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Miranda Sex Garden › Fairytales of Slavery

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frankie      mardi 22 mai 2012 - 22:36
SEN      jeudi 30 avril 2015 - 20:38
Seijitsu      lundi 4 avril 2011 - 22:35
lolita999      samedi 24 octobre 2009 - 16:57
Dioneo      vendredi 23 octobre 2009 - 02:36
Shelleyan      vendredi 23 octobre 2009 - 02:11

cd • 13 titres • 51:03 min

  • 1Cut5:01
  • 2Fly3:45
  • 3Peep Show3:56
  • 4The Wooden Boat6:29
  • 5Havana Lied2:14
  • 6Cover My Face3:59
  • 7Transit2:57
  • 8Freezing2:25
  • 9Serial Angels3:21
  • 10Wheel6:23
  • 11Intermission1:39
  • 12The Monk Song3:25
  • 13A Fairytale About Slavery8:49

extraits vidéo

informations

Enregistré par Ingo Krauss, assisté par Miriam Orr (Conny’s Studio), Eliott Ness'ardt (The Church), Kevin Paul (Konk Studios). Produit par Alexander Hacke

line up

Katharine Blake (voix, flûte à bec, glockenspiel, piano), F.M. Einheit (pierres sur 2, perceuse sur 5), Ben Golomstock (guitares, claviers, harmonium, glockenspiel, piano), Donna McKevitt (alto, violon, voix), Trevor Sharpe (batterie, percussion), Hepzibah Sessa (claviers sur 6 & 10, alto sur 1 & 2, violon sur 7), Kim Fahey (basse, guitare sur 5 & 13), Andrew Blick (trompette sur 5 & 7)

