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Yello › Stella
- 1985 • Vertigo 822 820-2 Q • 1 CD
cd • 11 titres • 40:58 min
- 1Desire
- 2Vicious Games
- 3Oh Yeah
- 4Desert Inn
- 5Stalakdrama
- 6Koladi-ola (Low Blow)
- 7Domingo
- 8Sometimes (Dr. Hirsch)
- 9Let Me Cry
- 10Ciel Ouvert
- 11Angel No
informations
Janvier 1985
line up
Dieter Meier & Boris Blank
chronique
- synth pop protéiforme / proto-house
"The sun… blowing the moon away… Lights me up for... One more day..." Yello est cinéma. Yello est voyage. Yello est salade de fruits. Synthétiquement vôtre. Stella ? Leur summum ou pas loin. Croyez-moi mes choucas : c’est du tout bon, c’est du tout beau qu’on a ici, un pur trip. Ici, pas trop de ces bricolages festifs qu’ils affectionnent et qui peuvent taper sur les nerfs : juste ce qu’il faut pour ne pas casser la texture sensuelle de l’œuvre. Et suffisamment de rêves pour mille vies. Onirique, le mot est lâché. "Je déteste l'idée de dieu et de son Fils, c'est une des idées les plus diaboliques..." Domingo est proto-trance surpuissante de charisme et haute en couleurs quand un Desert Inn étale sa neuneu attitude sur des tapis de pouet pouet addictifs, le vulgaire s’abandonne aux voûtes célestes, le festoyant se pare de couleurs mélancoliques, les synthés font des merveilles, des pays survolés ne sont rapportés que les meilleurs fruits. Succulents ! Au rayon bébêtes sautillantes, j’invoque Vicious Games la polissonne, avec le chant délicieux de la miss sur ces couplets, soulful, splendide ; mieux encore, ou autrement mieux : l’agressif Koladi-Ola, avec son feeling Scrapping Fœtus Off The Wheel aiguisé/soft. La claque funky-disco de Angel No n'est pas en reste non plus... Inutile de parler de Oh Yeah, ce morceau a été le plus utilisé de Yello, séries, films, jingles d’émissions variétoche, vous n’avez pu le rater : aussi abrutissant et génialement débile que leur Bostich d’antan, un classique indémodable. Au rayon rêves doux, l’instru cinématographique en diable Ciel Ouvert mais surtout le moite Sometimes vous attend au port pour vous emmener loin, très loin, dans l’ambiguïté d’un songe d’une nuit d’été tapissé de claviers onctueux et moltonnés ; diantre, voilà que je fais mon Phaedream ! Bref, c’est beau, très beau… Au rayon folie, je les invoque tous, mais spécialement Let Me Cry avec son chant qui oscille entre perversité et froideur sur des lambeaux de solos électriques vrille-nerfs. Du tube, du tube, du sombre un peu et du ex-pé-ri-men-tal (beaucoup) en tube, des cotillons, en veux-tu en-voilà, et autant d’images sensass qui se chamaillent dans le cortex, batifolent avec les fantasmes, les spleens les plus secrets, la nostalgie la plus enfouie. Celui-ci est sans doute devenu mon préféré avec le temps, grâce à Desire il faut l’avouer, qui reste leur tube le plus envoûtant ; et aussi - comme le micro-opéra Stalakdrama avec son vomi d’orgue - grâce à toutes ces petites choses qui font de Yello cette entité unique, si riche, si fascinante, capable de toutes les déviances, de toutes les extravagances, mais toujours sous le prisme de la pop. Ici, le monde est le même qu’avant. L’univers, différent. Le Baron Meier - crooner, barman et capitaine as usual, est juché à la barre de sa caravelle en polystyrène noir, tenant fermement son paltoquet à pommeau d’argent dans une pose à la Vincent Price. Il dicte et narre les histoires d’ici et d’ailleurs, son navire vogue sur les eaux multicolores déversées par le Dieu des sons Blank, le Machiniste, le Créateur, l’équipage constitué des putains les plus racoleuses et des divas les plus glamour compte également quelques gigolos à rouflaquettes gominées comme ce sera de coutume par la suite, bref la famille est au grand complet pour le big travel via moult lagons avec un horizon indéfinissable en vue. Les deux moustachus (ô glorieuses baccantes) ont déjà assemblés trois disques aussi foufous et imaginatifs les uns que les autres… Celui-ci en est la version sublimée, peut être moins asilaire qu’un Solid Pleasure, peut être moins insolite qu’un Claro Que Si, peut être moins tagada tagada qu’un You gotta say yes to another excess, mais totalement envoûtante, souvent saisissante de beauté, cette version encore plus travaillée assure la liaison avec une audience plus large qu’ils gagneront totalement avec les deux albums suivants en donnant tout son sens au mot variété, sans perdre de vue