et qui se rendent, ce brouhaha qui tourne en fond, parfois même alors que tout se joue, encore ou déjà. Il y a des rires, souvent, des murmures, des questions. Des alcools donc, peut-être d’autres adjuvants. Violoncelle, accordéon ; orgue Hammond, organes ; billets, bijoux de mains en mains ; paumes, de joyaux en renflements. Et à vrai dire, nulle luxure. Si parfois les corps se parent, c’est sans morgue, sans le goût de l'engourdissement, du luxe décadent. Pour aiguiser, seulement, des appétits très sains, primaires, innocents et brutaux. La fourrure n'est que poil, exposé en rappel. L’or, scintillement de l’œil. Le commerce est bas, certes, sans libertinage, sans altière altitudes. Parfois même, la naïveté nous gênes de ces mots trop simples, qu’ont voudrait adressés à quelqu’autre puisqu’ils ratent leur cible ; puisqu’on ne désire pas la langue qui les dit. On ne sait plus par moment, si l’on rit de la plaisanterie, de celui qui s’y est risqué. L’orgie, bien sur, a ses flottements. Et puis, au détour d’une plainte excessive, d’un chant de mort vénérienne, d’orgueil pauvre et de tapin (Fleur de Joie) ; d’un Mon Homme étonnant, touchant, dérangeant presque, entonné par un homme qui dit n'être que femme (qui plus est ce Charlie O, si mâle de timbre et de manières)… la vie s‘engouffre tout entière, avec ses pics d’exultations, ses embrassements malhabiles ou miraculeusement synchrones, ses préférences et ses attachements, ses fatigues enfin, en mélancolie lourde. Ce sont, qui montent des draps, les effluves d’étreintes défaites qui promettent d’autres étreintes. Le rouge a glissé, fondu, s’est étalé d’une peau sur l’autre, jusqu’à disparaître. L’aube est rose, bleu le crépuscule. Les bouches ont goûté, savouré, sucé les moelles, le verbe, parcouru les peaux et les failles, les bourgeons et les membres. Elles ont bu et boirons. Les gorges on résonné, les creux se sont comblés. Et l’on voit que cette musique, maladroite parfois, ajustée à la diable, cernée, toilettes défraîchies, n’a besoin pour nous retenir que des roueries d'une Fille Franche. Car en son ventre loge le trouble. Et son haleine est contagion : pénétrante et déléctable.

note       Publiée le samedi 24 octobre 2009

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Souvenirs de Paris" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Souvenirs de Paris".

    notes

    Note moyenne        3 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "Souvenirs de Paris".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Souvenirs de Paris".

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Pas mal du tout, je viens de l'acheter...Un peu de remplissage mais ces titres cabaret sont efficaces.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Les photos sont assez chouettes, oui... Toutes bizarrement cadrées - et toutes au moins partiellement floues, mais ça rend bien l'ambiance qu'on imagine aux séances d'enregistrement, avec les strippeuses/filles du X/travestis embauchés/débauchés pour foutre et changer ladite pas forcément distincts à l'œil nu des musiciens (est-ce Sasha Andrès ou une autre, par exemple, en déshabillé sur la dernière du livret ? ... Difficile à dire vue la mise au point - et que je n'ai plus trop son visage dans l'œil, de plus).

    Note donnée au disque :       
    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    le livret a l'air soigné; avec en sus du John B Root qui prend des photos de sax bien droits.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Oui, c'est ça, "Cabaret Modern : a Night at the Mirror Tent"... Avec SS in Uruguay de Gainsbourg tiens, d'ailleurs (deux fois... comme dirait Birgitt) ; et Radioaktivität de Kraftwerk chanté par Red, entre autres (un des seuls passages du disque que j'avais trouvé pas trop mal si je me rappelle bien) ; et Bella Ciao pour faire contrepoint sans doute à Philippe P. ... Et là aussi une chanson cradingue - Sur le Lit - de Jean-Louis, à base de flag d'autofist... Bon, je pense pas réécouter ça bientôt pour être sûr, pour cette fois. (Et donc OK, tu parlais d'un autre... M'semble que j'en avais vu passer un avec la même bande à peu près et une thématique proche mais du coup ça m'avait pas trop tenté).

    Note donnée au disque :       
    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    C'est encore un autre (avec des gens que j'aime bien dessus par ailleurs, donc peut-être qu'à part Costes c'est pas mal, je suis pas allé voir de plus près), celui avec "Maréchal nous voilà" c'est "A Night at the Magic Mirror Tent" et ça me semble pas plus fin que le Nazirock de Gainsbarre (qui n'a pas fait que du très bon non plus). Celui-ci, après c'est sûr qu'au final y a aussi une affaire d'affinité, à un moment donné on retombe sur une considération aussi triviale que le goût ou le dégoût, quelque soient les qualités intrinsèques de la démarche. Ca revient à dire le basique mais néanmoins significatif "C'est pas pour moi." Comme y en a qui n'aiment pas la pop, par exemple. ;)