chronique

De l’intérieur, des voix sourdaient : étouffées, répercutées, magnifiées par le manteau de pierre qui absorbait les labiales, aiguisait les cassantes consonnes. De par-delà l’enceinte, la muraille. Soupirs mêlés, injonctions terribles, attirantes ; allégeances soumises, veules et tendres ; fières, exaltées. Laudes meurtries et plaintes, en râles ravis d’agonie. Elles t’appelaient, ô voyageur. Elles t’enjoignaient, suavement, d’entrer. De laisser au seuil l’espoir... Ce disque est ville close, maison de verre. Les Muses, les Fées, les Succubes soufflent en son sein givres et flammes sur de frémissants tissus, de vives écorchures, des meurtrissures marbrées de bleu ; boivent à longs traits les perversions, les goûtent en filets minces entre leurs lèvres entrecloses ; les observent tenues entre des doigts gantés ; à la bouche un charmant sourire ; dans l’œil, allumée, la passion mécanique de l’entomologiste. Tambours d’attaque, basses bourdonnées, glaciales, résonnantes aux caveaux gothiques ; guitares en nappes abrasives, lointaines ou bien tout-contre ; carillons ciselés des berceuses maternelles ; gouaille de cabaret, d’Opéra de Quat’ Sous ; équilibre merveilleux, grâces de madrigaux… La profusion surprend, saisit, capture, irrésistible, de séductions combinées, agencées en figures inédites, contorsionnées, composites ; presque byzantines en leurs empèses ajourées ; voilées, enrobées d’une gaze aux volants satinés. Pièges parfaits en leurs artifices corsetés, chantournés, leurs sombres miroitements aux chatoiements d'éclairs brefs, juste assez pour attirer l’œil, le frustrer des teintes vives désirées, découvertes un instant à peine ; le fixer au point de leur soudaine absence. L’apparat du rituel, lourdes étoffes et tournoiements d’encens, plein-cintres feutrés sous quoi l’on processionne… Tout n’est ici que pour l’hypnose, l’endormissement des volontés, l’affleurement des désirs normalement jugulés. Le chant intime des cellules de moines, vêpres ou matines solitaires (toutes heures vulnérables…) est raillé d'un air solennel, contrefait sans défaut, tourné vers d’autres réduits où se fomentent et se corrodent le stupre et les torsions, d’autres corps en disciplines. Ce théâtre-là, strictement privé, plie le monde à sa fiction. Il fond corps et âmes et esprits, les nie, défait leurs cloisonnement, blasphème leur unité. Il affirme le Fantasme, seul accessit aux possibles infinis des chairs putrescibles, corruptibles, avides. Là, toute valeur est inversée, triturée, fouillée, malaxée. Humiliée, retournée. Mise au service. Du libertinage, du plaisir détourné, infécond de toute lignée, riche de floraisons égoïstes, violentes et raffinées, ramifiées à dessein en rosaces morbides, malades à l’œil rustre, illisibles. Défi à la santé admise, proclamée, des Masses du dehors qui triment et qui enfantent. Il y a, bien sûr, la poursuite des douleurs qu’ailleurs on apprend à fuir, à blâmer, à publiquement flétrir. Les sens s’y bâillonnent, on y bouche la vue, l’ouïe, on y étouffe la parole pour que la peau soit seule surface. Les organes à travers les muscles, sentent la pression des talons qui s'enfoncent, le poids qui sans merci s'emploie à l'écrasement. Ils s’étonnent d’en jouir, d’abandonner à la bourrelle (ô Katharine en fourreau) tout orgueil, toute résistance ; la proie réclame la chasse ; la roue se fait lieu d'enchantement. Il y a, aussi, les distances et les obstacles mués en accomplissement ; les vitres de la cage derrière quoi l’on voit, tout proche, l’objet inaccessible du cuisant appétit. On est voyeur impénitent. On est Chose Exhibée, au cercle des privilégiés. La sensation s’affine, se scinde, se subtilise. Elle se fait cérébrale, circulation d’hormones électriques aux zones vierges du cortex. L’interdit de toucher, de baiser, de se repaître aux chaleurs animales innerve les vaisseaux, intensifie le flot qui devient joie folle, sans issue. On caresse, on abouche des appendices lacés, des coques insensibles. Et la pensée, l’effleurement de l’idée, le choix du geste qui suit se font pur élan de matière irriguée. Tout est ainsi double, dupe, duplice. L’illusion s’admet pour mieux se tromper. Le spectacle nous crie qu’il est seule vérité, qu’en ses masques seuls il vaut d’exister… Il y eut un moment, ô voyageur, où tu basculas. Les chants, de distincts et tranchés, en mélopées et en couplets, se fondirent en suite fluide, enveloppante, confortable tourmente où tu t’étais lové. Une voix de fille jeune, maintenant, une flûte, des cordes, un tambourin de troubadour te guidaient à pas lent vers la trouée dans le rempart. Ils te contaient un dernier mensonge, à quoi tu voudrais, encore, pouvoir t’accrocher, énoncé en questions moqueuses, lancinantes, bouclées. Ils voulaient savoir depuis quand durait ton errance. Comment tu t'étais égaré. Ils te disaient, te promettaient -malicieuse, ultime question- que jamais plus tu ne serai libre. Tout se tut, un instant. Quelques hoquets saluèrent le jour où s’avançait silencieusement ton pas. Admets-le : tu ne désirais alors rien d'autre que le luxe de l'emprise, cette servitude qui t'avait affranchi. Derrière toi, à l'instant même, jouait le penne de la lourde porte. Le rêve se dissipait mais demeuraient les marques. Tu ne savais plus si tu voulais, encore, ces entraves à tes membres. Ou bien si frémissait, aux feux de tes viscères, à l'aune immense qu'embrassait ton regard, l'infinie nostalgie des festins à venir.

note       Publiée le vendredi 23 octobre 2009

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    TOP ! Merci pour la découverte !

    Note donnée au disque :       
    henan Envoyez un message privé àhenan

    La mort a belle allure. Putain de découverte

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
    avatar

    Tout à fait d'accord ! La production est unique, fantastique, incroyablement faste et détaillée.

    Et puis les voix, l'instrumentation, l'ivresse qui progresse.

    Tout est pure... excitation !

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Excellente galette; le summum de Miranda Sex Garden; sensuel, un brin exprimental (merci la production ^^)

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