The Royal Family And The Poor › We love the moon

'It takes time to know yourself, gently as you go'...jamais quête mystique n'aura été si fluide, si claire dans l'adversité. Dès les premières lignes de la magnifique ballade qu'est 'Vision', nous voilà captés dans l'univers de Mike Keane, un univers cosmique tourné vers une compréhension occulte de la vie exprimé au travers d'une musique riche et délicate. 'We love the moon' a tous les atouts pour être 'l'album qui aurait dû être encensé par la critique' mais une fois de plus, The Royal Family and the Poor fera figure de groupe maudit et incompris. Varié et soigné dans ses arrangements, ce disque l'est, et inclassable également puisque nous trouvons aussi bien des titres calmes comme 'Visions', des attaques plus rituelles ('Sex godess', très Swans dans l'esprit), voir quelque chose approchant une new wave sombre et créative ('White stains') avec une touche ambient. Les instrumentations elles-mêmes auraient de quoi surprendre puisque se côtoient aussi bien des boîtes à rythmes cheap que des violons orientaux, des claviers synthétiques que des guitares cold wave mais cette cohésion improbable est la spécialité de The Royal Family and the Poor. De ce point de vue, cette galette témoigne d'une production encore mieux maîtrisée que sur le premier essai; je la décrirais également comme un brin plus sombre. Nous n'avons plus affaire à une version occulte de New Order mais à quelque chose que l'on pourrait comparer dans la démarche aux débuts de P.I.L. pour le côté expérimental sous couvert d'accroche pop...Ecoutez le titre éponyme avec ses samples de marteau piqueur couplés aux percussions avant qu'une ligne plus cold wave avec basse marquée se dessine. Le chant de Mike Keane participe à cette ambiance globale, planante, vaguement dangereuse, un peu triste aussi...Ni folk, ni révolté, ni froid mais un peu tout ça à la fois, comme perdu dans l'éther...Cette version propose en bonus plusieurs raretés, ainsi 'Dogstar' qui mêle rythmique à la Cure (période 'Seventeen seconds') avec un feeling New Order première époque, une version live de 'Someone somewhere' (à la qualité approximative) ou 'Dream' qui aurait pu figurer sur un disque de This mortal coil, tandis que le funk glauque à la Gang of Four de 'Art on 45' est tiré des débuts du combo. En résumé, 'We love the moon' tisse des ponts entre cold wave et pop synthétique en y mêlant une approche expérimentale frisant l'indus ou le dark ambient cosmique, d'une manière à la fois totalement novatrice et anachronique...Et si peu de gens sont au courant ?