l’exploration de contrées nouvelles, sans perdre de vue l’art du bricolage tous azimuts dans lequel Blank est passé Maître. Les bidouillages se sont peaufinés, les claviers se sont veloutés… Tenez, écoutez encore ce Desire aussi aveuglément lumineux et suave que ses premières notes - oui je sais je reste bloqué sur ce morceau mais qu’importe s’il me transporte de la sorte - quelle grâce, quel panache, quelle élégance ! Une perfection jusqu’au moindre arrangement, son, écho ! Un joyau, un diadème ! Yello n’a jamais été aussi gracile, aussi new wave tout simplement, et rarement aura sonné aussi pur – sublime paradoxe quand on connaît le caractère foncièrement bâtard de leur zique. On se sent comme allongé sur le capot chaud et luisant d’une Eldorado roulant à pas de loup sur une de ses routes texanes interminables, le vent en poupe, les yeux pétillants dans l’extase de promesses folles sous ce ciel d’un bleu irréel… oui, je pense qu’on peut appeler ça Magie. De marina en héliport, d’estrade en souterrain, de cocotier en asile psychiatrique, de centrale nucléaire en abysses, de dune en lounge bar, de constellation en parking désert, Yello est Voyage, Yello est rêve, Yello est rythme qu’il soit endiablé ou langoureux, Yello est métissage et folie furieuse, les nations, les paysages et les protagonistes du film Yello qui n’est pas prêt de finir se mélangent en un cocktail fabuleux aux saveurs acidulées et crémeuses, Arlequins musicaux et caïpirinhas sonores dans lesquelles je vous invite tous à tremper votre paille… Comme elle disait dans un soupir qui aujourd'hui encore me laisse ce goût chimique sur la langue : "Voyage, voyage".
note Publiée le samedi 17 octobre 2009
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- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
Vraiment une tuerie ce disque, Yello nous bernent avec un départ synthético-exotique vicieux et toxique avant de virer vers quelque chose de plus âpre et sombre. Je plussoie, il y a bien des samples de guitare à la Young Gods et parfois, je songe à une version plus pernicieuse et glauque de Front 242...Peut-être mon Yello favori ? Seuls 'Oh yeah' et 'Desert Inn' m'empêche le six balls
- Note donnée au disque :
- vigilante › Envoyez un message privé àvigilante
Humeur Miami Vice ce soir. Le décor est planté. En avant la musique...y en a eu de la bonne came dans ce feuilleton, à tous les niveaux. Esthétiquement et musicalement. Je n'en renie rien, et surtout pas ce "Desire"...
- Le Pape des zozos › Envoyez un message privé àLe Pape des zozos
Aha, j'ai enfin retrouvé l'origine de Oh Yeah ! Parce que depuis quelques années, c'est un meme en fait. Merci Guts de m'éclairer dans les ténèbres d'internet.
- mangetout › Envoyez un message privé àmangetout
Je signe et contresigne ce qui vient d'être dit précédemment, il n'y a rien à enlever et peu de choses à rajouter (l'aspect cinématographique étant mentionné dans la chronique).
- luhje › Envoyez un message privé àluhje
Obligé d'encenser ce disque Bijou de A à Z. Franchement, on croirait entendre du Young Gods dans let me cry ou domingo .... voire les mêmes guitares timestretchées et effectés que dans le "Broken" de NIN, la même puissance colorée, les sons bien ronds et tranchants. Oh Yeah, est comme un avant gôut de tous les trucs à la Mr Oizo. Desert Inn c'est limite du Michael Jackson dans la même voiture que Cabaret Voltaire. La voix de Dieter est folle sur cet album ... dans des tracks comme Desire ou Sometimes (proto ebm ternaire, synthwave). Yello sont uniques, inimitables, on pourrait presque dire que beaucoup de gens leur ressemblent mais qu'ils ne ressemblent à personne d'autre (en terme de production, surtout). Le contraste entre humour et quelque chose de dark, profond, classe, le tout avec des sons qui, pour l'époque, ont une grosse patate. On dirait presque un disque enregistré dans les années 2010 et qui se jouerait des sons eighties ! sauf que c'est loin d’être un disque représentatif des 80's, c'est une enclave, une groupe totalement détaché de son contexte, intelligent, etc. etc. Oh Yeah d'ailleurs est un tube vraiment hallucinant... quand tu passes ça en soirée ou en DJ set, même si les gens ne connaissent pas, ils réagissent et dansent direct, même si ils étaient ramollo dans un siège 2mn avant, même sans connaitre ou avoir écouté avant. C'est magique et incompréhensible.
- Note donnée au disque :